https://www.challenges.fr/assets/img/2015/06/11/cover-r4x3w1000-5dee6e654801e-437-hermitage-plaza.jpg
Le promoteur Emin Iskenderov dans son bureau parisien, devant les maquettes des tours Hermitage Plaza. Stéphane Lagoutte / Challenges

Nouveau rebondissement dans le feuilleton des tours Hermitage de La Défense

EXCLU - Le promoteur russe Emin Iskenderov a signé un accord de principe avec un groupe coréen pour lancer le financement de ses tours Hermitage, à La Défense.

C'est le plus vieux feuilleton immobilier du quartier de la Défense. Un projet fou à trois milliards d'euros, qui défraie la chronique depuis une dizaine d'années. Mais le Russe Emin Iskenderov ne veut pas lâcher le morceau et entend bien faire construire ses deux tours jumelles de 320 mètres de haut. Selon nos informations, le promoteur Hermitage a signé un accord de principe avec le groupe coréen Meritz en vue d'obtenir un prêt de 237 millions d'euros, qui couvrirait les travaux préparatoires. De quoi enfin mettre sur les rails ce chantier auxquels les élus locaux ne croyaient plus?

Imaginé avant la crise financière, le projet avait été officiellement lancé, en grandes pompes, en juin 2010, avec la signature d'un protocole d'intention, en présence de Nicolas Sarkozy et Dmitri Medvedev. Dessinées par la star britannique Norman Foster, les deux tours de 92 étages sont destinées à abriter à la fois des bureaux et des appartements de haut standing, un hôtel cinq étoiles, un spa panoramique, des restaurants et des commerces. Vladimir Poutine avait même promis de venir poser la première pierre du chantier, censé aboutir initialement en... 2016.

Un projet à trois milliards d'euros

Mais le projet ne va cesser de prendre du retard. Iskenderov a le plus grand mal à trouver un financement. Un accord est bien signé en mars 2013 avec la Deutsche Bank et la banque russe Sberbank. Mais il tombe à l’eau l’année suivante, notamment en raison des sanctions économiques imposées après l’annexion de la Crimée par la Russie. En plus, le promoteur doit affronter toute une série de recours juridiques, déposés par des riverains mécontents et surtout par les occupants récalcitrants des Damiers. Ces trois immeubles, qui appartenaient à la RATP, doivent être démolis pour laisser place aux tours jumelles. Six locataires sont encore dans les murs de l’un des immeubles.

Du côté de Paris La Défense, l’établissement public chargé d’aménager le quartier, on s’impatiente. A tel point qu’en juin 2019, sa directrice générale Marie-Célie Guillaume lance au site defense-92.fr que "le projet est terminé". Elle réclame une indemnité de 30 millions d’euros à Hermitage, liée à l’immobilisation des espaces. Début octobre, les tours jumelles, qui figuraient dans la maquette officielle du quartier, sont même remplacées par un carré blanc.

Iskenderov contre-attaque, quelques jours plus tard, en publiant un communiqué assurant que le chantier est toujours d’actualité. Il indique que les recours ont été définitivement purgés et que les travaux de désamiantage de l’un des immeubles des Damiers ont démarré. L’accord de principe avec Meritz, conclu le 25 novembre via son mandataire Igis Asset Management, doit déboucher, si les discussions aboutissent, sur la signature définitive d’un prêt-relais de 237 millions. Cette somme permettrait d'assurer la première phase de démolition et de préparation du site, qui s’achèverait fin 2020. Le promoteur a sollicité le Français Natixis pour l'aider à trouver le reste du financement pour la construction des tours (pour un budget de trois milliards d'euros au total), qu’il espère désormais livrer pour… les Jeux Olympiques de 2024.