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LE SENEGAL EPINGLE PAR SES PAIRS

Modicité des moyens des collectivités locales, situation des enfants talibés, interdiction des marches, problèmes environnementaux et multiplicité des partis politiques

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Le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (Maep) trouve que le Sénégal devra faire des efforts dans des domaines tels que la situation des enfants talibés, la promotion des libertés et l’assainissement de la classe politique. L’évaluation du rapport 2017 du Sénégal a eu lieu hier, jeudi 30 janvier à Diamniadio, en présence du chef de l’Etat, Macky Sall. Le rapport 2o17 du Sénégal sur la Bonne gouvernance a été examiné par ses pairs africains. La cérémonie d’évaluation du dit rapport tenue hier, jeudi 30 janvier, a mis en exergue les manquements décelés par les évaluateurs. En effet, il est dit à l’endroit du Sénégal que les collectivités locales, en général, et les communes rurales, en particuliers, connaissent un déficit chronique en ressources financières et en compétences. Pis, elles manquent aussi de personnel qualifié, en matière de détermination de l'assiette de certains impôts et taxes et en matière de recouvrement ; ce qui explique dans une large mesure leur fragilité financière.

Le Maep s’est dit également préoccupé par les différentes formes d'exploitation et de maltraitance dont sont victimes de nombreux enfants, à l'image des talibés. Il attire l'attention des autorités sur la nécessité d'une prise en charge résolue de ces questions. Le Maep recommande un meilleur encadrement des écoles coraniques («daara») et la sanction sévère de toutes les pratiques déviantes, portant atteinte aux droits fondamentaux de l’enfant. S'agissant de la démocratie et des atteinte aux droits humains, la gouvernance politique, le Maep, après avoir relevé le fait que le Sénégal a fait un effort d'intégration dans le droit interne par son adhésion à la quasi-totalité des instruments internationaux en la matière, appelle notre pays à faire des efforts supplémentaires dans les domaines comme la liberté de manifestation publique et les droits économiques, sociaux, culturels.

Le Maep recommande, à ce propos, la ratification rapide de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. Sur le plan environnemental, le Maep trouve que malgré les progrès réalisés, la situation reste encore préoccupante. Il s'agit de la perte du potentiel forestier, des pressions anthropiques sur la biodiversité ou encore des pollutions et nuisances qui affectent le cadre de vie des populations urbaines et rurales. L'agriculture connaît une stagnation persistante qui peut dégénérer en véritable déclin si les tendances perdurent. Les tendances récessives sont, selon le document, entre autres, la faiblesse des aides aux petits agriculteurs pour l'achat d'intrants agricoles et l'insuffisance chronique de l'investissement dans les infrastructures rurales et communautaires. NECESSITE D’ASSAINIR L’ESPACE POLITIQUE Dans le domaine de la politique, il est recommandé au Sénégal d'assainir, de rationaliser, de crédibiliser et d'accroître l'efficacité d'un système partisan. Près de 250 partis, d'autant plus qu'il se pose un problème de financement public à la vie partisane et qu'il existait des relations peu vertueuses entre l'argent, le milieu d'affaires et le pouvoir. Cela dans un contexte où la compétition pour la conquête de l'exercice du pouvoir est marquée par la détérioration de la convivialité, le recul de l'éthique et la civilité des mœurs politiques et la montée de l'intolérance. Ainsi apparaît la nécessité d’une régulation plus efficace de la vie publique, d'une plus grande transparence dans le financement des partis et d'un assainissement du climat politique, lit-on dans le document.L’INDEPENDANCE DE LA JUSTICE A RENFORCER

Concernant l’Etat de droit, la séparation et l’équilibre des pouvoirs, le Maep souligne la nécessité d’un renforcement de l’indépendance de la justice et des organes de lutte contre la corruption. Le Maep recommande une meilleure intégration des médiations sociales dans la justice d’Etat. Le pouvoir législatif nécessite, quant à lui, un renforcement de ses capacités de contrôle de l’action du gouvernement.

Revenant sur la question de la corruption et des pratiques contraires à l’éthique, le Maep constate, sur la base de déclaration des parties prenantes rencontrées, que les prestations de services des administrations publiques au  niveau central comme au niveau local, ne sont pas exemptes de corruption, de népotisme, de clientélisme, d’affairisme et de favoritisme. Il prend acte cependant de la volonté du pouvoir à combattre la corruption, notamment par la mise en place de structures comme  l’Ofnac. Au Sénégal, il a été aussi recommandé de prendre des initiatives visant à lutter contre le chômage des jeunes, la pauvreté et l’inégalité territoriale. Créé en 2003, le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (Maep) est un dispositif de contrôle réciproque visant à favoriser la Bonne gouvernance en Afrique.

MACKY SALL SUR LES RECOMMANDATIONS DU MAEP : «Les défis soulignés par le rapport sont exacts»

«Je prends acte des recommandations et conclusions du rapport du Maep qui mettent en exergue nos réalisations et nos axes de progrès en matière de gouvernance. Je partage totalement les défis qui ont été soulignés dans ce rapport.  Et je les trouve tout à fait exacts tels qu’ils ont été rapportés. Notre engagement sera de les mettre en œuvre ensemble, pouvoirs publics, société civile et partenaires. J’en fais mon équation pour y travailler avec mon gouvernement. La gouvernance est un processus continu. Il ne faut pas dormir sur nos lauriers, croyant que nous sommes une démocratie achevée. Ça n’existe pas, toutes les avancées sont précaires. Il faut donc suivre cet effort», a promis le Chef de l’Etat, Macky Sall.                 

PAIX ET STABILITE POLITIQUE, AMELIORATION DU CLIMAT DES AFFAIRES : Les points positifs du Sénégal

Le membre du panel chargé du processus d’évaluation du Sénégal, Moustapha Mekideche, a présenté les points saillants du rapport d’évaluation du Sénégal. Il a fait ressortir le contexte historique, les défis liés à la gouvernance, les réalisations clés du Sénégal vis à  vis des quatre domaines thématiques du Maep et a aussi fait certaines recommandations. En ce qui concerne les bonnes pratiques, le rapporteur s’est réjoui du climat de paix et de stabilité qui prévaut dans le pays. Il est aussi dit que le pays a réalisé des progrès notables en matière d’unité nationale et de promotion de la démocratie et des droits humains depuis l’indépendance. 

En matière de gestion des finances publiques, le progrès réalisé dans la rationalisation des dépenses publiques et la réduction des déficits, a permis d’améliorer de manière significative la situation financière du pays, approuve le Maep. Mieux, le Maep souligne que le Sénégal figure parmi les dix (10) premiers pays en matière de réforme du climat des affaires dans le monde. «Le pays a connu ces dernières années une augmentation des influx nets d’Investissements directs étrangers (Ide). Le Sénégal figure parmi les 10 premiers pays en matière de réformes du climat des affaires», reconnaissent les évaluateurs. Ce grâce à des efforts fournis en matière de dématérialisation des procédures, notamment en termes de délais de création d’entreprises.

Seulement, malgré ces avancées relevées et la prise de conscience de la nécessité de faciliter l’investissement, le Sénégal reste en deçà de ce qui est requis pour gagner la confiance des investisseurs nationaux et internationaux. En atteste, le secteur privé national demeure peu dynamique et fragile, comme en témoigne la faiblesse de la création d’entreprises et celle de captation des Ide. «Ni les Codes constituant la trame de l’environnement des affaires, ni les textes législatifs visant à définir le cadre de référence du développement des PME, encore moins les structures, institutions et programmes mis en place, pour impulser et accompagner le secteur privé, n’ont permis, jusqu’à présent, à l’entreprise sénégalaise de prendre son essor», lit-on dans le document.

ELECTRIFICATION UNIVERSELLE : Le Sénégal a besoin de 650 milliards

Selon le président Macky Sall, le Sénégal a besoin de 650 milliards de F CFA pour un accès universel à l’électricité.  Par ailleurs, des efforts sont aussi à faire pour un accès à l’eau en milieu rural où  10,5% de Sénégalais n’ont pas accès à l’eau potable. Un taux d’accès de 77% constitue la performance du Sénégal concernant l’accès aux latrines en milieu rural ; d’où l’importance de faire des efforts dans ce sens, a indiqué le président de la République. Dans un autre domaine, en 2018, les exportations de produits issus de la pêche ont permis au Sénégal de gagner 244 milliards, a dit le président Macky Sall.