L'Autriche n'interdira pas le glyposate en 2020
Malgré un vote au Parlement en juillet, la république alpine ne promulguera pas l'interdiction de l'herbicide controversé. Une faute de procédure a été évoquée.
by L'essentielL'Autriche ne sera pas le premier pays européen à bannir le glyphosate de ses sols: le gouvernement a invoqué lundi une faute de procédure pour infirmer un récent vote du Parlement qui prescrivait l'interdiction de l'herbicide à partir de 2020. Le gouvernement autrichien a écrit lundi au président du Parlement pour annoncer qu'il renonçait à promulguer la mesure votée en juillet, car la proposition de loi aurait dû faire l'objet d'une notification à la Commission européenne «afin que celle-ci et les États membres puissent formuler des observations».
«Cette notification n'a pas été faite en bonne et due forme», explique, dans son courrier, le gouvernement qui avait été pris de court par l'initiative du parlement: l'interdiction du glyphosate avait été approuvée grâce à une alliance des députés de l'opposition (sociaux-démocrates, Verts, extrême droite). Les députés avaient profité de la marge de manœuvre législative que leur avait laissée la chute du gouvernement conservateur de Sebastian Kurz, remplacé en mai par un cabinet d'experts. La chancelière Brigitte Bierlein a expliqué qu'une promulgation de la loi exposerait l'Autriche à «des risques juridiques».
Greenpeace vent debout
La licence d'utilisation du glyphosate dans l'Union européenne court jusqu'au 15 décembre 2022 et son sort fait débat dans de nombreux pays. En Autriche, aucune réflexion n'avait été engagée sur la mise en œuvre de la mesure depuis son vote au Parlement. Le monde agricole jugeait irréaliste l'entrée en vigueur en janvier 2020, même si, selon le Bauernbund, syndicat agricole issu du parti conservateur, le glyphosate n'est pas utilisé sur plus de 1% des surfaces agricoles du pays.
Greenpeace a qualifié ces explications de «stratagème» et de «prétexte» pour «stopper une loi réclamée par les Autrichiens». L'organisation souligne que dans un avis adressé à Vienne fin novembre, la Commission européenne n'émettait pas d'opposition formelle à l'application de la loi anti-glyphosate. Elle évoquait cependant un «risque d'infraction».