https://cap.img.pmdstatic.net/fit/http.3A.2F.2Fprd2-bone-image.2Es3-website-eu-west-1.2Eamazonaws.2Ecom.2Fcap.2F2019.2F05.2F29.2Fed8e2989-2157-4ee0-ad65-f526fe4261e0.2Ejpeg/750x375/background-color/ffffff/focus-point/1153%2C976/quality/70/peage-de-narbonne-saccage-31-gilets-jaunes-en-proces-1357208.jpg
Witthaya Prasongsin

Péage de Narbonne saccagé : 31 Gilets jaunes en procès

Il y a un an, plusieurs dizaines de "gilets jaunes" s'en prenaient violemment à des gendarmes ainsi qu'aux locaux de Vinci au péage sud de Narbonne (Aude). Ils comparaissent devant la justice à partir de lundi 9 décembre.


Un procès hors-normes débute ce lundi 9 décembre à Narbonne (Aude). Péage et locaux de gendarmerie incendiés, forces de l'ordre évacuées : 31 "gilets jaunes" ont commencé lundi à rendre compte devant la justice de leur participation à une nuit de violences près de Narbonne en marge de l'acte III du mouvement il y a un an. Qualifié d'"exceptionnel" par un des avocats de la défense, Me Stéphane Cabée, le procès devant le tribunal correctionnel de Narbonne doit durer dix jours, réunissant 35 avocats dont beaucoup commis d'office, et 48 parties civiles, en majorité des gendarmes et la société Vinci.

Une réponse à la hauteur d'"un phénomène exceptionnel au regard de la brutalité déployée" selon le Colonel Marc Gonnet, commandant du groupement de gendarmerie de l'Aude. "Ça n'arrive quasiment qu'une fois dans la vie d'un gendarme qu'on soit obligés de quitter une caserne", affirme-t-il à la barre. Les militaires "ont assez mal vécu de devoir se retirer face à cette horde de barbares déchaînés", ajoute-t-il, précisant qu'il a fallu trois mois au peloton d'autoroute pour se réinstaller sur les lieux.

Tous nés entre les années 80 et 90, les trois femmes et 28 hommes présents, dont deux en détention provisoire, doivent répondre notamment de "violences volontaires sur personnes dépositaires de l'autorité publique", "destruction volontaire de biens" et vols et recels de matériel de gendarmerie. Un 32ème mis en cause, mineur, sera jugé séparément à une autre date.

"Effet de meute"

Notamment identifiés via les photos et vidéos de l'action, postées sur les réseaux sociaux, les prévenus ont été rattrapés pour certains après des mois d'enquête. Rejointe par tous ses collègues, une des avocates de la défense, Me Marion Blondeau, pointe une "procédure hors norme" pour en justifier une demande de nullité partielle. Elle dénonce des actes d'investigation menés après la clôture de l'instruction sous les applaudissements d'une partie de la salle, sommée de revenir au calme par la présidente .

Une dizaine de "gilets jaunes" s'étaient rassemblés avant l'audience, distribuant tracts, café et gâteaux. "Il n'y avait pas que des +gilets jaunes+ ce soir-là, il y a en a qui se sont fait emporter par la vague, on appelle ça un effet de meute", analyse Patrick Rensin, un ancien routier de 58 ans. "Qu'il y ait des sanctions c'est normal, mais je ne voudrais pas que ce procès finisse comme un procès politique", ajoute-t-il, évoquant une "justice à double vitesse".

Stéphane, un ouvrier de 51 ans, a tenté de déployer une banderole demandant la "Libération de tous les GJ enfermés et contre la justice de classe". "On est venus nous intimer l'ordre de la replier" sous la menace "de nous embarquer", proteste-t-il. Un des avocats de la défense, Me Armand Adido, exprime la "crainte que les personnes impliquées soient jugées ou condamnées pour faire l'exemple".

Molotov et LBD

Dans la nuit du 1er au 2 décembre, après une journée particulièrement tendue lors des manifestations de "gilets jaunes", notamment à Paris avec des scènes de guérilla urbaine autour des Champs-Élysées, quelque 200 personnes se retrouvent à la barrière de péage de Narbonne sud. Des palettes sont brûlées devant le péage, les locaux du peloton autoroutier de gendarmerie et ceux de la société Vinci, qui prennent rapidement feu. Des cocktails Molotov sont jetés en direction des forces de l'ordre, qui répliquent avec des grenades lacrymogènes et des LBD. Abandonnés, les locaux de la gendarmerie seront saccagés et pillés.

La procureure de la République de Narbonne, Marie-Agnès Joly, s'était engagée à mobiliser des "moyens importants" pour retrouver les auteurs des violences et dégradations, relevant leur "acharnement". Les peines encourues sont très variables selon les prévenus, mais certains risquent jusqu'à 10 ans d'emprisonnement et des amendes de plusieurs milliers d'euros.

Le même péage, dans un département très frappé par le chômage et la pauvreté et une région de forte mobilisation des "gilets jaunes", avait été incendié deux semaines plus tard, également en marge d'une manifestation. Quatre hommes ont été condamnés à deux ans de prison dont douze mois avec sursis.