Affaire de la sextape: la justice valide l'enquête contestée par Benzema
by Auteur(s): Par Céline AGNIEL et Anne LEC'HVIEN - Paris (AFP)L’éventualité d’un procès se rapproche pour Karim Benzema: la Cour de cassation a rejeté lundi son pourvoi dans l’affaire du chantage à la sextape de Mathieu Valbuena, dans laquelle l’attaquant du Real Madrid est mis en examen depuis 2015.
La star madrilène contestait les méthodes d'enquête employées dans ce dossier qui a brisé sa carrière internationale, les jugeant déloyales: lundi, la plus haute juridiction judiciaire lui a donné tort.
La Cour de cassation a estimé que les agissements d'un policier intervenu sous couverture étaient conformes au droit, mettant ainsi un coup d'arrêt aux divers recours formés notamment par la défense du joueur qui s'est toujours dit innocent.
Cette décision, qui n'est pas susceptible de recours en France, ouvre la voie à un éventuel procès en correctionnelle pour l'attaquant madrilène, ainsi que pour cinq autres personnes mises en examen dans ce dossier ouvert en juin 2015.
A l'époque, le footballeur Mathieu Valbuena, alors co-équipier de Karim Benzema en sélection, porte plainte, s'estimant victime d'une tentative de chantage après avoir reçu un appel l'informant de l'existence d'une sextape dans laquelle il apparaissait.
Une enquête est ouverte. Un commissaire de la PJ de Versailles se fait passer pendant plusieurs mois pour un négociateur missionné par le joueur. Ce policier n'aura de contacts qu'avec Younes Houass, un homme gravitant alors dans le milieu du football et qui a toujours contesté toute tentative de chantage.
Karim Benzema entre dans le dossier plus tard. En octobre, il évoque l'existence de la vidéo avec Valbuena lors d'un rassemblement de l'équipe de France à Clairefontaine: une simple conversation amicale pour le prévenir selon l'attaquant du Real, une injonction à payer d'après les enquêteurs.
Karim Benzema est peu après mis en examen pour "complicité de tentative de chantage" sur son ancien coéquipier en Bleu, ainsi que pour "participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un délit".
Cinq autres personnes, dont son ami d'enfance Karim Zenati et l'ancien footballeur international Djibril Cissé, seront aussi mises en examen.
- Décision "schizophrène" -
Depuis 2016, la défense de Karim Benzema, mais aussi celle de MM. Zenati et Houass, demande l'annulation de la procédure, arguant notamment que le stratagème utilisé par le policier constituerait une incitation à commettre une infraction -- ce qui est proscrit.
A l'été 2017, la Cour de cassation donne d'abord raison à la star madrilène. Mais en novembre 2018, la cour d'appel de Paris désignée pour statuer à nouveau refuse de suivre la haute juridiction, conduisant le joueur à se pourvoir de nouveau en cassation.
"Evidemment, c'est une déception. Il y a quelque chose de schizophrène dans le fait que la Cour de cassation dise le contraire de ce qu'elle avait dit il y a deux ans", a réagi lundi auprès de l'AFP l'avocat de Karim Benzema, Me Patrice Spinosi.
"Pour autant, Karim Benzema n'a jamais craint de devoir faire face à ses juges devant lesquels ils s'expliquera sur son absence d'implication dans cette affaire, s'il est renvoyé devant un tribunal", a-t-il ajouté.
Samim Bolaky, qui défend M. Houass, a indiqué envisager un recours devant la Cour européenne des droits de l'Homme. "Nous sommes confiants dans notre capacité à démontrer que M. Houass est innocent des faits qu'on lui impute", notamment dans le cadre de l'instruction "qui n'est pas terminée", a-t-il souligné.
Au contraire, Frédéric Thiriez, conseil de M. Valbuena, s'est dit "très satisfait".
"Cette décision d'assemblée plénière va bien au-delà de cette affaire particulière de sextape. (...) C'est la sagesse. Il eut été singulièrement inconscient de désarmer la police de la République dans ces temps troublés", a-t-il estimé.
Depuis cette affaire, les deux joueurs n'ont plus jamais été sélectionnés en équipe de France.