Le secteur des taxis bruxellois dénonce: "Une cinquantaine de véhicules vandalisés depuis trois mois"

Vitres brisées, compteurs arrachés, pare-brise arrière explosés, extincteurs vidés… Qui en veut aux taximans bruxellois ? Le secteur dit être la cible, depuis le mois de novembre, d’actes de vandalisme gratuits sur ses véhicules : une cinquantaine de faits enregistrés en l’espace de trois mois selon les professionnels.

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Une vitre arrière brisée et un extincteur vidé. - D. R.

"Nous n’avons jamais été confrontés à pareille situation."

"On a clairement affaire à des voyous", lâche Sam Bouchal, porte-parole de la Brussels Taxi Fed, la fédération bruxelloise du taxi. "Que nos véhicules soient la cible de voleurs, ce n’est pas la première fois. Des individus brisent une vitre pour voler la tablette ou le portefeuille que le chauffeur ou un client a oublié. Mais ici, c’est différent. C’est du vandalisme pur et simple. Les auteurs ne volent pas ou peu dans les véhicules, ils dégradent les véhicules. Ils cassent l’outil pour vraisemblablement empêcher le chauffeur ou sa société de rouler et donc de travailler. Ce sont des actes de sabotage."

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Des compteurs arrachés. - D. R.
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Des actes de vandalisme gratuits selon le secteur taxi. - D. R.
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Des actes de vandalisme gratuits selon le secteur taxi. - D. R.

15 véhicules de la même société vandalisés

Les faits ont eu lieu à différents endroits dans la Région bruxelloise mais aussi en périphérie. Plusieurs taximans ont porté plainte. Selon ce chauffeur qui souhaite rester anonyme et victime également, "les faits se déroulent aussi devant le domicile du chauffeur de taxi. Ce qui est particulièrement risqué." Un autre chauffeur raconte : "En l’espace d’un mois, 15 de mes véhicules ont été attaqués. Il y a eu quelques vols parmi ces attaques mais le reste c’était juste du vandalisme."

Ces dégradations occasionnent des frais importants, disent les représentants du secteur que nous avons rencontrés. "Il est déjà particulièrement coûteux et compliqué de contracter une assurance pour un taxi", ajoute le représentant de la Brussels Taxi Fed. "Nous parlons de plusieurs milliers d’euros par an pour un véhicule. Imaginez un assureur qui décide de vous éjecter. Le taximan est alors obligé de s’assurer auprès du Bureau des Tarifications (NDLR : qui fixe la prime pour les conducteurs qui ne trouvent pas d’assurance R.C.) à des prix prohibitifs."

La guerre taxis contre Uber

Mais une question taraude les chauffeurs. Qui leur en veut à ce point ? Cette vague d’incidents est-elle à mettre en relation avec le contexte particulièrement tendu dans le secteur du transport rémunéré de personnes ? L’arrivée des plateformes Uber et Heetch sont vues d’un très mauvais œil par les taximans. La plupart des chauffeurs Uber et Heetch roulent avec des véhicules du registre des limousines, sous un statut moins contraignant, avec une plaque minéralogique T-L (T-X pour les taxis). "Pour pouvoir être chauffeur de taxi, il faut obtenir un certificat de capacité après une batterie de tests et la remise d’un certificat de bonne vie et mœurs", rappelle Sam Bouchal. "Nous devons également passer un test psychologique, qui recale au moins 80% des candidats." L’accès à la profession est encadré.

"Ce qui n’est pas le cas pour les chauffeurs qui travaillent pour les plateformes Uber ou Heetch. Cela fait des mois que nous attendons une ordonnance de la Région bruxelloise qui encadre l’ensemble de ce secteur. Nous militons pour cela. Pascal Smet, précédent ministre de la Mobilité a défendu ces plateformes. Mais le ministre-président régional Rudi Vervoort qui a désormais en charge ce secteur a annoncé qu’il allait imposer un certificat de capacité pour les plateformes Heetch et Uber. C’est depuis cette annonce que nous subissons ces actes de vandalisme. Visiblement, des chauffeurs Heetch et Uber s’agacent et nous le font payer à leur manière", se permet de lancer Sam Bouchal. Il faut dire que plusieurs mandataires PS ont ouvertement marqué leur soutien au secteur taxi. Tandis que le parti One.brussels de Pascal Smet a régulièrement plaidé pour une ouverture à la concurrence et à briser un système historique. Objectif: la baisse des tarifs au profit des Bruxellois et des touristes. 

Pour l’heure, aucune preuve formelle de l’implication des Uber ou Heetch dans ces attaques. Uniques éléments : des vidéos et messages audio circulant via Whatssap appelant à s’en prendre aux taximans bruxellois. "On va les déchiqueter. Je vais les défoncer leur gueule. Le premier taximan qui tombe dans mes mains, je sais pas quoi (lui) faire. J’ai la haine", peut-on entendre dans un message vocal. D’autres échanges parlent de "

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Sam Bouchal, de la fédération des taxis bruxellois. - NICOLAS MAETERLINCK - BELGA
Que les taximans nous laissent travailler !

Dans l’autre camp, les chauffeurs Uber et Heetch veulent défendre leur activité. En novembre dernier, plusieurs dizaines de chauffeurs indépendants travaillant principalement pour Uber ont manifesté à Bruxelles pour réclamer leur place sur le marché. Ils refusent d’être considérés comme des concurrents déloyaux. Il y a quelques jours, plusieurs chauffeurs comparaissaient devant la justice pour concurrence déloyale, après une plainte déposée par la FEBET, la Fédération belge des taxis. L’audience a été reportée.

Fernando Redondo, président de l’Association belge des taxis limousines, ne comprend pas les accusations du secteur taxis. Il les réfute et retourne même les accusations. "Aujourd’hui, c’est nous qui sommes attaqués", dénonce Fernando Redondo, contacté par la RTBF. "Mais nous n’accusons personne. Ce que nous constatons seulement, c’est qu’on crève nos pneus, on vole les plaques de nos véhicules. Une plaque volée, c’est un véhicule immobilisé pendant un mois le temps de le remettre en service. Désormais, la consigne qui est donnée aux chauffeurs, c’est de river les plaques. On en est arrivé là ! Les fédérations de taxis nous accusent alors que nous ne sommes pas à l’origine des tensions. Un tribunal a déclaré en janvier 2019 que nous n’étions pas illégaux. Pourquoi dès lors deviendrons-nous agressifs ? Que les taximans nous laissent travailler ! Et si leurs véhicules subissent des attaques, ce sont des vols qui n’ont rien à voir avec Uber. Point !"

Nous dénonçons l’anarchie mise en place par le politique

Sam Bouchal n’accuse pas frontalement mais s’interroge. "Ce qui est certain, c’est que ceux qui font cela sont des bandes, des mafias, qui pensent jouir d’un sentiment d’impunité. Ce sont des comportements de voyous. On ne peut pas les accepter." Appel est lancé aux autorités judiciaires. "Il faut que la police, le parquet de Bruxelles se saisissent du dossier. Il le faut avant que cela ne dégénère en drame. Vous savez: des taximans qui ont subi ces dégradations peuvent un jour avoir envie de se venger. Ceux qui vandalisent nos taxis peuvent avoir envie d’aller plus loin dans la violence. Il faut à tout prix empêcher cela !"

Abdessamad Sabani, le patron de la Brussels Taxis Fed, dont l’un des véhicules a été pris pour cible calme le jeu. "Je ne dis pas qu’il n’y a que des bons d’un côté et des mauvais de l’autre. Ce que nous disons simplement par rapport à la problématique actuelle, c’est que nous avons 2000 chauffeurs qui roulent sans certificat de capacité. Nous dénonçons l’anarchie mise en place par le politique qui conduit à des conséquences : le chaos, le pourrissement, la concurrence déloyale, la frustration, les actes de vandalisme… Aujourd’hui, nous demandons un tronc commun d’accès à la profession et que les chauffeurs qui ont des licences en Flandre et en Wallonie ne viennent pas rouler à Bruxelles."

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Des actes de vandalisme gratuits selon le secteur taxi. - D. R.
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Des actes de vandalisme gratuits selon le secteur taxi. - D. R.
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Des actes de vandalisme gratuits selon le secteur taxi. - D. R.

Karim Fadoul

Retrouvez l'article original sur RTBF

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