Coq, fumier, cigales… : l’Assemblée protège le « patrimoine sensoriel » des campagnes
by SudOuest.fr avec AFPChant de coq, de cigales, mais aussi odeurs de fumier entrent désormais dans le code de l’environnement, comme faisant partie des milieux naturels. Une protection que les députés espèrent dissuasive en matière de plaintes pour nuisances.
L’Assemblée nationale a voté jeudi une proposition de loi introduisant la notion de « patrimoine sensoriel » des campagnes dans le droit français, alors que bruits et effluves campagnards se sont retrouvés au centre de divers litiges pour nuisances ces derniers mois. Le député Pierre Morel-A-L’Huissier a porté en première lecture ce texte UDI-Agir soutenu sur tous les bancs, notamment par les LREM Sandrine Mörch et Pascal Lavergne, qui ont salué « une belle victoire ».
Chant de coq, de cigales, mais aussi odeurs de fumier entrent désormais dans le code de l’environnement, comme faisant partie des milieux naturels. Une protection que les députés espèrent dissuasive en matière de plaintes pour nuisances. « Les avocats vont pouvoir prévenir leurs clients, 'Attention, il y a un patrimoine sensoriel protégé, on risque de se faire bananer’ », estime Pierre Morel-A-L’Huissier.
Des plaintes familières au député LREM de Gironde Pascal Lavergne, lui-même objet de poursuites par des voisins entre 2010 et 2014, après avoir racheté une exploitation. « C’était très pesant moralement », confie-t-il.
Conflits entre ruraux et nouveaux arrivants
Plusieurs procès de ce type, devenus le symbole du conflit entre ruraux et nouveaux arrivants, ont défrayé la chronique ces derniers mois, notamment à Soustons (Landes) où la justice a débouté les voisins d’un élevage de canards en novembre, et à Oléron où le coq Maurice a lui aussi reçu le feu vert de la justice en septembre.
« Nos vaches, nos poulets et nos cochons pourront continuer à animer nos campagnes ! »
Le texte prévoit également un inventaire par terroirs des « bruits et des odeurs caractérisantes qu’on veut protéger au nom du patrimoine sensoriel », selon son auteur. « Sur nos petits chemins ruraux, il y a des bouses, ça fait partie intégrante de la vie rurale. Et les gens le découvrent : 'Mais ça sent !'. Eh oui ! », lance Pierre Morel-A-L’Huissier, regrettant un « conflit de sociologie ».
Le député de Lozère a salué un véritable travail de coconstruction de ce texte, entre le Conseil d’Etat, sollicité en amont par « sécurité juridique », ministères et députés. Présent en commission la semaine dernière, le ministre de la Culture Frank Riester avait apporté le soutien du gouvernement à cette initiative. « Nos vaches, nos poulets et nos cochons pourront continuer à animer nos campagnes ! », a aussi lancé mardi dans l’hémicycle, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, en réponse à une question de Pierre Morel-A-L’Huissier.