Foot: Canal+ va conserver la L1, via un accord surprise avec BeIN Sports
Canal+ entend bien rester incontournable pour les fans de foot: après avoir récupéré une partie de la Ligue des Champions, le groupe de télévision payante va finalement rester le diffuseur de la Ligue 1, grâce à un accord négocié avec son rival BeIN Sports pour près de 330 millions d'euros.
C'est une revanche remarquable pour Canal+, qui avait perdu il y a quelques années les droits de diffusion du championnat français de football, à partir de la saison 2020, au profit de ses concurrents Mediapro et BeIN Sports.
Le groupe filiale de Vivendi va pouvoir finalement continuer à diffuser une partie de la compétition, grâce à un important accord en passe d'être conclu avec BeIN Sports.
Dans un communiqué commun, Canal+ et BeIN ont précisé qu'ils menaient des discussions exclusives en vue d'un partenariat de distribution et de sous-licence, d'une durée de 5 ans.
Dans ce cadre, BeIN Sports va revendre à Canal+ tous ses droits concernant la L1 sur la période 2020/2024, et ne diffusera donc pas lui-même cette compétition française.
Dans le détail, ces droits vont permettre à Canal+ de diffuser deux matches par journée de L1, dont 28 des 38 meilleures affiches de chaque saison, dès la prochaine saison (2020/2021). De son côté, le groupe espagnol Mediapro conserve les droits de diffusion des 10 meilleures affiches de chaque saison.
"Sur les 76 matchs faisant l’objet de cet accord, 57 matchs seront diffusés en exclusivité par Canal+ et 19 matchs seront co-diffusés avec Mediapro", a tenu à préciser la Ligue de football professionnel dans un bref communiqué, où elle dit "attend(re) de recevoir la copie du projet de contrat de sous-licence".
L'accord en discussion prévoit aussi que Canal+ proposera dans ses offres l'ensemble des chaînes de BeIN Sports et leurs contenus. Et, parallèlement, Canal+ deviendra, à partir de juin 2020, le distributeur exclusif de BeIN Sports en France, auprès de toutes autres plateformes et opérateurs. Ce volet distribution couronne les bonnes relations déjà existantes entre les deux groupes, puisque Canal+ était déjà le premier distributeur en France de BeIN Sports.
Dans un entretien au Figaro, le patron de Canal+ Maxime Saada a précisé que son groupe allait racheter les droits de diffusion de la L1 à BeIN Sports "à prix coûtant, soit 330 millions d'euros".
Cet accord fait suite à l'octroi des droits de diffusion en France de la très stratégique Ligue des champions, pour la période allant de 2021 à 2024, remportés par Canal+ et BeIN Sports (ainsi que TF1, qui diffusera la finale en clair).
- La pression monte sur Mediapro -
Avec ce double coup de théâtre, Canal+ fait son grand retour sur le marché français des droits du foot qui était devenu ces dernières années de plus en plus éclaté au profit de nouveaux acteurs, comme Mediapro (qui lui avait raflé la L1), ou RMC Sports (Altice), qui avait acquis les droits de la Ligue des Champions lors du précédent appel d'offres de l'UEFA.
Pour Canal+ et BeIN Sports, qui avaient tenté de s'unir en 2016, mais en avaient été empêchés par l'Autorité de la concurrence française, ce nouveau partenariat à tout d'un accord gagnant-gagnant.
Côté Canal+, il permet au groupe tricolore de remplumer son offre de contenus autour du tryptique foot, cinéma et séries, où il a signé une alliance avec le géant américain Netflix.
Quant à BeIN, il permet au groupe qatari de se concentrer sur ses grosses compétitions internationales, et de récupérer des fonds qui vont lui permettre de financer ses prochains appels d'offres, tout en sécurisant son avenir en France, alors que le marché tricolore était devenu particulièrement compliqué.
Enfin, il met clairement la pression sur le groupe espagnol à capitaux chinois Mediapro, jugé par de nombreux acteurs responsable de l'inflation des droits sportifs en France.
Face au retour en force de Canal+, le groupe ibérique, qui a accepté de payer la bagatelle de 800 millions d'euros par saison pour diffuser les meilleurs matches de la Ligue 1, va devoir redoubler d'efforts pour conquérir des abonnés et tenter de rentrer dans ses frais, alors que sa stratégie et sa capacité à l'exécuter suscitaient déjà beaucoup d'interrogations dans les milieux du foot et de l'audiovisuel.