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Christian Jacob, président des Républicains (LR) en octobre 2019 à Paris AFP/Archives - Martin BUREAU

Retraites: la droite cherche à se démarquer

Amputée de ses thèmes de prédilection par l'exécutif depuis deux ans et demi, la droite cherche à se démarquer sur le chantier des retraites, un exercice délicat pour une famille politique convaincue de la nécessité de réformer.

"On ne soutient pas la grève, on ne soutient pas le projet, on soutient la majorité silencieuse", a affirmé début décembre le patron des députés Les Républicains Damien Abad, résumant la ligne de crête pour le parti.

Le projet voulu par Emmanuel Macron s'inscrit dans la lignée de réformes initiées par l'UMP: allongement de la durée de cotisation des fonctionnaires en 2003, réforme des régimes spéciaux en 2007, report de 60 à 62 ans de la retraite en 2010...

"Les seuls qui ont réformé le système des retraites, c'est la droite", a rappelé le président des Républicains Christian Jacob le 4 décembre.

Difficile, dans ces conditions, de trouver l'angle d'attaque face à une réforme visant elle aussi les régimes spéciaux.

Après un moment de flottement où des divergences ont pu s'exprimer, notamment sur l'opportunité d'un système "à points", le parti a arrêté les grands axes de sa position.

Alignement des règles du public sur le privé, défense des petites retraites... "On a fait clairement le choix de la mesure d'âge, c'est à dire d'allonger la durée de cotisation" avec un départ en retraite sans doute "autour de 64 ans", selon M. Jacob.

Pour le patron de la région Hauts-de-France (ex-LR) Xavier Bertrand, "en 2030, si vous n'avez pas deux années d'activité en plus, on ne pourra pas payer les retraites de tout le monde".

Autre angle d'attaque: la pénibilité, domaine où "on a une crédibilité historique car c'est nous qui avons créé" le concept, note le numéro 3 du parti, Aurélien Pradié.

- "Crédibilité" -

Mais c'est surtout sur la méthode que la droite concentre ses critiques. "Flou", "catastrophique", "anxiogène"...

"Le gouvernement a réussi cette prouesse incroyable de crisper la France (...) sans avoir mis sur la table un vrai projet", a affirmé samedi l'eurodéputé François-Xavier Bellamy.

Selon un sondage Harris interactive publié lundi, 68% des Français soutiennent le mouvement de grève, dont 53% des électeurs de François Fillon.

"Il y a un poison dans la réforme des retraites qui est le soupçon d'injustice", estime M. Pradié.

C'est ce flottement que compte exploiter la droite. "Le masque du Macron réformateur est en train de tomber: notre électorat se rend compte que le personnage est plus un matamore qu'un héros", assure M. Pradié.

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La nouvelle équipe dirigeante des Républicains autour de Christian Jacob le 23 octobre 2019 (AFP/Archives - DOMINIQUE FAGET)

Un point essentiel pour une droite qui peine à stopper l'hémorragie de son électorat vers Emmanuel Macron.

"Une partie, de 40 à 50%, sont d'anciens électeurs de droite partis sur la promesse réformatrice" du chef de l'Etat, avec en filigrane "une critique de leur ancien camp: Emmanuel Macron fait ce que la droite n'a pas fait avant", souligne Bernard Sananès, le président de l'institut Elabe.

Pour eux "la semaine est décisive", ajoute-t-il, car c'est à eux notamment que le Premier ministre va s'adresser mercredi avec le détail des réformes.

"La droite nous pousse très clairement à la faute", a reconnu lundi Gilles Le Gendre sur LCI. "La droite, nos oppositions, souhaitent que nous échouions".

Mais Les Républicains savent que les difficultés de l'exécutif sur ce dossier ne suffiront pas à redresser leur parti tombé à 8,5% des voix aux européennes.

"Ce n'est pas uniquement sur les faiblesses de l'adversaire qu'on gagnera", a averti le 30 novembre Christian Jacob , pour qui "on redeviendra crédibles, audibles, à partir du moment où on pourra reconstruire un projet d'alternance".

LR doit dévoiler le détail de ses propositions sur les retraites dans les jours à venir, en se plaçant dans cette logique d'alternance.

"On ne proposera rien aux Français qu'on ne soit capable de tenir", assure M. Pradié, qui résume l'enjeu: "Pour nous, c'est un rendez-vous de crédibilité".