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Emmanuel Macron à l'usine Saft de fabrication de batteries, à Nersac, jeudi.
Photo Albert Facelly pour Libération

Batteries électriques : Emmanuel Macron veut «réconcilier l'industrie et l'écologie»

Le chef de l'Etat a profité de la visite de l'usine Saft de Nersac en Charente pour vanter les effets de sa politique sur l'attractivité de la France.

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L’acte de «naissance d’une nouvelle filière industrielle» méritait bien une bénédiction présidentielle. C’est ce qu’a expliqué l’Elysée pour justifier le déplacement d’Emmanuel Macron ce jeudi en Charente. Un déplacement consacré à l’inauguration d’une nouvelle ligne de production de batteries électriques de Saft à Nersac, près d’Angoulême, qui aura permis au Président de vanter le rôle que peut jouer l’industrie dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Deux mois après le feu vert donné par la Commission européenne à «l’Airbus des batteries» – un programme octroyant 3,2 milliards d’euros d’aides publiques à un consortium de grandes entreprises et de PME dans ce secteur clé pour l’avenir de la filière automobile –, la visite présidentielle a permis d’attirer les projecteurs sur ce fleuron français de l’industrie électrique. Créé au lendemain de la Première Guerre mondiale, Saft qui a commencé son activité en fabriquant des batteries au nickel a été racheté par Total en 2016 pour un milliard d’euros.

Avant son discours, Emmanuel Macron a visité l’usine avec le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, le PDG de Total, Patrick Pouyanné et le président de la région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset. Sa nouvelle ligne dédiée aux batteries lithium-ion doit permettre d’effectuer des tests d’industrialisation avant une mise en production qui débutera à partir de la mi-2021. De quoi faire passer ses effectifs de 90 actuellement à environ 200 à terme. Une deuxième étape prévoit la fabrication de batteries à grande échelle à Douvrin (Pas-de-Calais) puis à Kaiserslautern (Allemagne) avec près de 2 000 emplois sur chacun des deux sites vers la fin de la décennie.

«Réconcilier l’industrie et l’écologie»

«Je suis comme vous extrêmement préoccupé par les conséquences du changement climatique, a déclaré le chef de l’Etat, mais je ne fais pas partie des catastrophistes [pour lesquels] il faut détruire de l’emploi, il faut décider de faire de la décroissance pour répondre à ce défi. Nous y répondrons, comme d’ailleurs l’humanité l’a toujours fait, par de l’innovation et la réorganisation du savoir-faire», a-t-il ajouté, en parlant de «réconcilier l’industrie et l’écologie». Pour Emmanuel Macron, il s’agit d’un enjeu de «souveraineté européenne» car les constructeurs automobiles ne doivent plus dépendre, pour les batteries électriques, des producteurs asiatiques, chinois ou coréens, qui peuvent «monter les prix comme ils veulent, ce qu’ils ont commencé à faire».

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Photo Albert Facelly pour Libération

Alors que les batteries représentent au moins un tiers de la valeur des véhicules électriques, l’Europe ne capte actuellement que des miettes de ce marché trusté par les géants asiatiques comme le chinois CATL, leader mondial né en 2011. Premier parc automobile électrique mondial (60% des 2,1 millions de véhicules électriques vendus l’an dernier dans le monde), la Chine s’est équipé de «giga usines» de batteries figurant dans les priorités du plan stratégique «Made in China 2025». Elles représentent déjà 217 GWh de capacités de production contre 50 GWh outre-Atlantique et 12 GWh en Europe.

Un million de voitures à équiper

«On va très, très vite», a affirmé de son côté le PDG de Total Patrick Pouyanné, en insistant sur les «paris» à relever, notamment celui de répondre rapidement à la demande des industriels et de «produire des batteries pour un million de véhicules». Il a estimé que cela nécessiterait pas moins de 5 milliards d’euros d’investissement, en visant une part de 10 à 15% de ce marché encore très émergent en Europe.

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Photo Albert Facelly pour Libération

Présente dans 18 pays à travers 14 sites de production, dont la plupart se trouvent en Aquitaine, Saft fait partie du consortium des 17 acteurs issus des secteurs privés français et allemand qui forment l’ossature du futur «Airbus de la batterie». L’entreprise emploie 4 500 personnes dans le monde pour un chiffre d’affaires de 788 millions d’euros en 2018. Plus de 950 satellites ont été équipés à ce jour avec ses batteries, dont 200 avec du lithium-ion utilisé pour les véhicules électriques, mais aussi les smartphones, tablettes…

Alors que la fourniture de batteries dans le domaine spatial et pour la défense représente encore près de la moitié de son activité, Saft se développe désormais dans le stockage d’électricité tous azimuts. Un enjeu stratégique pour toutes les industries en quête de «verdissement» et qui n’a pas échappé au géant fossile Total, qui cherche à se repositionner comme un spécialiste de toutes les énergies et pas seulement des hydrocarbures.

Une France plus attractive

Défendant son bilan économique, le chef de l’Etat en a profité comme la semaine dernière lors de sa visite dans le laboratoire pharmaceutique d’Astrazeneca à Dunkerque pour justifier sa politique fiscale (comme la fin de l’ISF) et de libéralisation du marché du travail. «Tout ça s’inscrit dans une stratégie que nous déployons depuis un peu plus de deux ans, qui commence à produire ses effets, qui a permis de redévelopper l’attractivité de la France en matière d’investissements», a-t-il pointé. «Ce n’est pas le fruit du hasard» si le chômage baisse et que l’emploi industriel «redémarre pour la première fois depuis 12 ans», a-t-il encore insisté, estimant que ces «bonnes nouvelles» ne seraient pas arrivées sans les réformes entreprises depuis son arrivée à l’Elysée. Des arguments qui sonnent déjà presque comme un air de pré-campagne.