http://sport24.lefigaro.fr/var/plain_site/storage/images/football/coupe-du-monde/actualites/attribution-du-mondial-2022-au-qatar-l-enquete-confiee-a-un-juge-d-instruction-985100/26603265-1-fre-FR/Attribution-du-Mondial-2022-au-Qatar-l-enquete-confiee-a-un-juge-d-instruction.jpg

Attribution du Mondial 2022 au Qatar : l'enquête confiée à un juge d'instruction

Une information judiciaire a été ouverte pour «corruption active et passive» dans le cadre de l'attribution de la Coupe du monde 2022.

by

L'enquête sur les conditions d'attribution de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar, jusqu'à présent conduite sous l'égide du parquet national financier (PNF), a été récemment confiée à un juge d'instruction, a indiqué lundi le parquet à l'AFP. L'information judiciaire a été ouverte notamment pour «corruption active et passive», a précisé le parquet, confirmant une information de Mediapart. Le 18 juin dernier, Michel Platini avait été placé en garde à vue et entendu dans les locaux de l'Office anticorruption de la police judiciaire, à Nanterre dans le cadre des investigations sur l’attribution du Mondial 2022. L’ex-secrétaire général de l’Élysée Claude Guéant, lui, avait été auditionné sous le statut de «suspect libre».

Déjeuner au sommet et «message subliminal» pour Platini

Le Parquet national financier enquêtait sur «des faits présumés de corruption active et passive de personnes n’exerçant pas de fonction publique». Une ancienne conseillère de Nicolas Sarkozy, Sophie Dion, avait également été placée en garde à vue dans le cadre de cette enquête. Michel Platini, qui avait indiqué avoir donné sa voix au Qatar lors du vote d’attribution, le 2 décembre 2010, de la Coupe du monde 2022, avait déjà été auditionné comme témoin dans cette enquête en décembre 2017. Il avait été notamment interrogé sur un déjeuner organisé à l'Élysée, le 23 novembre 2010, auquel il avait participé en compagnie de Nicolas Sarkozy, le président de la République de l'époque, le prince héritier du Qatar, Tamin Ben Hamad al-Thani, et Claude Guéant, alors secrétaire général de l'Elysée.

Michel Platini avait indiqué aux enquêteurs avoir perçu lors de ce déjeuner «un message subliminal» l’invitant à voter pour le Qatar pour l'organisation du Mondial 2022 alors que les Etats-Unis avaient eu un temps sa préférence, tout en affirmant que Nicolas Sarkozy ne lui avait «rien imposé» dans des propos relayés par L'Equipe. Selon France Football cité par Mediapart, «au cours de cette réunion, il a tour à tour été question du rachat du PSG par les Qataris (devenu effectif en juin 2011), d'une montée de leur actionnariat au sein du groupe Lagardère, de la création d'une chaîne de sport (BeIN Sports) pour concurrencer Canal+ (...) en échange d'une promesse : que Platini ne donne pas sa voix aux États-Unis, comme il l'avait envisagé, mais au Qatar». 

«Arrangement diplomatique» selon Blatter

«Je voulais aussi que la Coupe du monde soit organisée dans un pays et une partie du monde qui ne l'avaient jamais accueillie. J'ai toujours agi en toute transparence, en appelant Sepp Blatter (alors président de la FIFA), dès la sortie du déjeuner, pour l'informer de la présence du prince et du premier ministre qatariens à l'Élysée, et plus tard, en révélant à la presse mon vote pour le Qatar», s'était défendu Platini. Lors du scrutin, le Qatar l'avait finalement emporté avec 14 voix contre 8 aux Etats-Unis. Le même jour, la Russie avait raflé l'organisation du Mondial 2018. Ces dernières années, l’ancien patron du football mondial Sepp Blatter a pointé du doigt à de multiples reprises Michel Platini et Nicolas Sarkozy pour avoir selon lui «complètement changé la donne» de ce scrutin dans le cadre d'un «arrangement diplomatique».

Condamné à quatre ans de suspension par la Fifa puis blanchi par la justice suisse dans l'affaire du paiement prétendument «déloyal» de 2 millions de francs suisses (1,8 million d'euros) que lui avait versé Sepp Blatter en 2011, l'ancien n°10 des Bleus avait annoncé début juin le lancement de procédures judiciaires contre «tous ceux qui ont fomenté un complot pour que je ne sois pas président de la Fifa». Expirant en octobre 2019, la suspension de Platini l’avait empêché de concourir à la dernière élection à la présidence de la Fifa remportée le 5 juin dernier par le président sortant Gianni Infantino.