Smartphones : l'Europe veut un chargeur universel, Apple fait de la résistance
Les députés européens ont a une large majorité adopté une résolution qui pourrait mener à une législation sur ce sujet, malgré une intense campagne menée par Apple... qui défend sa prise propriétaire Lightning.
Apple refuse, mais l'Union Européenne insiste: les eurodéputés ont plaidé jeudi 30 janvier en faveur d'un chargeur universel pour téléphones mobiles en Europe au nom des droits des consommateurs et de l'environnement, réclamant une législation européenne d'ici l'été.
« L'offre pléthorique de chargeurs entraîne (...) des coûts excessifs et des désagréments pour les consommateurs et génère une empreinte écologique inutile », écrivent les élus européens dans une résolution non contraignante, adoptée à Bruxelles à une large majorité. Il est donc « nécessaire d'adopter d'urgence une norme de chargeur universel », ajoutent-ils, réclamant des mesures « d'ici juillet ».
La vieille idée visant à harmoniser la connectique pour charger téléphones, tablettes et autres petits appareils, lancée dès 2009 par la Commission européenne, s'est jusqu'à présent heurtée aux réticences de l'industrie, bien que le nombre de chargeurs existants ait été considérablement réduit en 10 ans.
De 30 en 2009, ils sont en effet passés à trois: le connecteur Micro USB, qui a longtemps équipé la majorité des téléphones, l'USB-C, une connexion plus récente, et le Lightning, utilisé par Apple.
Apple vent debout contre cette mesure
Avant même le vote de cette résolution, l'entreprise de Cupertino s'est fermement opposée à toute réglementation européenne, qui « étoufferait l'innovation au lieu de l'encourager et nuirait aux consommateurs en Europe et à l'économie dans son ensemble ». Le géant californien, qui vient d'annoncer un bénéfice record au premier trimestre 2020, a remplacé en 2012 l'antique connecteur à 30 broches de ses appareils par la prise Lightning, qui équipe « plus d'un milliard d'appareils ». Il estime qu'un chargeur universel à la place de sa norme maison « aurait un impact négatif direct en perturbant les centaines de millions d'appareils et d'accessoires actifs utilisés par (ses) clients ».
Cela créerait en outre « un volume sans précédent de déchets électroniques et gênerait fortement les utilisateurs », poursuit le groupe dans cette déclaration publiée la semaine passée. Plusieurs sources de l'AFP au Parlement affirment qu'Apple a exercé un lobbying intense avant le vote de la résolution, adoptée par 582 voix pour, 40 contre et 37 abstentions.
« Comme toujours, nous serons heureux de travailler avec l'UE et les États membres en fonction de leurs souhaits », a pour sa part déclaré à l'AFP un porte-parole du numéro deux du secteur en 2018, le Chinois Huawei.
Le CCIA Europe, représentant du lobby de l'industrie numérique à Bruxelles, n'a pas souhaité faire de commentaires sur la résolution des élus européens, qui réclament aussi que soit interdite la vente obligatoire de chargeurs avec chaque appareil.