«On n’a pas pu s’aimer», «Let it be»: la presse belge dit «Goodbye» aux Britanniques
À sa manière, la presse belge faisait vendredi ses adieux au Royaume-Uni, qui sortira officiellement de l’Union européenne à minuit, plusieurs quodiens consacrant éditos, cartes blanches et suppléments au Brexit.
Les rédactions de L’Echo et du Tijd se fendent même d’une lettre d’au revoir adressée aux Britanniques.
«Chers amis Britanniques», entament dans la langue de Shakespeare ces deux rédactions économiques, «Alors, vous nous quittez. C’est un choix que nous regrettons, mais que nous respectons. Nous savons que les Britanniques ont parlé», déplore la missive publiée en ouverture d’un supplément spécial.
Les deux quotidiens économiques formulent l’espoir que ce n’est pas «the end» pour autant: «ce peut et doit être un nouveau chapitre d’une longue histoire de commerce, de coopération, de bon voisinage et de vieux amis», souhaitent les journalistes, soulignant que la Belgique «reste ouverte au business».
«Le grand départ vers l’inconnu»
«Goodbye», annonce La Libre Belgique. «Il faut aujourd’hui dire au revoir, sans acrimonie, à nos amis Britanniques dont l’histoire et la géographie nous gardent proches», se résigne l’éditorialiste Olivier le Bussy, dans un supplément Brexit qui fait le point sur «le grand départ vers l’inconnu». «Le Royaume-Uni a décidé de mettre un terme à un ‘mariage’de quarante-sept ans qui, dans son chef, ne fut jamais vraiment d’amour», poursuit l’éditorialiste, observant tristement qu’«avec ce départ, l’histoire de la construction européenne s’écrit à rebours».
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«Le divorce était devenu inéluctable», pointe aussi L’Avenir en Une, car «entre Britanniques et continentaux, on n’a pas pu s’aimer», reconnaît dans son édito Philippe Martin. «Après les émotions, il faut négocier: la maison, les meubles, les enfants… Plus exactement, les frontières, les droits des citoyens, les engagements financiers, les délais… Tout reste à faire, au pas de charge. Lorsque la rupture est consommée, inutile de prolonger les tiraillements», enjoint l’éditorialiste. Qui ne peut s’empêcher de voir dans le départ des Britanniques «un énorme gâchis».
«Pas la fin de l’Histoire mais un tournant historique»
Le Soir titre aussi en langue anglaise vendredi avec un «Let it be» emprunté aux Beatles ouvrant sur un cahier spécial Brexit. «Si ce n’est pas la fin de l’Histoire, c’est assurément un tournant historique», note pour sa part l’éditorialiste Philippe Regnier constatant amèrement que «l’Union se désagrège, s’amenuise, rétrécit. Se ratatine». Pour lui encore, le Brexit, «ce n’est donc pas qu’un au revoir», c’est à la fois aussi «un soulagement, une perte, un échec». Il met en garde que l’UE «n’a pas pu vaincre le Brexit. Or, ces démons ne vont pas disparaître par enchantement du paysage des Vingt-Sept avec la sortie du Royaume-Uni».
Plus loin dans les pages spéciales, l’Allemande Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, l’ex-Premier ministre belge Charles Michel, président du Conseil européen et l’Italien David Sassoli, président du Parlement européen, optent pourtant pour un message d’avenir, assurant de concert, dans une carte blanche, que l’Europe est à «l’aube d’une ère nouvelle»: «Aucun pays ne peut, à lui seul, contenir la progression du changement climatique, trouver des solutions à l’avenir numérique ou faire entendre sa voix dans la cacophonie croissante qui règne en ce monde. Mais si nous nous rassemblons, l’Union européenne en sera capable». Ils garantissent que «cette œuvre se poursuivra dès que le soleil se lèvera demain matin», sur une Union toutefois amputée de son membre britannique.