Les grèves ont pesé sur la croissance au dernier trimestre 2019
PARIS - L'économie française s'est contractée au dernier trimestre 2019 sous l'effet notamment d'une baisse de la production manufacturière due aux grèves contre la réforme des retraites, montrent les statistiques publiées vendredi par l'Insee.
Le produit intérieur brut (PIB) français s'est réduit de 0,1% au quatrième trimestre, après une croissance de 0,3% au trimestre précédent, selon la première estimation de l'Institut national de la statistique.
Cette baisse du PIB est une surprise, les économistes tablant en moyenne sur une croissance de 0,2% pour le dernier trimestre de 2019.
Sur l'ensemble de l'année dernière, la croissance s'établit à 1,2% contre 1,7% en 2018, légèrement en deçà de la prévision annoncée en décembre par l'Insee (+1,3%).
Pour la zone euro, la Commission européenne a prévu une croissance de 1,1% en 2019.
Déjà confrontés à un ralentissement de l'économie mondiale, les industriels français ont réduit leur production de 1,6% au quatrième trimestre, une baisse imputable en grande partie aux grèves contre le projet gouvernemental de réforme des retraites.
"Les grèves de décembre ont freiné la croissance française au dernier trimestre 2019. Certaines infrastructures comme les ports, le réseau ferroviaire et les dépôts de carburant ont été perturbés", a rappelé vendredi le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire.
"Face à ces difficultés d’approvisionnement, la production industrielle a baissé en décembre et les entreprises ont dû puiser dans leurs stocks pour répondre à la demande."
"Ce ralentissement passager ne remet donc pas en cause les fondamentaux de la croissance française, qui sont solides. Nous restons néanmoins particulièrement vigilant face aux incertitudes internationales", a-t-il assuré.
L'investissement des entreprises a connu un ralentissement marqué (+0,3% après +1,3% au troisième trimestre) en raison des tensions commerciales internationales.
La croissance des dépenses de consommation des ménages a également ralenti (+0,2% après +0,4% au troisième trimestre) et les dépenses de transports ont baissé de 2,0% sur la période, le secteur ayant été particulièrement affecté par les grèves.
En moyenne sur l'année, la consommation des ménages a cependant accéléré par rapport à 2018 (+1,2% contre +0,9%).
Après avoir contribué à la croissance du trimestre précédent à hauteur de 0,7 point, la demande intérieure finale, traditionnel moteur de l'économie française dopé l'an dernier par des mesures de soutien au pouvoir d'achat, n'a apporté qu'une contribution de 0,3 point à la croissance des trois derniers mois de l'année.
La contribution des variations des stocks des entreprises a été négative de 0,4 point, alors que celle du commerce extérieur a été nulle, avec une baisse de 0,2% des exportations comme des importations sur le trimestre.
Les chiffres détaillés :
https://www.insee.fr/fr/statistiques/4299215
(Leigh Thomas et Jean-Stéphane Brosse; édité par Jean-Michel Bélot)