Dopage : l'exclusion de la Russie des Jeux olympiques est "un coup d'arrêt à sa diplomatie sportive"

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Selon Carole Gomez, spécialiste du sport dans les relations internationales, la décision de l'Agence mondiale antidopage d'exclure la Fédération de Russie des Jeux olympiques pourrait remettre en question l'importance de la Russie sur la scène sportive internationale.

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Le président du Comité olympique russe, Stanislav Pozdnyakov, tient une conférence de presse, le 9 décembre 2019. (ALEXANDER NEMENOV / AFP)

L'Agence mondiale antidopage exclut pour quatre ans la Russie des Jeux olympiques et de la Coupe du monde 2022 de football au Qatar. Selon Carole Gomez, chercheuse à l'IRIS, spécialiste du sport dans les relations internationales, invitée lundi 9 décembre sur franceinfo, cette décision est un coup d'arrêt porté à la diplomatie sportive de la Russie et pourrait porter atteinte à sa place sur la scène internationale.

franceinfo : Cette exclusion était redoutée par la Russie mais également très attendue ?

Carole Gomez : C'est une décision qui s'est peaufinée au fur et à mesure de l'année 2018. On a vu la multiplication des décisions et des déclarations inquiétantes pour la Russie, mais il ne faut pas considérer qu'elle est définitive puisque elle laisse la possibilité à la Russie de contester cette décision et de la porter devant le tribunal arbitral du sport qui devra statuer définitivement sur ce cas au cours du 1er semestre 2020.

En termes d'image, est-ce que c'est catastrophique pour le sport russe ?

Ce n'est pas du tout une bonne nouvelle pour Moscou et plus largement pour la Russie, puisque cette décision est un des derniers épisodes d'une série de scandales qui avaient débuté en décembre 2014 avec la publication d'un documentaire qui justement mettait en exergue les différentes manipulations qu'il avait pu y avoir dans le cas du sport. Et l'on sait à quel point Vladimir Poutine depuis son arrivée au pouvoir dans les années 2000 avait fait du sport une véritable vitrine pour revenir s'installer et devenir une puissance sportive, mais aussi pour s'affirmer sur la scène internationale. Donc c'est clairement un coup d'arrêt qui est porté à cette diplomatie sportive. Maintenant il faudra surtout voir dans quelles proportions puisque ce n'est pas simplement une décision de principe, c'est une interdiction pour la Russie d'organiser des grands événements sportifs, de participer à des championnats du monde, de participer aux Jeux olympiques de la jeunesse, aux Jeux olympiques et paralympiques, ce sont des décisions très contraignantes pour le comité olympique russe.

On sait que Vladimir Poutine a beaucoup investi dans le sport ces dernières années avec les Jeux de Sotchi et le Grand prix de Formule 1. C'est un coup d'arrêt à sa politique dans le sport en général ?

C'est une question qui est encore un peu indécise, puisque si on sait qu'il y a eu un effort qui a été continuellement fourni à partir des années 2005 jusqu'en 2018 avec l'accueil de la Coupe du monde masculine de football en Russie, on ne savait pas exactement comment allait se préciser cette diplomatie sportive après l'année 2018-2019. Là, ce qui est sûr, c'est qu'avec cette décision-là, si elle est confirmée tout ou partie par le tribunal arbitral du sport, l'importance de la Russie sur la scène internationale va être remise en question, tant en termes d'affichage puisqu'il n'y aura pas d'hymne ni de drapeau russe, mais aussi en termes d'organisation de grands événements sportifs où la Russie particulièrement active. Le fait d'avoir une bannière et un hymne national permet de montrer la puissance d'un pays sur la scène internationale. Cela va clairement porter atteinte à l'image de la Russie sur le plan international.

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