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La stabilité financière des pays africains à l’épreuve de la ZLECA

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La mise en place de la ZLECA, entrée en vigueur depuis le 30 mai 2019, suite à la ratification de l’accord, enclenchera de grands changements dans le continent. Cette intégration finira par toucher à plusieurs secteurs notamment financiers dans les pays du continent. D’où l’importance de cerner les enjeux et les actions à entreprendre en vue de renforcer le cadre de stabilité financière au sein des pays africains.

C’est ce souci qui a été au cœur du Symposium Régional de haut niveau sur la Stabilité Financière, évènement biennal, organisé par Bank Al-Maghrib, en coordination avec le Ministère de l’Economie et des Finances, l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) et l’Autorité de Contrôle des Assurance et de la Prévoyance Sociale (ACAPS).

Un souci commun comme en témoigne la présence du Gouverneur de la Banque Nationale du Rwanda et actuel Président de l’ABCA ainsi que du Secrétaire Général adjoint du FSB mais également la participation de représentants de haut niveau de l’Association Internationale des Superviseurs des Assurances (IAIS), de l’Organisation Internationale des Commissions de Valeurs (OICV), de la Banque Mondiale et d’autres autorités financières internationales.

D’ailleurs, le symposium s’arrête sur les dernières évolutions des activités du FSB, de l’ABCA, de l’IAIS et de l’OICV.

Une rencontre qui tombe à point nommé à l’heure où le Comité marocain de Coordination et de Surveillance des Risques Systémiques réunissant les trois régulateurs avait analysé en juillet la cartographie des risques systémiques pesant sur le système financier et examiné l’état d’avancement de la feuille de route inter-autorités en matière de stabilité financière au titre de la période 2019-2021.

« La création de la Zone de libre-échange continentale pour l’Afrique (ZLECA) est une importante avancée qui vise à intégrer davantage les marchés africains en vue d’un développement socio-économique inclusif et durable et d’une compétitivité accrue des pays africains tant au niveau continental que mondial. Dans ce contexte, une intégration financière renforcée en Afrique devient un impératif important pour appuyer cet élan en favorisant davantage l’accroissement des échanges commerciaux et des opportunités d’investissements », explique Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib.

Une mutation de plus à laquelle le système financier africain doit s’adapter tout en faisant face à l’émergence de nouveaux risques et vulnérabilités pesant sur la stabilité financière. Particulièrement la transformation digitale et les innovations technologiques sur la sphère financière africaine.

Pour A. Jouahri, « L’essor des Fintech et des Insurtech, l’utilisation des Big Data, les modes de financements alternatifs « crowdfunding », le développement du paiement mobile et l’utilisation des technologies de la blockchain sont autant d’exemples sur l’implication importante de ces innovations dans les secteurs bancaire, assurantiel et des marchés de capitaux. Ces évolutions qui vont devoir transformer notre environnement économique et financier nous imposent de leur accorder une grande importance ».

Sur un tout autre registre, le haut responsable marocain évoque les changements climatiques qui constituent une zone de vulnérabilité critique pour le secteur financier, du fait qu’ils sont aujourd’hui une réalité quasiment irréversible. D’où l’importance de l’élaboration d’une cartographie des risques climatiques par les régulateurs financiers afin d’améliorer progressivement leurs approches d’identification et de mesure des expositions du secteur financier à de tels risques.

Autre point et non des moindres est celui de l’identification des institutions financières qui ont une importance systémique aussi bien à l’échelle nationale que continentale et la mise en place d’un cadre de surveillance renforcée et de résolution de ces établissements. L’idée est d’éviter le scénario de la crise de 2008 qui a fait tomber de grandes institutions financières.

Un ordre du jour bien garni pour les quelques de 100 participants à cet événement, dont plus de 40 hauts représentants de banques centrales et autres autorités issues de l’ensemble des régions du continent africain, ainsi qu’une quarantaine de responsables de haut niveau représentant le secteur financier national.

Pour rappel, institutionnalisé tous les deux ans, cet évènement est organisé avec le concours du Conseil de Stabilité Financière (Financial Stability Board – FSB) et l’implication de manière régulière, à compter de cette troisième édition, de l’Association des Banques Centrales Africaines (ABCA).