À Hong Kong, la contestation retrouve un nouveau souffle dans la rue
by RFIDes centaines de personnes sont de nouveau descendues dans les rues ce dimanche 8 décembre. Une manifestation qui a témoigné de la vigueur persistante du mouvement de contestation contre l'exécutif soutenu par la Chine.
Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Seuls les masques sur le visage et les cinq doigts levés, accompagnant le slogan « Cinq revendications, pas une de moins », marquent une différence avec juin dernier. Sinon, ce sont les mêmes images. Celles d’une foule immense et pacifique défilant dans les rues du centre de Hong Kong, des volontaires recyclant tracts et bouteilles d'eau sur le passage des cortèges.
Et même, signe d’une relative retenue du côté des policiers comme des protestataires radicaux, la foule s'écarte pour laisser passer les familles avec des poussettes et les manifestants en fauteuil roulant.
Après le raz-de-marée électoral aux élections de district, la population n’est plus silencieuse, contrairement à ce que l’exécutif a longtemps affirmé. La majorité des Hongkongais soutient le mouvement, selon David Bartel, spécialiste de la politique chinoise à l’Université baptiste de Hong Kong. « Il y a eu 2 millions de personnes dans la rue, il y a eu des élections, la loi sur Hong Kong aux États-Unis… Maintenant, il y a de nouveau un million de personnes dans la rue. Pour les Hongkongais, ce serait compliqué d’être plus clair sur leurs demandes. »
« Hong Kong compte des soutiens en Chine »
Sur la suite des événements, le chercheur se montre prudent. « C’est compliqué de voir ce qui peut arriver, à moins de se lancer dans la politique-fiction et de se dire que Hong Kong va commencer à engendrer quelque chose en Chine. »
Mais Hong Kong compte des soutiens en Chine, souligne David Bartel. « Il y a des manifestations à 60km de là, de la mobilisation qui peut avoir des similitudes avec Hong Kong. On sait qu’à Pékin, c’est très compliqué, parce qu’ils connaissent très peu Hong Kong. »
« Les Hongkongais ne vont pas se démobiliser, pense David Bartel. Quand le gouvernement n’entend pas, les gens ont tendance à parler plus fort. Ce n’est pas propre à Hong Kong. Je pense qu’on va revoir des choses que l’on a vues cet été en termes de radicalisation, des deux côtés. »
Car Pékin refuse de céder sur le suffrage universel, comme sur les autres revendications des manifestants. « La contestation devrait continuer, confirme Andrew Shum Wai Nam, du Syndicat des Enseignants hongkongais. En Chine continentale, les médias d’État n’ont pas donné le chiffre de la mobilisation de ce dimanche. Ils ont préféré évoquer la visite du 20 décembre prochain du président Xi Jinping à Macao, pour commémorer les 20 ans de la rétrocession de l’ancienne colonie portugaise à la Chine. »
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