Trente jeunes de l'Allier s'essaient à la Marine nationale pendant un an
Ils s’appellent Louis, Bethsaïda, Luis, Linda, Thomas, Célia, Hugo, Alicia… Ont entre 16 et 17 ans. Leur point commun : ces adolescents de l’Allier sont engagés dans la préparation militaire marine (PMM) du département. Soit un « avant-goût de sel ». Certains choisiront ensuite de s’engager dans la Marine nationale.
Mourir au combat, ça ne leur fait pas peur. Même au vu des événements récents au Mali.
« C’est dans le contrat, relève, Louis, lycéen à Paul-Constans, à Montluçon. Ça fait quand même un peu peur, mais je mourrais pour quelque chose. Je veux être sur le terrain, aider les personnes, dans les pays étrangers, je veux bouger, être sur le pont s’il y a des combats ».
Le jeune homme est inscrit à la préparation militaire marine, un stage sur toute l’année scolaire, qui réunit trente jeunes de l’Allier, douze filles, quatorze garçons, un samedi sur deux, à Cusset.
Là, ils apprennent « la rigueur, la cohésion, la solidarité ». Pendant une semaine, en février, ils auront même droit à du « grandeur nature » sur la frégate Auvergne.
Pourquoi s'engagent-ils ?
Un premier contact qui leur permet d’affiner leurs envie. « Je veux m’engager, affirme Linda, 17 ans, en filière commerce à Montluçon. Je veux être active, pas rester sur ma chaise. Je suis curieuse de voir comment ça va se passer. J’aime les risques ! J’avoue que porter l’uniforme me fait aussi rêver. Après le bac, j’aimerais faire l’École de maistrance [qui incorpore et forme les futurs officiers mariniers, ndlr]. Mon ambition serait de devenir major et montrer que les femmes aussi en sont capables. Les places sont chères mais il ne faut pas se dévaloriser ».
Pour Thomas aussi, actuellement en terminale L au lycée Madame-de-Stael à Montluçon, le projet est précis. La filière littéraire n’est finalement pas pour lui. Il vise « les fusiliers marins, après une école de maistrance ».
À l’issue de cette année de préparation, environ « 30 % des jeunes s’engagent dans la Marine nationale, compte le capitaine Laurent, ancien chef de centre. Pas immédiatement, mais dans les trois à cinq ans. On leur conseille aussi de finir leurs études, le bac, un BTS… avant de s’engager ».
Pourquoi l'Allier est-elle une terre de marins ?
Mais comment se fait-il que l’Allier soit une telle terre de marins, à des centaines de kilomètres de la moindre mer ?
« La Marine a toujours recruté partout en France, et pas uniquement en Bretagne ou vers Marseille, avance l’amiral Soudan, fraîchement retraité et installé dans le Bourbonnais, et qui fut entre autres, ancien directeur de l’École navale. Dans l’Allier, il y a une spécificité, trois villes sont marraines, Moulins avec le sous-marin Le Casabianca, Montluçon et la frégate Auvergne, ainsi que Lapalisse avec le navire Commandant Blaison. Mais au-delà de ça, s’ils s’engagent, c’est parce que souvent, ils entendent un témoignage, ont lu quelque chose, ont un membre de la famille qui y est, comme moi, avec mon grand-père. C’est une sorte d’appel. Et puis ce qui est beau, c’est qu’on a des responsabilités, très jeune. »
Quels sont les besoins de la Marine ?
L’enseigne de vaisseau Maugenest, nouvelle chef de centre pour les jeunes matelots, précise : « On a beaucoup de jeunes de Montluçon, du lycée Paul-Constans, cette année – la moitié des effectifs –, car le Cirfa de Clermont-Ferrand a signé un partenariat avec l’établissement. Il faut dire que ça colle parfaitement avec la recherche de jeunes qui ont fait des études spécialisées. La marine nationale cherche des techniciens, dans une cinquantaine de métiers et à tous les niveaux, par exemple électricien, mécanicien… Je suis par ailleurs enseignante dans un lycée et je constate que les jeunes sont dans l’ensemble, très attirés par l’armée. On a eu une génération qui rejetait les militaires avec une grande force. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas ».
Chaque année, la marine nationale recrute 3.500 personnes, dont une centaine au sein de l’école des mousses, dès la 3e.
Mathilde Duchatelle