Des ressortissants Britanniques installés dans le Puy-de-Dôme privés de conseils municipaux par le Brexit
Quand une décision européenne vient perturber le quotidien de petites communes rurales. Le Brexit s’invite dans les prochaines élections municipales en France.
Encore l’un des effets du Brexit qui n’avait certainement pas été envisagé?! Ou comment une décision prise au 10, Downing Street à Londres peut avoir des conséquences sur la vie du Monestier ou d’Anzat-le-Luguet. La parfaite illustration de l’effet papillon. En effet, avec l’officialisation de la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne, les ressortissants de Sa Gracieuse Majesté ne pourront désormais plus voter lors d’élections en France. Et ils ne pourront pas plus se porter candidats aux élections municipales des 15 et 22 mars. En France, 766 élus britanniques devraient être dans ce cas de figure.
Au Monestier, Bettina est devenue française
Dans le Puy-de-Dôme, on ne dénombre que quatre conseillers municipaux anglais, élus ou réélus en 2014. Comme Bettina Anne Jill Heppell originaire de Bradford on Avon (sud-ouest de l’Angleterre), arrivée au Monestier en 1998 avant de s’installer définitivement en 2006. « Depuis notre arrivée, nous avons essayé de faire partie du village », explique l’ancienne professeur d’anglais qui a déjà siégé durant deux mandats dans cette commune du Livradois et a fait partie du comité des fêtes.
Un véritable « coup de cœur pour la France » qui lui a fait sauter le pas, il y a trois ans, lorsqu’elle a pris la nationalité française :
Le Brexit n’aura donc que peu d’impact pour elle qui avait choisi de ne pas se représenter en raison de son âge, même si elle s’avoue « triste » de cette situation. Plus particulièrement pour son mari David, lui, qui a gardé sa nationalité. « En devenant résident en France, il pouvait continuer à voter en Angleterre pendant 15 ans. Ce sera donc fini en 2021. Il ne pourra plus voter nulle part ! Mais il pourra rester à côté de moi pour le dépouillement », sourit-elle dans un flegme so British.
À Anzat, Susan pense que le Brexit est « une erreur »
Ce jour-là, le 15 mars, à Anzat-le-Luguet, Susan Woodward ne sait même pas si elle pourra tenir le bureau de vote. « C’est une question que je ne me serais jamais posée auparavant mais là… », soupire-t-elle.
C’est en 2009 qu’elle et son mari Kevin ont décidé de quitter Derby et le centre de l’Angleterre pour s’installer sur les hauteurs du Cézallier, après y avoir acheté une maison de vacances trois ans auparavant.
Il y a six ans, cette formatrice en anglais avait été contactée par le futur maire, Emmanuel Correia, pour rejoindre sa liste. « Je trouvais intéressant de voir de plus près comment fonctionne une commune », raconte-t-elle. Six ans après, le bilan est plus que positif. Susan est notamment fière d’avoir œuvré pour le rapprochement des gens de la commune, notamment au travers d’animations.
Pour les élections à venir, celle qui habite désormais à Chalus, se posait la question de savoir si elle continuait. Le Brexit lui a fourni la réponse.
Récemment, le couple est allé à la Préfecture du Puy-de-Dôme pour se faire délivrer un titre de séjour. Comme un retour en arrière. « Devoir faire cela, ça change un peu le fait d’être intégré en France, regrette-t-elle. Car ici, nous avons trouvé une grande majorité de gens très très accueillants ».
François Jaulhac et Maxime Escot
francois.jaulhac@centrefrance.com
maxime.escot@centrefrance.com
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