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Manifestation des personnels hospitaliers, à l'appel de l'intersyndicale CGT-FO-SUD et du collectif Inter-urgences, le 2 juillet 2019 à Paris.
Photo Marc Chaumeil pour Libération

La France est-elle vraiment le pays où l'on fait grève le plus souvent ?

Plusieurs classements des pays en fonction du nombre de jours non travaillés existent. La France se situe souvent parmi les premiers, mais la comparaison est difficile.

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Question posée le 03/12/2019

Bonjour,

La France est souvent taxée d’être la championne du monde de la grève. Ces derniers jours, plusieurs médias ont tâché de répondre à la question que vous nous posez. Plusieurs sources sont utilisées pour comparer les pays.

L’Institut syndical européen (Etui) propose une carte de l’Europe du «nombre moyen de jours non travaillés en raison d’action syndicale pour 1 000 salariés au cours des périodes 2000-2009 et 2010-2017» dans 31 pays européens. Et selon ce classement, la France n’est pas «championne du monde des grèves», comme l’a rappelé jeudi 5 décembre l’Etui lui-même sur Twitter.

D’après l’institut, la France arrive en seconde place derrière Chypre entre 2010 et 2017, avec 125 jours de grève par an contre 316 pour l’Ile. Vient ensuite la Belgique avec 96 jours non travaillés.

Des classements différents selon le panel et la période choisie

D’autres classements, notamment ceux de l’Institut économique allemand de Cologne et de l’Institut économique de la fondation Hans-Böckler, comparent le nombre de jour de grève moyen par an pour 1 000 salariés avec un autre panel de pays dans lequel Chypre ne figure pas. La France arrive alors en tête de liste avec environ 120 jours par an.

De son côté, l’Organisation internationale du travail (OIT) situe l’Hexagone à la cinquième place avec 131 journées non travaillées en 2016, derrière l’Argentine, la Nouvelle-Zélande, la Finlande et le Royaume-Uni.

Cette différence s’explique de deux façons. Tout d’abord, l’Argentine ne figure pas dans les panels utilisés par les deux instituts allemands. Ensuite, ces derniers calculent la moyenne du nombre de jours non travaillés par an sur une période donnée pour comparer les pays. L’OIT compile de son côté des données annuelles communiquées par les pays. Et «tous les pays ne rapportent pas ces statistiques à l’OIT chaque année», nous indique l’institution. L’Argentine de 2017 est ainsi comparée avec la France de 2016 et la Finlande de 2014.

Des données peu comparables

Au-delà des différentes méthodologies, les données disponibles, très fluctuantes selon les pays, sont peu comparables comme le remarquent les instituts eux-mêmes. «Veuillez noter que des pays ne sont plus couverts comme la Grèce et l’Italie, que plusieurs pays comme l’Espagne excluent certaines grèves et que pour d’autres pays, il n’existe pas toujours des données selon les années», précise d’emblée Kurt Vandaele, de l’Etui, à CheckNews.

En France, le nombre de journées de grèves est calculé par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) dans le secteur privé «sur la base d’une enquête menée auprès d’entreprises de 10 salariés ou plus», précise l’Etui. Pour le secteur public, c’est la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) qui mesure, mais uniquement pour la fonction publique d’Etat et «certaines entreprises semi-publiques». Sont donc exclues les fonctions publiques territoriale et hospitalière. Par ailleurs, les données de la DGAFP «se chevauchent avec celles de la Dares pour les entreprises semi-publiques», précise l’Etui.

Ailleurs, les règles sont différentes. En Espagne et en Allemagne, certaines grèves générales ne sont pas comptabilisées, précise l’Institut économique de la fondation Hans-Böckler, dans une note récapitulative de 2019. «En Grande-Bretagne, les arrêts de travail de 10 participants ou plus et d’une journée ne sont pas inclus. Aux Etats-Unis, en revanche, seules les grèves d’au moins 1 000 participants sont prises en compte. Tandis qu’au Danemark, il n’y a pas de limites et même le plus petit arrêt de travail compte», peut-on aussi lire.

Cordialement

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