https://s.olj.me/storage/attachments/1198/GDN1014_FRANCE-PROTESTS-PENSIONS_1209_11-1575881117_100_829762.jpeg/r/800
Foule sur un quai de train dans la gare Saint-Lazare, à Paris, le 9 décembre 2019. REUTERS/Christian Hartmann

La France bloquée, l'épreuve du feu pour le gouvernement

La grève qui met la France au ralenti n'a pas faibli lundi et s'annonçait également massive mardi, nouvelle journée de manifestations à la veille de la présentation par le gouvernement de son projet controversé de réforme des retraites.

Chaos sur les routes de la région parisienne qui ont enregistré un pic de 620 kilomètres d'embouteillages, usagers jouant des coudes pour tenter de monter dans les rares transports en service, vélos, trottinettes, scooters se frayant un chemin parmi les piétons agacés... l'impact de la mobilisation contre un "système universel de retraite" voulu par le président Emmanuel Macron, entamée le 5 décembre, est particulièrement visible dans les transports.

L'opérateur du rail SNCF a indiqué assurer lundi "entre 15% à 20%" de son trafic habituel, avec un trafic international "très perturbé". Mardi devrait rester dans la même tonalité: 20% de trains à grande vitesse et trains de banlieue parisienne, trois trains régionaux sur dix...
Dans la capitale, dix des seize lignes du métro opéré par la RATP resteront fermées. Seules les deux lignes automatisées fonctionneront normalement. La grève a été reconduite "au moins jusqu'à mercredi", selon des sources concordantes.

Environ 25% des vols intérieurs et 10% des moyen-courriers d'Air France seront annulés et la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de réduire leur programme de vol.

Un an après la naissance du mouvement de contestation sociale des "gilets jaunes", qui leur a porté un coup dur, ce mouvement inquiète commerçants, hôteliers, restaurateurs et professionnels du tourisme.

"Le week-end a été catastrophique : Paris était vide, les restaurants, les brasseries... Même la restauration rapide !", a affirmé lundi à l'AFP le porte-parole du syndicat GNI-Synhorcat (indépendants), en évoquant "jusqu'à 50% de perte de chiffre d'affaires".

En cette saison d'achats de Noël, le premier jour de grève, jeudi dernier, a entraîné 30% de baisse d'activité en moyenne dans les magasins, selon l'Alliance du commerce.
Le mouvement social touchant aussi le monde de la culture, des spectacles ont été annulés lundi à l'Opéra Bastille, à l'Opéra Garnier ou à la Comédie française, tandis que des musées étaient partiellement fermés.

Si l'agacement gagnait les usagers des transports publics, selon un sondage Harris Interactive/RTL lundi, 68% des Français déclarent soutenir la grève.

"Semaine de vérité"
Les syndicats ont annoncé une nouvelle manifestation mardi, après le succès de celle du 5 décembre (plus de 800.000 personnes en France), voulant maintenir la pression sur l'exécutif avant ses annonces de mercredi sur le contenu d'une réforme encore floue. Une nouvelle journée de mobilisation, jeudi, est "déjà en réflexion".

Le gouvernement, soutenu par la Commission européenne qui juge la réforme "nécessaire", défend un "système universel" par points censé abolir les régimes de retraites spéciaux, notamment ceux de la SNCF et de la RATP où les salariés peuvent partir plus tôt. Ses opposants redoutent en revanche une "précarisation" des pensionnés.

Le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye et la ministre des Solidarités Agnès Buzyn ont reçu encore lundi les partenaires sociaux.

Le président Macron et le Premier ministre Édouard Philippe, qui ont déjà consulté tout le weekend, doivent voir les ministres les plus concernés par la réforme et les dirigeants de la majorité à un dîner mardi.

C'est "la semaine de vérité", titrait le quotidien Le Figaro (droite) tandis que Libération (gauche) ne voyait qu'une alternative pour Emmanuel Macron : "la réforme ou la retraite". D'autant que le gouvernement est aussi confronté à un risque d'élargissement de la contestation. Les internes en médecine sont par exemple appelés à une grève illimitée à partir de mardi pour dénoncer la "dégradation des soins" et les généralistes à fermer leurs cabinets samedi. Venant encore brouiller l'image du gouvernement, le quotidien Le Parisien a révélé que Jean-Paul Delevoye n'avait pas déclaré une fonction d'administrateur dans un Institut de formation dans sa déclaration d'intérêts à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. Une "erreur" et "une omission par oubli", a-t-il réagi.