Marie Dosé : «Rapatrier les enfants de jihadistes est une question d’éthique et de responsabilité»
L'avocate, qui vient de publier «les Victoires de Daech», dénonce la rigidité de la justice antiterroriste française et le non-rapatriement des familles des jihadistes.
by Willy Le DevinMarie Dosé, avocate au barreau de Paris, défend une quarantaine de familles de Français partis faire le jihad. Elle a publié jeudi les Victoires de Daech aux éditions Plon, un essai nerveux qui vilipende l’ultrarigidité de la justice antiterroriste et le choix du gouvernement de ne pas rapatrier les femmes et les enfants retenus dans les camps kurdes. Autant de victoires symboliques pour l’Etat islamique, dont la propagande se nourrit d’un certain renoncement démocratique, estime l'avocate.
Qu’est-ce que le terrorisme a changé dans la façon d’appréhender le métier d’avocat ?
La justice antiterroriste confine l’avocat de la défense dans une impuissance difficilement supportable. J’ai le sentiment parfois de servir un décor, d’être assignée à un rôle formel : c’est rageant, mais surtout parfaitement contre-productif. Cette justice se défiant particulièrement de l’individualisation des peines, nous sommes rarement écoutés, ou alors avec une telle défiance que nous ne passons plus que pour un «mal nécessaire». En tout cas c’est l’impression que cette indifférence charrie parfois, et à laquelle je préférerais largement une adversité revendiquée. Pourtant, ce n’est plus juger que passer outre la personnalité d’un justiciable, parce qu’il n’est plus considéré que sous le seul prisme de ce dont il est accusé.
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