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Le RER B était totalement saturé ce lundi matin, comme ici à Châtelet-Les-Halles.© Thibaut Déléaz / Le Point

Grève : marée humaine dans les transports d'Île-de-France

REPORTAGE. Les transports ont été pris d'assaut ce lundi matin au cinquième jour de grève, d'autant qu'une des rares lignes de métro ouvertes est tombée en panne.

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Les opérateurs de transports redoutaient cette journée du lundi 9 décembre. Au cinquième jour de grève contre la réforme des retraites, et alors qu'en Île-de-France les transports en commun avaient été plutôt désertés jeudi, les usagers ont dû jouer des coudes pour monter dans des trains, métros ou bus et vécu dans certaines gares des scènes de cohue. Et ce ne sont pas la pluie – compliquant les déplacements à pied et à vélo –, le record de bouchons sur les routes et le blocage de dépôts de bus par des grévistes qui sont venus arranger la situation.

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La SNCF et la RATP avaient pourtant alerté sur ce risque de saturation des transports, et appelé les voyageurs « qui en ont la possibilité » à les éviter. Mais ce lundi matin, la plupart des usagers croisés sur les quais n'avaient pas vraiment le choix. « Ça fait déjà deux jours que je loupe les cours, j'étais obligé d'y aller », explique Luis, étudiant à la Sorbonne. Nathalie* aussi a dû, à contrecœur, se résoudre à prendre les transports. « Mon employeur nous a refusé le télétravail. Soit on venait au bureau coûte que coûte, soit il fallait poser un jour de congé. »

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À la gare du Nord, les agents de la SNCF devaient même pousser les voyageurs pour permettre la fermeture des portes.© Thibaut Déléaz / Le Point

« Quelque chose vient de péter sous le train »

Pour aller au travail ce lundi, il fallait viser l'heure de pointe : la plupart des lignes de métro et RER ouvertes ne l'étaient qu'entre 6 h 30 et 9 h 30. À Nation, sur le quai du RER A, 30 minutes avant le passage du premier train, de nombreux usagers attendent déjà. Et prennent leur mal en patience. « Il faut bien que j'aille travailler, donc j'attends, pas le choix », philosophe un voyageur.

Comme pour les premiers jours de grève, de nombreux agents dans les stations régulent les flux de voyageurs et les informent. Mais la mécanique s'est grippée dès 7 heures, ce lundi matin, quand un incident technique est venu bloquer la ligne 4 du métro, la seule à parcourir l'axe Nord-Sud, ouverte uniquement pendant l'heure de pointe. « Quelque chose vient de péter sous le train », nous indique un agent de la RATP en montrant du doigt la légère fumée sur le quai de Châtelet.

La ligne vient d'ouvrir, mais la station doit déjà être évacuée. « Ça va être interrompu pour au moins 30 minutes, là, ça va vraiment être le bordel », prophétise l'agent. Le couperet tombe quelques minutes plus tard : la ligne ne rouvrira pas ce matin. Victime collatérale : le RER B, qui officie également sur cet axe Nord-Sud. Il est pris d'assaut à Châtelet : les portes ne ferment plus, les agents de régulation sont obligés de pousser les voyageurs à l'intérieur pour permettre le départ du train.

Marée humaine à la gare du Nord

Une station plus loin, gare du Nord, c'est la pagaille. Plus l'heure avance, plus les quais du RER B se remplissent, au point que des voyageurs ne peuvent plus y accéder et se retrouvent coincés dans les escaliers, au milieu des agents qui tentent tant bien que mal de réguler cette marée humaine.

Pour ceux qui doivent descendre du train, se frayer un chemin parmi la foule compacte qui attend de pied ferme de pouvoir prendre son train et quitter le quai est quasiment mission impossible. « Ils pourraient faire des annonces quand même », pestent des usagers. Les agents SNCF complètement débordés, une voyageuse s'improvise régulateur. « Allez, montrez qu'on est des gens civilisés : on laisse descendre d'abord et on ne pousse pas pour monter. On va y arriver ! »

Malgré la cohue, les usagers se sont montrés plutôt patients, malgré quelques bousculades au moment de monter dans le train. Camille*, elle, stresse surtout de ne pas arriver à temps au travail. « Ma cheffe nous a dit "pas de retard, vous n'avez qu'à partir plus tôt", ça se voit qu'elle habite à 200 mètres du bureau, elle ! » L'heure de pointe terminée, il restera une dernière épreuve aux travailleurs : le retour ce soir. Avant de renouveler l'expérience demain matin, où la situation dans les transports ne s'annonce guère meilleure.

*Ces prénoms ont été modifiés.