La section rythmique: mauvaise partition ** 1/2

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CRITIQUE / La section rythmique (The Rhythm Section) suscitait la curiosité : une réalisatrice, et son actrice, sauraient-elles renouveler le genre archicodé et usé du film de revanche? Non. De bons solistes ne peuvent sauver une œuvre quand elle repose sur une mauvaise partition.

Mark Burnell pourra difficilement se plaindre qu’on a dénaturé son roman éponyme puisqu’il a signé l’adaptation. Son scénario convenu et criblé de trous (de balles) s’avère aussi crédible que le président américain quand il se défend sur les réseaux sociaux…

Il faut de la crédulité et de bonnes dispositions pour avaler la prémisse de cette histoire qui ressemble, à peu de choses près, à celle de Nikita (Luc Besson, 1990). 

Stéphanie Patrick (Blake Lively) a perdu sa famille dans un accident d’avion dans lequel la jeune universitaire devait prendre place. Trois ans plus tard, la victime collatérale éplorée, rongée par le remords, est une loque humaine qui se prostitue pour payer son héroïne.

Un journaliste la retrouve et lui révèle qu’une bombe a causé la mort des 239 personnes à bord de l’avion. L’heure de la vengeance a sonné. 

Stéphanie localise la source du scribe, cachée en Écosse. L’ex-agent du MI6 Iain Boyd (Jude Law) la soumet à un entraînement tyrannique afin qu’elle soit en mesure de traquer les responsables et les éliminer un par un… 

Dans cet inévitable jeu de dupes où Stéphanie se glisse dans la peau d’une tueuse, la recrue étouffée par les scrupules démontre un haut degré d’incompétence, contrebalancé en partie son intelligence et… une bonne dose de chance !

Un récit (à dormir debout) prétexte aux habituelles scènes de course-poursuite, de fusillades et de combats haletants au corps à corps.

Une déception étant donné que Reed Morano dirige La section rythmique. Directrice photo réputée (Kill Your Darlings, entre autres), puis réalisatrice de Meadowland (2015) et des trois premiers épisodes de La servante écarlate, qui lui a valu un Emmy, elle avait surtout navigué dans le cinéma indépendant.

Son troisième long métrage en porte d’ailleurs la marque, de l’utilisation de la caméra portée nerveuse jusqu’à la trame sonore cool, dont une version de Where Did You Sleep Last Night, repopularisée par Nirvana en 1993.

Elle ne sera pas la première cinéaste à se casser les dents sur un film hollywoodien. Au moins, Reed Morano offre la possibilité à Blake Lively (Une petite faveur) de jouer un personnage consistant. L’actrice américaine s’en tire plutôt bien, ce qui devrait augmenter sa crédibilité pour des rôles sérieux même si La section rythmique sera vite oublié.

«Je ne croyais pas que tu te rendrais aussi loin», lance Iain Boyd à Stéphanie après une mission tirée par les cheveux. 

Le problème, c’est que le spectateur, lui, n’y a jamais cru…

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Au générique

Cote : HH 1/2

Titre : La section rythmique

Genre : Suspense

Réalisatrice : Reed Morano

Acteurs : Blake Lively, Jude Law, Sterling K. Brown 

Classement : 13 ans +

Durée : 1h49

On aime : l’investissement de Lively. La réalisation dynamique.

On n’aime pas : un scénario plein de trous et peu crédible. Le manque d’originalité.