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La fin de l'année a été particulièrement difficile avec une activité qui recule sur le dernier trimestre, dans le contexte des grèves contre la réforme des retraites (photo d'illustration).© Denis Meyer / Hans Lucas

La croissance française a ralenti plus que prévu en 2019 avec les grèves

La croissance économique n'a été que de 1,2 %, selon l'Insee, alors que les grèves ont influé sur le recul du PIB de 0,1 % au dernier trimestre.

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La croissance économique a finalement ralenti un peu plus qu'anticipé. Selon les premières estimations de l'Insee, cette croissance s'élevait à 1,2 % en 2019, la fin de l'année ayant été particulièrement difficile avec une activité qui recule sur le dernier trimestre, dans le contexte des grèves contre la réforme des retraites. L'Insee anticipait une croissance de 1,3 % sur l'année et de 0,3 % au quatrième trimestre, mais sur les trois derniers mois de l'année le PIB s'est affiché en recul de 0,1 %, pénalisé par la baisse de la production, notamment industrielle, le ralentissement de la consommation des ménages et de l'investissement des entreprises.

Le chiffre de 1,2 % pour 2019 est inférieur de 0,5 point au 1,7 % engrangé en 2018, et très en deçà des 2,4 % atteints en 2017. L'activité française n'avait pas marqué de recul sur un trimestre depuis le deuxième trimestre 2016. Alors que la Banque de France estimait que le mouvement de protestation contre la réforme des retraites ne coûterait au plus que 0,1 point de croissance sur la fin de l'année, les chiffres publiés vendredi montrent qu'il a bien plus fortement handicapé l'activité. La production de biens et services a ainsi reculé à - 0,2 %, après + 0,3 % au troisième trimestre, illustrant par exemple les blocages dans les raffineries ou la grève dans les transports.

Fondamentaux « solides » pour Bruno Le Maire

L'investissement total a, lui, ralenti à + 0,3 % après + 1,3 % au trimestre précédent, tandis que la consommation des ménages a aussi décéléré à 0,2 % contre + 0,4 % au troisième trimestre. Sur l'ensemble de l'année toutefois, la croissance s'affiche donc un peu moins bonne que prévue à 1,2 %, même si elle reste supérieure à celle de la zone euro. La consommation des ménages a ainsi accéléré, en augmentation de 1,2 % après + 0,9 % en 2018, tout comme l'investissement, en hausse de 3,6 %, après + 2,8 % en 2018. En revanche, la production, marquée par sa contre-performance du dernier trimestre, a ralenti à 1,6 %, après 2 % l'année précédente. Le commerce extérieur a, lui, pénalisé la croissance, avec une forte augmentation des importations (+ 2,3 %, après + 1,2 % en 2018) et un ralentissement des exportations (+ 1,8 % après + 3,5 % en 2018), du fait notamment de la morosité de l'économie mondiale, marquée par les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis.

Le recul de l'activité sur le dernier trimestre « ne remet pas en cause les fondamentaux de la croissance française », a estimé vendredi le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, après l'annonce par l'Insee d'un recul de 0,1 % du PIB au quatrième trimestre. « Ce ralentissement passager ne remet donc pas en cause les fondamentaux de la croissance française, qui sont solides », a indiqué le ministre dans une déclaration écrite, insistant sur le fait que « la consommation des ménages et les investissements des entreprises résistent ». Sur l'ensemble de l'année, l'économie française marque en effet une certaine résistance dans un contexte international défavorable, marqué par les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis ou encore les inquiétudes liées au Brexit.

1,3 % de croissance en 2020 

La croissance française s'affiche ainsi légèrement supérieure à celle de la zone euro, anticipée à 1,1 %, et largement meilleure que celle de notre voisin allemand, tombée à 0,6 %. L'élément le plus positif vient de la consommation des ménages, qui a accéléré à 1,2 % sur l'année après 0,9 % en 2018. Cette accélération reste toutefois encore modeste par rapport à la hausse de plus de 2 % du pouvoir d'achat des ménages anticipée par l'Insee – dans la foulée des mesures prises par le gouvernement pour calmer le mouvement des Gilets jaunes –, mais surtout par rapport au recul du chômage l'an dernier qui a augmenté le revenu des ménages.

Les économistes s'attendent à ce que la consommation accélère encore davantage cette année pour soutenir plus nettement la croissance française et prendre le relais de l'investissement des entreprises qui devrait refluer. En 2020, le gouvernement table sur une croissance de 1,3 %, tandis que la Banque de France prévoit 1,1 %, soit son taux le plus bas depuis 2016. Mais la contre-performance de la fin d'année 2019 pourrait contrecarrer ces prévisions, l'économie française démarrant 2020 sans grand élan. Pour atteindre 1,3 % sur l'année, « la croissance par trimestre devrait être de 0,45 %. Cela paraît excessif. Ce serait plus du double de la croissance constatée en 2019 » (0,21 % en moyenne par trimestre), prévient dans une note Philippe Waechter, chef économiste chez Ostrum Asset Management.