Présidentielle en Algérie : le vote ouvert en France, qui sont les candidats ?
by La RédactionALGERIE - Qui sont les candidats à l'élection présidentielle en Algérie ? Sont-ils en mesure de rassembler et de d'ouvrir une nouvelle page de l'histoire du pays ?
Sommaire
- Une élection présidentielle reportée plusieurs fois
- Les candidats à l'élection présidentielle en Algérie
Malgré les manifestations qui continuent en Algérie, l'élection présidentielle aura bien lieu ce 12 décembre, après de multiples reports. Cinq candidats sont en lice pour ce scrutin, dont deux ex-Premiers ministres. Des options qui ne semblent pas susciter d'adhésion, de nombreux Algériens poursuivent les mobilisations dans les rues d'Alger.
En France, les Algériens peuvent dores et déjà se rendre dans les bureaux de vote présents dans les consulats d'Algérie, du 7 au 12 décembre, mais de nombreuses manifestations ont eu lieu devant ces institutions ce week-end, notamment à Toulouse ou à Nanterre. Une Algérienne s'est exprimée au micro de France Info, déclarant : "Il y en a marre de la répression en Algérie, on ne peut pas s'exprimer sans qu'on nous réprime, sans que l'on mette nos enfants en prison. Je suis contre cette élection parce qu'elle [est] organisée par l'ancien système".
Le quotidien algérien El Watan relate que les votants algériens en France sont très peu nombreux, estimés à une dizaine au maximum par heure au consulat situé rue de Charonne à Paris. En outre, ils seraient "obligés de raser les murs du consulat, tête baissée, pour ne pas s'attirer les foudres et les quolibets des manifestants", qui brandissent des pancartes sur lesquelles on peut lire des slogans comme "vote de la honte". Les Algériens sont nombreux à rejeter en masse ce scrutin, trop lié à leurs yeux au régime d'Abdelaziz Bouteflika et considèrent l'abstention comme seule réponse possible à l'élection. Celui-ci a démissionné en avril dernier, abdiquant après avoir tenté de rester en poste en reportant sine die les élections.
Une élection reportée plusieurs fois
L'armée avait finalement donné raison aux manifestants en organisant ces élections, d'abord en avril, puis en juillet, et maintenant en décembre. L'élection de juillet avait été annulée faute de candidats. La colère populaire ne s'apaise pas, car les candidats sont tous assimilés à l'ancien chef de l'Etat aux yeux des citoyens qui manifestent, ainsi qu'au pouvoir qu'ils ont critiqué jusqu'alors. Le mouvement de contestation s'oppose à la tenue d'une élection organisée par le pouvoir toujours en place. A quelques jours des élections, le contexte de tension perdure.
Ces derniers jours, la presse algérienne mettait en exergue le côté surréaliste de la tenue de cette élection, qu'une bonne partie de la population rejette toujours aussi intensément, quand les réseaux sociaux relayaient les vidéos de certains candidats pris à partie oralement par la foule. Qui sont les cinq aspirants à la présidence algérienne, qui entendent succéder à Abdelkader Bensalah, lequel assure un intérim à la tête du pays depuis la démission de Bouteflika ?
Les candidats à l'élection présidentielle algérienne
- Ali Benflis est le candidat le plus connu de cette élection présidentielle. Après avoir été ministre de la Justice, il a été le directeur de campagne de Bouteflika en 1999, et est devenu à son élection Premier ministre. Une fonction qu'il a exercée durant trois ans, avant une rupture, puisqu'il est devenu ensuite la figure de l'opposition à Bouteflika. Néanmoins, il conserve encore aujourd'hui l'image de l'éternel second de l'ex-président algérien, qui pourrait l'éloigner de la victoire à l'élection présidentielle. Aux élections de 2004 et 2014, auxquelles il s'était présenté, Ali Benflis était arrivé deuxième derrière Bouteflika, avant de créer son propre parti en 2014, l'Avant-garde des libertés. Il avait critiqué vivement les résultats du scrutin de 2014, dénonçant une fraude et affirmant avoir remporté la majorité des voix.
- Abdelmadjid Tebboune a lui aussi été Premier ministre, pendant seulement pendant trois mois, en 2017. Très critiqué lui aussi pour sa proximité avec Bouteflika, il avait occupé de nombreuses fonctions de haut fonctionnaire. Il a notamment été ministre de l'Habitat et l'Urbanisme, et ministre de la Communication. Mustapha Benfodil, journaliste et romancier, a rappelé dans les colonnes de Mediapart que "Tebboune a occupé un ministère clé où il y avait énormément d'argent : celui de l'Habitat et de l'Urbanisme". "Il a été à un moment lié à l'affaire Khalifa. Son fils a eu des démêlés avec la justice. Pour moi, c'est un pied de nez au Hirak [la contestation sociale à l'oeuvre en Algérie, ndlr] que d'investir dans le candidat Tebboune.", avait-il ajouté. Le slogan du candidat "Engagé pour le changement, capable de le réaliser" ne semble pas convaincre, ni la posture d'"indépendant" qu'il tente d'arborer.
- Azzedine Mihoubi a quant à lui été ministre de la Culture sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika, jusqu'en mars dernier. Il est désormais secrétaire général du Rassemblement National Démocratique, un parti associé au Front de Libération National, présidé par Bouteflika, et qui l'a soutenu durant sa présidence.
- Abdelkader Bengrina est quant à lui associé à la mouvance islamiste, qu'il représente. Il dirige le parti El-Bina (Construction), membre d'une coalition islamiste. Il a toutefois lui aussi été ministre, chargé du Tourisme, au sein du gouvernement de Bouteflika de 1997 à 1999. Il s'était déjà présenté en avril, avant la démission de Bouteflika et le report des élections.
- Abdelaziz Belaïd, un autre candidat, est quant à lui rattrapé par son engagement auprès d'associations de jeunes soutenant Abdelaziz Bouteflika, même si dès 2012, il fondait son parti, le Front de l'avenir (Front El Moustakba). C'est probablement le candidat le moins connu des cinq.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes décrivent les cinq candidats comme étant les "cinq doigts d'une même main qui a volé l'Algérie", ou estimant qu'ils sont cinq car ils s'apprêtent à réaliser "le cinquième mandat de Bouteflika".
Une campagne électorale chaotique
Le quotidien algérien El Watan décrit une campagne présidentielle chaotique pour les cinq candidats, qui ont été chahutés jusque lors de leurs déplacements ou de leurs meetings. Le média relate : "La majorité des panneaux d'affichage placés à l'occasion de cette campagne électorale sont restés désespérément vides ou, dans certains cas, détournés de leur vocation. Quelques-uns ont été ornés de tags rejetant les élections, de photos de détenus politiques ou de portraits de héros de la Révolution algérienne." Par exemple, le candidat Abdelmadjid Tebboune aurait dû être exfiltré de son hôtel alors qu'il était encerclé et hué par des dizaines de militants.
Toutefois, d'après le quotidien, les candidats se sont estimés "satisfaits" de la cette campagne, bien qu'elle se soit déroulée dans des circonstances tendues. "Durant cette campagne, il n'y a pas eu d'incident majeur et pourtant les candidats s'attendaient au pire au regard du contexte," a affirmé Ali Draa, chargé de communication de l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE). L'organisme n'aurait eu à intervenir que deux ou trois fois durant la campagne pour "recadrer certains candidats", aurait reçu peu de plaintes de candidats, et estimerait que la campagne s'est déroulée dans "de bonnes conditions", selon El Watan. Hachlef Mouloud, un membre de l'équipe du candidat Ali Benflis, s'est exprimé sur la campagne électorale en ces termes : "Nous sommes très satisfaits de notre campagne, nos meetings ont drainé une foule nombreuse de militants et de curieux. Seulement, nous sommes très réalistes et très pragmatiques, nous savons que cette élection se tient dans un moment critique et nous respectons les choix de chaque Algérien."