Wall Street recule prudemment sur fond de craintes économiques
by Jean-Noël LegallandWall Street recule prudemment sur fond de craintes économiques
(Boursier.com) — Wall Street perd du terrain avant bourse ce lundi, sur fond d'inquiétudes relatives notamment à l'économie chinoise et à l'impact de la guerre commerciale. Le S&P500 et le Nasdaq abandonnent 0,1 environ en pré-séance. L'indice historique Dow Jones perd lui aussi 0,1%. L'indice dollar régresse de 0,1% à 97,6. Sur le segment des matières premières, le baril de brut WTI corrige de 1,2% et le Brent de la mer du Nord de 1%.
Ainsi, les marchés, soutenus en fin de semaine dernière par de solides chiffres de l'emploi américain, adoptent en ce début de semaine une attitude plus réservée. Le recul inattendu des exportations en Chine en novembre, constituant la quatrième baisse consécutive, affecte le moral des investisseurs. D'après les douanes chinoises, les livraisons à l'étranger ont corrigé de 1,1% en novembre en rythme annuel, contre -0,9% en octobre et +1% pour le consensus des économistes.
Ces mauvais chiffres ravivent donc les craintes économiques liées à la guerre commerciale sino-américaine, qui dure depuis désormais plus d'un an et demi. Les opérateurs appréhendent par ailleurs l'échéance du 15 décembre, qui doit marquer l'entrée en vigueur de taxes douanières additionnelles de l'administration Trump portant sur plus de 150 milliards de dollars de marchandises importées de Chine. Il reste donc bien peu de temps pour sceller un accord commercial de phase 1 entre USA et Chine incluant la suspension de ces tarifs douaniers et la levée potentielle de mesures antérieures. Aux dernières nouvelles, certains points cruciaux resteraient en suspens concernant la protection contre le vol de propriété intellectuelle et le mécanisme de mise en application. Ce lundi, le vice-ministre chinois du Commerce a précisé qu'il espérait un accord le plus rapidement possible.
Il n'y aura pas de statistique de conjoncture ce lundi outre-Atlantique. Caseys General Stores et Toll Brothers annonceront leurs comptes trimestriels après bourse à Wall Street ce soir.
Le rendez-vous économique majeur de la semaine aux États-Unis est celui de la réunion monétaire de la Fed, qui se tient demain mardi et mercredi. Le communiqué monétaire de la Banque centrale américaine est attendu à 20 heures mercredi soir, avant la conférence de presse de Jerome Powell qui aura lieu à 20h30. Selon l'outil FedWatch du CME Group, la probabilité d'un statu quo monétaire (taux inchangés entre 1,50 et 1,75%) le 11 décembre serait de plus de 99%, ce qui laisse donc peu de suspense.
La Bourse de New York a terminé la semaine dernière en hausse, saluant vendredi la publication de créations d'emplois nettement supérieures aux attentes en novembre aux Etats-Unis, assortie d'une nette amélioration du moral des ménages en décembre... Des chiffres qui ont rassuré sur la santé économique des Etats-Unis. Par ailleurs, Donald Trump a répété que les négociations commerciales entre Américains et Chinois avançaient bien, ce qui a entretenu les espoirs d'un accord. Le pétrole a progressé, alors que les pays de l'Opep+ se sont accordés pour réduire davantage leur production en 2020. A la clôture, l'indice Dow Jones a gagné 1,22% à 28.015 points, tandis que l'indice large S&P 500 a grimpé de 0,91% à 3.145 pts et que le Nasdaq Composite, riche en valeurs technologiques, s'est apprécié de 1% à 8.656 pts.
Très attendus par les marchés, les chiffres de l'emploi en novembre outre-Atlantique sont donc ressortis plus solides que prévu. Le nombre de créations d'emplois a atteint 266.000 en novembre, contre 180.000 attendus par le consensus Refinitiv, et les chiffres de septembre et d'octobre ont en outre été revus en nette hausse (+41.000 sur les deux mois). Le taux de chômage est, lui, retombé à 3,5% (-0,1 point) sous l'effet d'un taux de participation en légère baisse (-0,1 point à 63,2%). Ces bons chiffres sont en partie liés au retour au travail des salariés de General Motors, après leur grève historique de 40 jours, mais également à la solidité du secteur de la santé et des services. Quant aux salaires horaires, ils ont aussi augmenté plus vite que prévu, de 3,1% en novembre par rapport à novembre 2018.
Sur le front économique ce jour, le climat des affaires s'est légèrement dégradé en novembre dans l'industrie française. L'indicateur de la Banque de France a en effet perdu un point le mois passé, à 97. En outre, selon l'indicateur synthétique mensuel d'activité de la BdF, le produit intérieur brut progresserait de 0,2% au quatrième trimestre... Une deuxième estimation de la BdF identique à la première.
Ailleurs en Europe, la balance commerciale allemande est ressortie excédentaire de 20,6 milliards d'euros en octobre contre +19 MdsE de consensus. L'indicateur Sentix de confiance des investisseurs en zone euro a dépassé les attentes à +0,7.
Les valeurs
Merck, le géant pharmaceutique américain, a conclu un accord avec ArQule Inc. en vue de son acquisition pour 20$ en cash par action, soit un montant total de 2,7 milliards de dollars en numéraire. La finalisation du rachat de cette firme biotechnologique est attendue durant le premier trimestre 2020, plutôt en début de période. Le 'deal' en question doit booster le portefeuille de Merck dans le domaine de l'oncologie. Le principal traitement potentiel d'ArQule est l'ARQ 531, inhibiteur BTK en phase 2 pour le traitement de cellules B malignes. Coté sur le Nasdaq, ArQule Inc. bondit de plus de 100% avant bourse à Wall Street à 19,5$. Chez Merck, le blockbuster Keytruda d'immunothérapie du cancer a franchi les 3 Mds$ de ventes sur le dernier trimestre.
Synthorx flambe pour sa part de près de 170% en pré-séance à Wall Street. Le Français Sanofi et le Californien Synthorx, groupe de biotechnologie spécialisé dans le développement de traitements visant à prolonger et améliorer la vie des personnes atteintes de cancer ou de troubles auto-immuns, ont conclu un accord définitif en vertu duquel Sanofi se portera acquéreur de la totalité des actions en circulation de Synthorx à raison de 68 dollars par action, ce qui représente une transaction en numéraire valorisée 2,35 milliards de dollars. Cette opération a été approuvée à l'unanimité par les Conseils d'administration de Sanofi et de Synthorx. Le prix d'acquisition de 68 dollars par action représente une prime de 172 % par rapport au cours de clôture de Synthorx le 6 décembre. Sanofi financera cette opération avec sa trésorerie disponible.
Alphabet (Google), Alibaba et d'autres géants de la 'tech' pourraient être contraints à partager leurs données sur les clients de services financiers avec des banques et firmes de technologies financières afin d'éviter une concurrence abusive, croit savoir Reuters, qui évoque un rapport du Financial Stability Board (FSB), organisme international de surveillance du système financier mondial. Le FSB recommande un contrôle vigilant de l'entrée des géants technologiques sur le marché des services financiers.