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Tiphaine Auzière ne s’est pas constituée partie civile lors du procès. PHOTO archives JEAN-PIERRE BRUNET - VDNPQR

Tiphaine Auzière, la belle-fille du président, harcelée jusqu’au chantage

Audience particulière, ce jeudi 5 décembre au tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer. Un jeune homme, âgé de 27 ans, était poursuivi pour avoir harcelé et menacé Tiphaine Auzière, la belle-fille d’Emmanuel Macron. Il a écopé de six mois de prison avec sursis.

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« Je voudrais revenir en arrière. C’était stupide ce que j’ai fait. Je regrette d’avoir harcelé madame Auzière », lâche en pleurs le prévenu qui rêvait d’effectuer un stage à l’Élysée.

Militant LREM, fasciné par la première dame Brigitte Macron, qu’il considérait comme une « mère spirituelle », il la sollicite par courrier mais n’obtient pas de réponse. « J’ai été déçu », sanglote-t-il à la barre.

Il se passionne alors pour l’histoire d’une petite fille atteinte d’une maladie grave que l’on ne peut soigner qu’aux États-Unis. Les parents ont lancé une cagnotte en ligne. Le jeune homme vide son maigre compte en banque et fait un don. En grande difficulté financière, il se tourne alors vers Tiphaine Auzière, la fille de Brigitte Macron, et la contacte via Facebook. « C’était comme une confidente », murmure-t-il. Il lui demande de l’argent. La jeune femme ne répondra pas.

À la même période, il est aussi en contact avec un conseiller du président. Une affinité intellectuelle semble avoir rapproché les deux hommes. S’appuyant sur leur correspondance, il déclare détenir sur une clé USB des éléments « préjudiciables à l’Élysée ». Il menace également Tiphaine Auzière et lui écrit : « Si je n’ai pas 2 500 ou 3 000 € sur mon compte avant le 30 août, ça fera un scandale d’État. J’ai pris contact avec des journalistes du Canard Enchaîné et de Médiapart ».

Un prévenu fragile

Lors de l’audience, il reconnaîtra qu’il n’a aucun dossier. Son profil psychologique, évoqué par Vincent Naegelin, président du tribunal, montre un trouble mental qui a altéré son discernement et un risque de passage à l’acte suicidaire.

Pour le procureur Philippe Sabatier, les faits sont établis sur le plan pénal. « Il a déstabilisé madame Auzière, la harcelant jusqu’au chantage. Cependant, il faut tenir compte des fragilités du prévenu. » Il exclut une peine de prison ferme au profit d’une prise en charge psychiatrique. Ce que plaide également Me Olivier Rangeon, avocat du jeune homme : « Mon client a idéalisé Madame Macron et sa fille. Il a perdu pied, tenu des propos délirants. Il ne détient aucun élément à révéler. »

Le délibéré

Le tribunal a reconnu les faits de chantage pour la période du 16 août au 6 septembre 2019. Le prévenu est condamné à six mois de prison avec sursis mise à l’épreuve pendant deux ans, une obligation de soins, de travail ou formation et l’interdiction d’entrer en contact avec Tiphaine Auzière. Cette dernière ne s’est pas constituée partie civile.

Le prévenu est un réfugié politique
D’origine arménienne, le prévenu est né en Azerbaïdjan et a rejoint la France avec sa famille en 2002 en tant que réfugié politique. Sa petite enfance a été douloureuse, malmenée au fil de conflits ethniques, écrasée sous le joug d’un père alcoolique et violent.
Néanmoins, le garçon poursuit de brillantes études et décroche de nombreux diplômes. Très cultivé, il parle sept langues et s’exprime dans un français parfait. À l’époque des faits, il est engagé auprès de La République en marche (LREM) à Paris. Son rêve est d’effectuer un stage à l’Élysée et devenir gardien de la paix.
Il ne respecte pas son contrôle judiciaire
Fragile, le jeune homme suit un traitement lourd. Il va de médecin en médecin pour obtenir psychotropes et neuroleptiques, un mélange qui lui fait perdre ses derniers repères. Ce qui déclenchera le chantage auprès de Tiphaine Auzière.
Placé sous contrôle judiciaire, l’homme n’a pas respecté certaines obligations, ce qui l’a conduit en détention provisoire. Un épisode éprouvant au cours duquel il a été agressé par des détenus.