Réunion de soutien au Liban : Aoun et Kubis affinent les préparatifs
La diplomatie française confirme la tenue, le 11 décembre, de la réunion du GIS.
Le président libanais Michel Aoun a reçu lundi matin au palais de Baabda le coordonnateur spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Liban, Jan Kubis, dans le cadre des préparatifs de la réunion du Groupe international de soutien au Liban, prévue mercredi à Paris et dont la tenue a été confirmée dans la journée par la diplomatie française. Cette réunion vise à mobiliser tous les soutiens nécessaires pour aider le Liban à sortir de la grave crise économique qu'il traverse.
Lors de son entretien avec le responsable onusien, le chef de l'Etat a indiqué qu'une délégation officielle représentera le Liban lors de la réunion de Paris, exprimant l'espoir que cette réunion "donne des résultats concrets illustrant le soutien des pays membres du Groupe de soutien au Liban qui se trouve dans une situation économique délicate". De son côté, M. Kubis a déclaré que la réunion sera "un signe fort du soutien des pays du Groupe de soutien au Liban".
Le groupe de soutien au Liban est composé de la France, l’Allemagne, l’Italie, la Russie, le Royaume-Uni, les États-Unis, la Chine, l’Union européenne, les Nations Unies et la Ligue arabe. Des représentants de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis sont également attendus à la réunion de Paris.
Selon les médias locaux, la délégation envoyée par Beyrouth comprendra notamment le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Hani Chmaytelli, le directeur général du ministère des Finances, Alain Bifani, la directrice générale du ministère de l'Economie, Alia Abbas et la conseillère du Premier ministre sortant Saad Hariri, Hazar Caracalla.
(Lire aussi : La crise profite-t-elle au « Made in Lebanon » ?)
Conditions et réformes attendues
Lundi, le ministère français des Affaires étrangères a confirmé la tenue, le 11 décembre prochain, d'une réunion de travail du Groupe international de soutien au Liban (GIS), coprésidée par la France et les Nations unies. "Cette réunion doit permettre à la communauté internationale d'appeler à la formation rapide d'un gouvernement efficace et crédible, qui prenne les décisions nécessaires au rétablissement de la situation économique et réponde aux aspirations exprimées par les Libanais", indique le ministère dans un communiqué. Et la diplomatie française de souligner qu'il s'agit de "préciser les conditions requises et les réformes indispensables attendues de la part des autorités libanaises pour que la communauté internationale puisse accompagner le Liban".
Craignant une pénurie des produits de première nécessité importés, le Premier ministre sortant Saad Hariri avait adressé vendredi des courriers aux dirigeants des principaux pays fournisseurs du Liban afin que ces derniers garantissent les crédits nécessaires pour le financement des importations de produits agroalimentaires et de matières premières. Ces craintes surviennent alors que l'accès au dollar américain est très limité, depuis plusieurs mois, sur le marché libanais. Les importateurs de nombreux secteurs ne peuvent dès lors plus payer leurs fournisseurs, à moins de convertir leurs livres libanaises en dollars à un taux très élevé, provoquant une augmentation des prix des biens de consommation. Saad Hariri avait déjà envoyé, il y a quelques semaines, un courrier similaire à la délégation de l’Union européenne au Liban, afin de demander le déblocage d’un milliard d’euros sous forme de crédits de facilités aux importateurs, alloués à travers les établissements bancaires.
La question de l’ouverture de ces lettres de crédit par les principaux partenaires commerciaux du pays n’est pas officiellement à l’ordre du jour de la réunion du GIS). Mais une source gouvernementale libanaise, interrogée par L'OLJ, n'a pas exclu pas que certains d’entre eux, qui siègent aussi au GIS, fassent des annonces dans ce sens.
Le gouvernement de Saad Hariri avait démissionné le 29 octobre, sous la pression de la rue. Les consultations parlementaires contraignantes en vue de nommer un Premier ministre, qui étaient prévues aujourd'hui, ont été reportées d'une semaine après le désistement de Samir Khatib - jusque là donné favori pour diriger le prochain cabinet - au profit d'un retour de M. Hariri.
La situation économique et financière du Liban, très précaire avant le début de la contestation, le 17 octobre, s'est profondément dégradée depuis. La Banque mondiale prévoit une récession économique pour 2019 avec un recul du Produit intérieur brut de 0,2%. Environ un tiers des Libanais vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'organisation, tandis que le chômage, qui atteint plus de 30% chez les jeunes, n'a eu de cesse de grimper ces dernières années.
En avril 2018, le Liban avait obtenu de la part de la communauté internationale son engagement à mobiliser pour le pays du Cèdre 10,2 milliards de dollars de prêts, dont 9,9 milliards à des taux bonifiés, et 860 millions de dollars de dons, destinés principalement à bonifier ces prêts, lors de la Conférence économique pour le développement par les réformes et avec les entreprises (CEDRE). En échange de cet engagement, le Liban devait de son côté mener une série de réformes infrastructurelles.