Cédric Cambon après l’élimination de l’USO à Rouen : "On est une équipe de petits cons"

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Le discours de Cédric Cambon servira-t-il d’électrochoc ? Photo archives Pascal Proust

Un bon quart d’heure après l’élimination sans gloire de la Coupe de France, samedi 7 décembre à Rouen, Cédric Cambon ne s’est pas défilé. Sur le parking du stade Robert-Diochon, le défenseur orléanais a lâché ce qu’il avait sur le cœur. Le ton est posé mais la colère est là. Attention, ça décape !

De match en match, on a l’impression que rien ne s’arrange…

"Oui, mais on n’a que ce qu’on mérite. On est une équipe de petits cons. On ne respecte pas le football."

Comment expliquez-vous cette élimination ?

"On fait une bonne première mi-temps. On pensait que Rouen allait nous mettre plus la pression, cela n’a pas été le cas. On était bien en place, on les faisait courir et on sentait qu’ils commençaient à souffrir. À la pause, on se dit qu’il faut continuer à jouer, à les faire courir et ils vont exploser. Et puis, on a arrêté de jouer. On a dû faire cinq-six passes en deuxième période. La volonté est là, mais on ne respecte pas les consignes. C’est incompréhensible."

C’est un problème mental ?

"Pfff… Mais qu’est-ce qu’on a dans la tête ? On pense qu’on va se sauver tout seul ? J’aimerais être dans la tête de tous les jeunes. Je ne comprends pas. Aujourd’hui, j’ai pris un gros coup au moral. J’étais déjà inquiet mais là, je suis peiné et triste. On peut me reprocher des choses mais c’est la première fois que je vis ça. Il n’y a pas d’âme dans cette équipe, en fait."

Avez-vous eu des craintes dès le début de la saison ?

"Non, non, même à l’automne. On a toujours espoir. Mais là, aujourd’hui, je ne vois pas. Je ne sais pas comment on va s’en sortir. On n’arrive pas à imposer quelque chose à Rouen, avec tout le respect que j’ai pour cette équipe. S’il n’y a pas un déclic dans les têtes et dans l’état d’esprit, comment va-t-on faire ? Ou on n’a pas conscience de la situation ou on s’en fout. Certains pensent peut-être que si on descend, ils retrouveront quelque chose. Ils ne vont rien retrouver, oui. On va tous être à la rue, aller en National ou au chômage. Ce n’est pas avec trois matches de L2 que l’on peut prétendre à quoi que ce soit."

Une solution existe-t-elle ?

"Déjà, il faut arrêter de se chercher des excuses. Il faut se recentrer chacun sur soi, se regarder dans une glace, faire son autocritique, son bilan. J’ai pris la parole dans le vestiaire et j’ai dit le fond de ma pensée. J’aimerais que l’on comprenne que la situation est grave et que ce n’est pas avec cet état d’esprit-là que l’on va s’en sortir. Il faut penser à faire des sacrifices pour l’équipe, et ne pas penser à soi. J’ai l’impression que chacun fait son petit truc, on joue, on joue pas. Il n’y a pas d’âme, je le répète, on subit les choses. Si on continue comme ça, on est mort."

Si des joueurs expérimentés comme vous et censés remonter les troupes, sont dans cet état, c’est inquiétant.

"Mais oui, je le répète, c’est inquiétant. Ce n’est pas un aveu d’abandon, c’est être lucide. Je n’ai pas fait une grande carrière mais je connais un peu le football quand même. Attention, ce n’est pas parce que je vous tiens ce discours que je vais abandonner, non ! Je ne vais pas lâcher parce que j’ai 33 ans, c’est peut-être mes dernières années à ce niveau, et je n’ai pas envie de les gâcher. Donc, oui, je vais me battre mais je ne dois pas être tout seul. Ce qui m’emmerde surtout, c’est que l’on passe pour des cons. À 33 ans, j’ai passé l’âge, j’ai autre chose à foutre. Maintenant, on n’a pas le choix : il faut se bouger le cul."

Patrick Paumier