PROCÈS
Sierre: Yves Allegro saura mardi s’il ira en prison
by Gilles BerreauLe Ministère public a requis lundi quatre ans de prison ferme contre l’ancien tennisman Yves Allegro, accusé de viol et de contrainte sexuelle sur une Autrichienne en Estonie en 2014. Alors que le Valaisan se dit innocent et ses avocats plaident l’acquittement. Il connaîtra son sort mardi.
L’ancien joueur de tennis valaisan Yves Allegro risque quatre ans de prison ferme pour contrainte sexuelle et viol. C’est la peine requise lundi devant le Tribunal de Sierre par le Ministère public. En outre, lors de ce procès à huis clos pour protéger la victime, les avocats de celle-ci ont réclamé 25 000 francs de tort moral. Quant à la défense, elle a demandé l’acquittement.
Le verdict sera prononcé mardi après-midi. L’actuel directeur des entraîneurs de Swiss Tennis est accusé d’avoir abusé d’une membre de la délégation autrichienne lors d’une réunion d’entraîneurs européens en Estonie en 2014.
Drogués?
Ce n’est que deux jours après les faits que la femme aurait pris conscience d’une possible agression sexuelle après avoir ressenti de vives douleurs et découvert des bleus sur son corps.
Yves Allegro, lui, ne se souvient de rien et soupçonne qu’une drogue a été versée dans son verre. «Mon dernier souvenir est d’avoir bu un shot d’alcool que l’on m’a offert. Je me suis réveillé dans ma chambre avec une gueule de bois et un black-out comme je n’en avais jamais connu», a dit le prévenu au président du tribunal, le juge Stéphane Epiney.
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Seulement voilà: son accusatrice affirme aussi avoir été droguée et cible le Valaisan. Pour la procureure Corinne Caldelari: «Yves Allegro n’est pas la victime dans cette histoire. Il a enchaîné les actes sexuels sur une femme incapable de se défendre, gémissant et pleurant.» La défense a rétorqué qu’une troisième personne ayant partagé ces shots a aussi subi aussi une amnésie.
«La victime se souvient très bien»
Yves Allegro se dit innocent: «J’étais embarrassé lorsque j’ai compris que nous avions passé la nuit ensemble, car à l’époque j’étais déjà en couple avec ma copine actuelle.» Son défenseur, Me Pierre-Damien Eggly, parle lui de «deux adultes désinhibés par l’alcool».
Mais pour la procureure Caldelari: «La victime se souvient très bien. Il ne s’agit pas d’un simple dérapage entre deux adultes consentants lors d’une nuit arrosée. Yves Allegro, dont les explications ont varié au fil des auditions, a abusé de manière particulièrement brutale de la victime et en toute connaissance de cause.»
SMS troublants
La défense met en avant plusieurs SMS étonnants de l’accusatrice. La femme écrit notamment à une amie juste après cette soirée: «J’ai fait une connerie.»
De plus, elle répond le lendemain: «Ne t’en fais pas», avec un smiley pleurant de rire à l’accusé qui reconnaissait spontanément n’avoir pas été un gentleman.
La défense souligne aussi que les deux protagonistes sont ressortis au restaurant le soir suivant et que la femme lui a écrit encore un message avec un smiley distribuant un bisou en forme de cœur. Mais pour la procureure Caldelari, ces SMS n’interviennent que dans un premier temps, alors que la victime n’a pas encore retrouvé de souvenir précis de cette nuit.
Des hématomes
L’accusation rétorque que l’expertise médicale est accablante. On y parle de traces évidentes d’acte sexuel. Le Ministère public évoque des hématomes sur le corps de la victime. Mais le second défenseur de l’ancien champion, Me Guillaume Grand, a une explication: l’accusatrice, dans le brouillard, aurait reconstitué et inventé une partie des faits de cette nuit en partant du constat de ses hématomes. Comment expliquer ces derniers? Me Grand cite une expertise estimant que certaines marques peuvent avoir été provoquées par une chute.
Qui dit vrai?
Difficile de dénouer le vrai du faux dans cette affaire. Ce d’autant plus que les téléphones portables utilisés à l’époque par les deux protagonistes ont été remplacés. Cependant, une chose est sûre: cette affaire laissera des traces. «J’ai la chance d’avoir le soutien de mon employeur et de mes proches. Mais je suis suivi psychologiquement à la suite de cette procédure judiciaire rendue publique», a raconté Yves Allegro.
Son accusatrice est aussi suivie médicalement et parle, via ses avocats, de fréquentes attaques de panique et de cauchemars.
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