Des milliers de petites filles de patientes nées sans utérus à cause du Distilbène ?
by LaDepeche.frDistribué jusqu'en 1977, le Distilbène était un médicament censé prévenir les fausses couches. Responsable de cancers chez les patientes à qui il était prescrit, il a été interdit de commercialisation. Aujourd'hui, une nouvelle étude montre qu'un nombre anormalement élevé des petites-filles de ces patientes est né avec un fragment d'utérus et des malformations génitales.
En 1983, le scandale du Distilbène éclatait par la voie de la gynécologue Anne Cabau. Cette hormone de synthèse prescrite en France aux femmes à partir des années 1950 devait prévenir les fausses couches, les risques de prématurité et traiter les hémorragies de la grossesse. Dès 1953, des études témoignent des méfaits du médicament sur les patientes... et leurs enfants ; en plus de ne pas préserver des fausses couches pour lesquelles il était prescrit.
Le Distilbène était responsable de graves cancers gynécologiques, de l'infertilité des filles exposées au médicament dans le ventre ou encore de malformations génitales chez les garçons. À l'image de Guillaume Depardieu qui avait révélé, en 2004 : « Ma mère a pris un médicament, le Distilbène, qui a été interdit, à la suite de tous les effets secondaires qu'il a engendrés : il y a eu trois cents cas en France, dont beaucoup de filles qui ont été rendues stériles. ». Le fils de Gérard Depardieu est né avec une malformation du sexe et des « malformations corporelles, des os qui ont poussé en trop », qui ont nécessité plusieurs opérations.
Un lourd héritage médicamenteux
Plus de 40 ans après la fin de la commercialisation du Distilbène, une étude de l'association DES France, menée sur les petites-filles de personnes ayant pris ce médicament, vient de montrer un nombre anormalement élevé de naissances avec le syndrome de Rokitansky, soit une absence totale ou partielle d’utérus. Sur 759 petites-filles, 3 sont nées avec ce syndrome contre 1 pour 4 500 pour le reste de la population , rapporte Le Parisien. Anne Wautier, une des gynécologues ayant conduit ces travaux, rassure : « Les conséquences pour les troisièmes générations comme les grossesses extra-utérines, les fausses couches tardives ou la prématurité sont sans commune mesure avec les deuxièmes générations ».
Le Réseau DES espère qu'un du statut particulier des « filles Distilbène » soit reconnu. Il permettrait un suivi gynécologique spécifique, annuel entièrement remboursé. « Elles ont deux fois plus de dysplasie (des lésions du col de l'utérus) que les autres. Les deuxièmes générations ont également eu un risque accru d'un cancer grave appelé ACC du vagin, aux alentours de l'âge de 20 ans. Mais ce qu'elles savent moins, c'est qu'il y a un nouveau pic de menace aux alentours de 70 ans », prévient Michel Tournaire, un gynécologue interrogé par Le Parisien.