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Vernis à l’eau : vraiment inoffensifs ?

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Les vernis à l'eau ont la réputation d'être moins dangereux que les vernis traditionnels. A tort ou à raison ? On fait le point avec le Dr Robert Garnier chef de service du Centre Antipoison et de Toxicovigilance de Paris.

Les petites filles raffolent des vernis à ongles. Et difficile de leur résister bien longtemps quand nous-même, nous en portons. C’est pourquoi nombre de mamans leur autorisent les vernis à l’eau, réputés moins toxiques et qui s’enlèvent en se lavant les mains. Pratiques et rassurants, donc. Une option également fréquemment adoptée par les femmes enceintes, qui appliquent ainsi un principe de précaution. Mais l’innocuité des vernis à l’eau est-elle avérée ?

L’engouement pour les vernis à ongles, de plus en plus tôt

En France, il se vend un vernis à ongles toutes les deux secondes. Un marché fleurissant qui touche une cible féminine de plus en plus jeune. : « S'appliquer un vernis est souvent le premier geste beauté des jeunes filles, car cela ne coûte pas cher » déclarait Hervé Navellou, directeur de la division produits grand public L'Oréal France (aujourd’hui directeur général) dans une interview accordée aux Echos.fr en novembre 2012. Un attrait qui, chez les petites filles, peut aussi s’expliquer par leur appétence naturelle pour la couleur et le mimétisme mère-enfant. D’où le succès des vernis à l’eau, de plus en plus présents dans le secteur de la beauté.

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Les vernis à l’eau en question

Pour autant, « les vernis à l’eau ne sont pas moins dangereux que les vernis à ongles classiques. Un vernis à l’eau ne veut rien dire, c’est un discours purement marketing » affirme le Dr Robert Garnier chef de service du Centre Antipoison et de Toxicovigilance de Paris. « La différence entre un vernis à l’eau et un vernis d’adulte relève simplement des solvants utilisés. Dans les vernis pour enfant, il y en a moins, mais cela ne signifie pas qu’ils sont moins toxiques » précise-t-il avant d’ajouter «  on peut utiliser des vernis traditionnels pour une enfant, car une fois secs, tous les solvants sont évaporés, contrairement aux solvants des vernis à l’eau qui sentent moins forts, mais persistent plus longtemps. Tout est une question de concentration des composants en réalité ». Or, à ce sujet, les marques sont frileuses et ne dévoilent pas toutes la composition de leur produit avec précision. Il n’y a qu’à étudier les étiquettes, où une appellation peut en réalité cacher plusieurs ingrédients, comme l’a constaté le docteur Garnier après qu’on lui ait transmis les indications communiquées par différentes marques de vernis à l’eau.

Comment expliquer leur succès ? 

Mais alors, comment expliquer le succès des vernis à l’eau ? Pour beaucoup de personnes, vernis traditionnels riment avec composition à risque. « C’était vrai il y a quelques années, lorsque l’on trouvait des additifs en forte quantité pour durcir les ongles dans les vernis, comme le formaldéhyde. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui » explique le chef de service du Centre Antipoison et de Toxicovigilance parisien. Depuis 1996, la Commission Européenne impose en effet une concentration maximale de 5% dans les vernis à ongles. «  Il faut relativiser. Certes, il n’est pas bon d’inhaler des solvants, même en petite quantité. Mais ils sont présents dans de nombreux produits cosmétiques ou domestiques d’usage courant (comme les lave-vitres, les colles, les correcteurs liquides, les cires...) et certains de leurs effets sont additifs. Chez les femmes enceintes, ils peuvent passer la barrière placentaire et aboutir à un accouchement prématuré s’ils sont respirés régulièrement en très forte dose, dans un environnement clos de petite taille. Une application de vernis, même fréquente, ne suffit pas » nous éclaire l’expert. Vous pouvez donc être sereine quand votre fille vous réclame du vernis à ongles et accepter si cela reste OCCASIONNEL et que l'application se déroule dans un espace très aéré. Insistez bien sur l'aspect ponctuel de la chose, la fréquence des applications de vernis (à l'eau ou classique) couplé à la surexposition aux solvants pouvant à terme être dangereux.

Quid des dissolvants

Les dissolvants sont indispensables pour les vernis à ongles traditionnels et inutiles pour les vernis à l’eau. Désormais sans acétone pour la plupart, on pourrait les croire moins nocifs qu’auparavant. Et pourtant, le Dr Garnier rappelle un point essentiel « cela n’implique pas qu’ils soient sans danger : l’acétone est volatile, très odorante, mais ce n’est pas le plus dangereux des solvants ». Mais alors, doit-on en conclure que le combo vernis classique + dissolvant n’est pas plus à craindre que les vernis à l’eau ? Et bien, pas exactement, comme nous l’explicite le médecin « On ne peut évaluer le bénéfice/risque qu’au cas par cas, parce que les compositions des vernis à l’eau, des vernis classiques et des dissolvants sont très diverses et variables ».

Bon à savoir

En 2009, une enquête réalisée par la DGCCRF (Direction du commerce et de la répression des fraudes) démontrait que des phtalates interdits et des concentrations de formaldéhyde supérieures aux 5% autorisés, avaient été découverts dans 10% des échantillons de vernis et de durcisseurs analysés, lesquels avaient été prélevés dans 200 points de vente. Les échantillons incriminés provenaient principalement de stocks vendus sur les marchés, les braderies, les solderies et les petites boutiques. Attention donc, aux points de vente et  aux prix très attractifs, bien qu’un vernis peu coûteux puisse être de bonne qualité, comme l’Association 60 millions de consommateurs l’a rappelé en 2014. Suite à divers tests, elle avait conclu que des vernis de marques très bon marché étaient de qualité équivalente, voire supérieure, à des laques de grandes marques