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Ambali et Belna au Nord de Madagascar [Meteofrance]

Océan indien : la saison des cyclones démarre en trombe

La saison des cyclones sur l’océan indien commence avec un record : celui de l’intensification la plus rapide jamais observée dans l’hémisphère Sud. L’événement s'est produit loin des côtes mais un autre cyclone menace aujourd’hui Madagascar. La situation est en lien avec la sécheresse qui sévit sur l'Australie.

Des records de chaleurs ont été enregistrés entre septembre et novembre entre l’île Maurice et Mayotte. Les eaux sont également plus chaudes que la normale à la surface de l’océan, d’où des conditions particulièrement favorables à la formation de cyclones sur le bassin Ouest de l’océan indien.

Le 3 décembre dernier, le Centre météorologique de la Réunion (CMRS) prend en charge deux zones perturbées, qui se développent entre les Seychelles et l’archipel des Chagos. Les vents s’intensifient rapidement, les systèmes atteignant le stade de dépression tropicale, puis celui de cyclone tropical le 5 décembre à 6h UTC. Ce qui leur vaut d’être baptisés sous les noms d’Ambali et de Belna.

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Trajectoires respectives d'Ambali et de Belna [Meteofrance]

Pendant cette journée du 5 décembre, Ambali se déchaîne, ses vents les plus forts passant de 65 km/h à 220 km/h le 6 décembre à 0h UTC. Un creux barométrique à 923 hPa est même observé. En moins de 18h, le système a perdu 60 hPa et gagné 155km/h, ce qui constitue l’intensification la plus rapide jamais observée pour un cyclone sur l’hémisphère Sud, depuis 1980.

L’événement est malgré tout assez éphémère, Ambali perd de sa puissance 12 heures plus tard, ses vents les plus forts ne dépassant plus les 150 km/h. Le 8 décembre à 0h UTC, soit 48 heures après avoir atteint son maximum, Ambali arrive au stade de dépression résiduelle, mettant fin au suivi du CMRS de la Réunion. Sa trajectoire ne l'a finalement pas amené près de terres habitées.

Belna, moins active mais avec une trajectoire plus dangereuse

Le système qui s’est développé dans la foulée d’Ambali pendant la journée du 3 décembre est moins puissant, son processus d’intensification a également été plus lent. Il n’en reste pas moins dangereux : circulant sur un axe Nord Sud vers le canal du Mozambique, Belna a devrait frapper la côte Nord-ouest de Madagascar ce lundi.

Les dernières sorties de modèles montrent qu’au moment de son impact sur les terres, les vents pourront dépasser les 150 km/h. Les cumuls de pluies devraient également atteindre les 200mm en 24 heures sur la région de Soalala. Sans parler de la montée du niveau des eaux près des zones côtières. De nombreuses zones sont en état d'alerte.

Mardi, Belna continuera de balayer la côte Ouest de Madagascar mais plus au Sud, entre Mantirano et Monrondava. Le cyclone ne devrait perdre de son intensité qu’en passant sur l’intérieur des terres pendant la journée de mercredi.

Situation favorable aux cyclones sur l’océan indien et àla sécheresse en Australie

L’avènement de conditions favorables à l’activité cyclonique sur le bassin Ouest de l’océan indien s’accompagne d’une sécheresse assez importante sur nombre de régions d’Australie, à l’origine de nombreux incendies de forêt. Le phénomène, assez similaire à El Niño sur le Pacifique, porte le nom de dipôle de l’océan indien (DOI).

Identifié par des chercheurs en 1999, il se manifeste par des phases positives, négatives ou neutres. Une phase positive se caractérise par des températures de surface de la mer supérieures à la moyenne et des précipitations plus importantes dans la région occidentale de l'océan Indien, mais également par un refroidissement des eaux dans l'est de l'océan Indien, ce qui a tendance à provoquer des sécheresses dans les régions limitrophes de l’Indonésie et de l’Australie.

La phase négative donne les conditions opposées, avec des eaux plus chaudes et des précipitations plus abondantes dans l'est de l'océan Indien, et des conditions plus fraîches et sèches dans l'ouest.

Les différents indicateurs montrent qu’une phase positive est en cours. Ce qui explique les événements observées de part et d’autre de l’océan indien ces dernières semaines. Une étude menée par l’équipe de Wenju Cai, du Centre for Southern Hemisphere Oceans Research (CSHOR), porte à croire que de telles phases positives devraient devenir plus fréquentes avec le réchauffement climatique, d’ici à l’horizon 2050.

Philippe Jeanneret