A Jérusalem, un premier vendredi de prière sous tension depuis le plan Trump

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Des Palestiniens manifestent contre le plan américain pour un règlement du conflit israélo-palestinien à Rafah, dans la bande de Gaza, le 30 janvier 2020 - Said KHATIB
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Un Palestinien inspecte le site d'une frappe israélienne à Rafah dans la bande de Gaza, le 31 janvier 2020 - SAID KHATIB

La police israélienne a déployé des renforts vendredi à Jérusalem pour la première prière hebdomadaire sur l'esplanade des Mosquées depuis l'annonce du plan de Donald Trump pour un règlement du conflit au Moyen-Orient, rejeté d'une seule voix par les Palestiniens.

Et l'un des motifs de ce rejet est le statut même de Jérusalem, dont la partie palestinienne est occupée et annexée par Israël, mais que Washington estime dans son plan, être la capitale "indivisible" de l'Etat hébreu.

Peu après la prière de l'aube, la police a dispersé des Palestiniens scandant des slogans "nationalistes" sur l'esplanade des Mosquées, appelé "Mont du Temple" par les Juifs, où des milliers de fidèles sont attendus à la mi-journée pour la grande prière hebdomadaire.

Des renforts ont été déployés dans plusieurs secteurs de la ville Sainte, épicentre mondial des monothéismes. La police s'est dite prête à intervenir "si nécessaire".

Le projet américain prévoit aussi l'annexion de l'ensemble des colonies israéliennes ainsi que la vallée du Jourdain en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967.

Dans la foulée de l'annonce mardi du plan à Washington par le président américain Donald Trump, d'ailleurs flanqué du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, des responsables israéliens ont indiqué que le projet d'annexion allait être présenté dès dimanche au gouvernement israélien.

Mais la situation semble moins claire vendredi.

L'ambassadeur américain à Jérusalem, David Friedman, a dit que l'Etat hébreu pouvait annexer "sans attendre" les colonies mais le gendre de Donald Trump et architecte du plan, Jared Kushner, a dit souhaiter que le gouvernement "attende après les élections" du 2 mars en Israël.

Les deux options ne remettent toutefois pas en cause, du moins à ce stade, le projet d'annexion de la vallée du Jourdain, où l'armée israélienne a déployé des renforts cette semaine.

- Roquettes et frappes -

Le déploiement militaire dans le Jourdain avait renforcé pour certains l'idée d'une annexion rapide de cette vaste vallée agricole qui compte pour près de 30% de la Cisjordanie, située à la lisière de la Jordanie. Mais des sources militaires ont soutenu que les renforts étaient liés aux manifestations palestiniennes.

Des heurts entre manifestants protestant contre le plan américain et les forces israéliennes ont fait au moins une trentaine de blessés palestiniens depuis mardi en Cisjordanie, où la contestation a toutefois été limitée.

Dans la bande de Gaza, une enclave séparée géographiquement de la Cisjordanie et contrôlée par les islamistes palestiniens du Hamas, des milliers de Palestiniens ont manifesté ces derniers jours.

A Gaza, les manifestants portaient un écusson avec l'inscription "La lisafqat al-Qarn (Non à l'accord du siècle en arabe)", sobriquet du plan de Donald Trump qui prévoit de "démilitariser" Gaza et de la relier par un corridor à une Cisjordanie amputée.

Dans la nuit, des roquettes ont été tirées depuis Gaza vers Israël qui a répliqué avec des frappes sur des "positions" du Hamas, selon l'armée israélienne.

Les tirs n'ont pas été revendiqués.

- "Trahison" -

Les leaders palestiniens, qui n'ont pas été associés au plan américain, ont condamné à l'unisson ce projet qui disent-ils a été rédigé de la main d'Israël, et tentent de rallier des soutiens internationaux à leur cause, notamment en Europe et dans le monde arabe.

"Nous tentons d'obtenir un consensus international pour nous soutenir, pour soutenir le président (de l'Autorité palestinienne) Mahmoud Abbas et son projet de paix", a déclaré le négociateur palestinien Saëb Erekat.

Mais les monarchies du Golfe, et des pays comme la Jordanie et l'Egypte, n'ont pas attaqué de front le projet israélien contrairement à l'Iran, ennemi d'Israël, qui "ne restera certainement pas silencieux", selon Ali Akbar Velayati, un haut responsable iranien.

Une réunion extraordinaire des ministres arabes des Affaires étrangères, consacrée à la question, est prévue samedi au Caire.

"Les pays arabes qui soutiennent un tel plan commettent une trahison envers Jérusalem, ainsi que leur propre peuple et, plus important, toute l'humanité", a lancé vendredi le président turc Recep Tayyip Erdogan devant des responsables de son parti à Ankara.