https://medias.liberation.fr/photo/1278021-000_1mw827.jpg?modified_at=1575910533&width=960
Sanna Marin, après avoir été désignée Première ministre de la Finlande, dimanche.
Photo Vesa Moilanen. AFP

A 34 ans, Sanna Marin devient la plus jeune Première ministre de l’histoire finlandaise

Vice-présidente du Parti social-démocrate, elle vient d’être désignée cheffe du gouvernement après un vote serré.

by

C’est après un vote serré, dimanche, que Sanna Marin a été nommée cheffe du gouvernement finlandais. La ministre des Transports succède à Antti Rinne, président du SDP et au pouvoir depuis six mois, qui a annoncé sa démission du poste de Premier ministre le 3 décembre. Cette décision est survenue après plusieurs semaines de crise politique liée à un projet de baisse des salaires de 700 employés de la Poste. Sanna Marin, vice-président du Parti social-démocrate, prendra officiellement ses fonctions mardi.

A 34 ans, elle devient donc, comme le fait remarquer le politologue Janne Riitakorpi sur Twitter, «la plus jeune Première ministre de l’histoire finlandaise, la plus jeune cheffe de gouvernement actuellement en poste dans le monde et la plus jeune femme cheffe de gouvernement de l’histoire». Si elle a assuré, dans une conférence de presse à la suite de sa nomination, qu’elle n’avait «jamais pensé à son âge ou son genre» dans sa carrière politique, beaucoup la comparent déjà à Jacinda Ardern, Première ministre néo-zélandaise de 39 ans et membre du parti travailliste local.

L’égalité sociale «au fondement de tout»

Issue d’un milieu défavorisé, Sanna Marin grandit dans la banlieue de Tampere, une ville connue pour son passé industriel, à deux heures au nord d’Helsinki, la capitale. Ses parents sont divorcés et elle vit avec sa mère, qui peine à joindre les deux bouts. Elle raconte que c’est grâce à «l’Etat-providence finlandais» et aux aides sociales qu’elle parvient à achever ses études, même si elle est contrainte de travailler en parallèle pour subvenir à ses besoins.

Titulaire d’un master, la jeune mère d’une petite fille d’un an est la première diplômée de l’enseignement supérieur de sa famille. Sur son blog, qu’elle tenait jusqu’en 2017, la future Première ministre s’applique à elle-même l’étiquette de «political broiler», un terme que les Finlandais utilisent pour désigner des jeunes femmes et hommes biberonnés à la politique au sein des partis. Son ascension fulgurante en est la preuve. A 27 ans, elle est élue pour la première fois en tant que conseillère municipale à Tampere. Trois ans plus tard, elle devient députée, et en juin 2019, ministre des Transports.

Un aspect de sa vie, dont elle parle assez peu, semble l’avoir beaucoup influencé : après le divorce avec son père, la mère de Sanna Marin se met en couple avec une femme. Dans une interview donnée au magazine Me Naiset en 2015, elle confie que l’absence de représentation des familles comme la sienne l’a conduit à être ostracisée : «L’ignorance [de la part de la société] est ce qui a été le plus difficile. Nous n’étions pas reconnues comme une vraie famille, ou égales aux autres», explique-t-elle. Mais elle considère que cette expérience a façonné son projet politique tourné vers l’égalité sociale, une valeur qu’elle considère comme étant «au fondement de tout».

Socio-démocrate et écologiste

Aujourd’hui, la Première ministre assure garder comme bases de sa politique «l’égalité, la liberté et la solidarité globale». Au début de la campagne des élections parlementaires, en avril, elle promettait un accès aux soins médicaux plus rapide, ainsi que la gratuité de l’enseignement secondaire. Son parti, expliquait-elle, a pour ambition «de simplifier la sécurité sociale, et assurer des salaires minimum pour un mode de vie convenable».

Elle ajoute à cela l’écologie, qu’elle considère comme «très importante» et indispensable pour la protection des «générations futures». Alors qu’elle présidait le Conseil pour le transport, les télécommunications et l’énergie à Bruxelles au début du mois, elle insistait sur l’importance de l’accessibilité aux transports en commun, expliquant que «rendre les transports plus efficaces et à l’épreuve du futur est dans l’intérêt de tout un chacun, et aidera [l’Europe] à atteindre ses objectifs climatiques». Un engagement qu’elle va devoir continuer à porter, si elle veut garder le soutien de sa coalition.