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De Marcil à RONA à... plus rien

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Peu à peu, le géant américain Lowe’s s’applique à défaire le réseau de quincailleries que la famille Marcil avait mis des années à bâtir. Des magasins jadis hyper rentables du groupe fermeront leurs portes dans quelques semaines.

« Sur les 17 magasins qu’on avait, il va en rester huit », laisse tomber François Marcil au cours d’un entretien téléphonique avec Le Journal.

Le 31 janvier, Lowe’s fermera 12 magasins au Québec, dont trois issus de R. Marcil & Frères. Cinq autres avaient fermé en février. L’an dernier, l’enseigne Marcil avait disparu au profit de RONA.

« Les magasins de Saint-Sauveur et de Saint-Jérôme, qui vont fermer, c’étaient parmi les plus rentables quand je les avais, raconte M. Marcil. J’avais acheté le magasin de Saint-Jérôme en 2005 parce que celui de Saint-Sauveur ne pouvait pas fournir à la demande. Je l’ai monté jusqu’à 30 millions $ de chiffre d’affaires avec une centaine d’employés. »

Aujourd’hui âgé de 72 ans, l’homme d’affaires a vendu l’entreprise familiale à RONA dans le cadre de deux transactions, en 2005 et en 2014.

Il a continué à travailler chez RONA jusqu’à ce que Lowe’s en prenne le contrôle, au printemps 2016. Les revenus de Marcil dépassaient alors les 200 millions de dollars.

Mauvaises décisions

« Ils ont tout chamboulé », constate-t-il. Par exemple, Lowe’s a fait entrer des électroménagers dans les anciens magasins Marcil, dont la clientèle de prédilection était pourtant les entrepreneurs en construction.

« Ils ont rentré des parasols et des tracteurs à gazon alors que c’était des cours à bois pour servir le contracteur et l’autoconstructeur », s’étonne François Marcil.

« Tu t’en vas dans un centre de rénovation pour choisir ton plancher de bois franc et ils n’ont même pas de place pour le montrer parce qu’ils vendent des chips », ironise-t-il.

Avance, recule

Parmi les magasins fermés par Lowe’s en février, on comptait la toute première quincaillerie de la famille, fondée par le grand-père de M. Marcil.

Ironie du sort, elle vient d’être relancée par Matériaux Pont-Masson, une entreprise affiliée à RONA-Lowe’s !

« Ils ont perdu combien d’argent là-dedans ? Ils avaient tout liquidé, sorti les tablettes, strippé le magasin... Là, c’est rouvert et Pont-Masson est très satisfait des ventes », relate François Marcil.

Selon lui, Lowe’s a perdu de vue ses clients.

« Chez Marcil, quand il nous manquait d’un article et que le contracteur appelait, c’était un drame. Quand tu vas chez Home Depot, s’il n’y a pas ce que tu cherches, tu mets autre chose dans ton carrosse et c’est pas trop grave. C’est vraiment pas le même marché. »

Cela dit, M. Marcil ne se formalise pas trop de la disparition du nom Marcil, ni même des fermetures. Parmi les ex-salariés du groupe, les meilleurs étaient déjà partis chez des concurrents, note-t-il.

Une prédiction

François Marcil prédit que Lowe’s devra tôt ou tard abandonner les plus petits magasins pour se concentrer sur les grandes surfaces.

« Il y en a peut-être qui n’aimeront pas que je dise ça, mais je pense que ç’aurait été mieux qu’ils gardent les grosses boîtes et qu’ils appellent ça Lowe’s. Là, c’est tout mêlé : RONA L’entrepôt, RONA-ci, RONA-ça. Quand tu veux un hamburger, tu vas chez McDo. », soutient en effet M. Marcil.

RONA depuis la vente à Lowe’s en 2016

65 magasins fermés au Canada, dont 21 au Québec

Perte de valeur de 1,2 milliard $ sur un prix d’achat de 3,2 milliards $

Une centaine d’emplois supprimés au siège social de Boucherville

Des postes délocalisés aux États-Unis et en Inde