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Qui est ce sultan qui a réservé un hôtel entier pour deux mois à Leuven ?
© ANDREW CABALLERO-REYNOLDS - AFP

Qui est ce sultan qui a réservé un hôtel entier pour deux mois à Louvain?

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Ce week-end, la Belgique a vu débarquer sur son sol une personnalité discrète mais non moins puissante, le sultan d’Oman. Qabus ibn Saïd dirige le sultanat d’Oman depuis 1970, mais depuis 2014, sa santé semble se détériorer. S’il a déposé ses valises à Louvain, ce n’est pas pour jouer les touristes, mais pour être soigné à l’UZ Leuven. Des problèmes médicaux qui inquiètent dans son pays, car le dirigeant n’a pas d’héritier.

C’est une situation unique dans le monde : le sultanat d’Oman est la seule monarchie de la planète où il n’y a pas de prince héritier. C’est aussi un des rares pays de pouvoir absolutiste. Le sultan dispose du pouvoir absolu, d’après une loi fondamentale établie par lui-même. Pour autant, parmi les pays du Golfe, il fait un peu figure d’exception, tant sur plan de la politique intérieure qu’au niveau des relations internationales.

Un dirigeant singulier parmi les pays du Golfe

Le parcours et la vision du sultan d’Oman le différencient déjà de ses homologues des pays du Golfe. Marié à sa cousine pendant quelques années, il divorce rapidement, et n’a pas d’enfants. Et qui dit pas d’enfants, dit pas d’héritier au trône. Une situation bien inédite et presque inimaginable pour d’autres pays arabes. Bien que des rumeurs circulent largement sur son homosexualité, il ne l’a jamais assumé officiellement. L’adultère et l’homosexualité sont toujours considérés comme des délits, mais dans les faits ils sont peu réprimés.

Sur le plan des droits humains et des droits des femmes, le pays montre des avancées. Les femmes ont acquis le droit de vote depuis 1995, et globalement, bien qu’il existe encore des inégalités fortes, elles sont mieux considérées que dans les pays voisins. Le sultan Qabus ibn Saïd s’est par ailleurs battu contre la modeste montée d’un islam radical intérieur. Les tensions religieuses restent marginales, et cela est probablement dû à la promotion d’un islam tolérant, l’ibadisme, qui prône le respect des autres religions.

Une tradition de neutralité sur la scène internationale

L’une des autres caractéristiques majeures du sultanat d’Oman, c’est sa stabilité politique. Pourtant situé dans une région mouvementée, entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, le pays a su éviter les conflits et se positionner stratégiquement en voisin neutre. Un tour de force de la part du sultan, qui parvient depuis de longues années à garder des bonnes relations avec tous. Comme l’explique le journaliste Jean-Frédéric Légaré-Tremblay, sa politique extérieure se base sur deux concepts : la non-ingérence et non-alignement. Ne pas s’opposer, ne pas participer, ne pas être contraint par les alliances. Cette position a conduit plusieurs le pays à jouer le rôle de médiateur, notamment dans la crise syrienne.

Un avenir incertain

Malgré tous ces éléments, la stabilité du pays risque d’être remise en question. On en revient à l’absence d’héritier, et aux traitements médicaux de plus en plus fréquents du sultan. En cas de décès, sa famille est censée s’accorder sur le nom du successeur dans un délai de trois jours. Si elle n’arrive pas à se mettre d’accord, c’est le conseil de défense qui nomme la personne que le sultan aura proposée dans une lettre testamentaire. Dans tous les cas, le pays prendrait un nouveau tournant, et risquerait de voir sa scène politique perturbée.