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Photo: KEYSTONE/CHRISTIAN MERZ

Drame de St-Légier (VD): début du procès en appel

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Le Tribunal cantonal vaudois se penche lundi à Lausanne sur l'assassinat d'une septuagénaire fin 2016 à son domicile de la Riviera vaudoise par son mari et leur fille unique. En juin, la justice avait respectivement condamné ces Vaudois à 18 et 20 ans de prison.

Les faits remontent à la nuit du 11 au 12 décembre 2016 à St-Légier (VD). Une femme de 70 ans avait été tuée par son mari et leur fille unique. Agés de 81 ans et 41 ans, ces derniers avaient été condamnés en juin dernier à 18 et 20 ans de prison pour assassinat et atteinte à la paix des morts.

'Je ne sais toujours pas comment j'ai tué mon épouse. J'ai eu un moment d'absence', a réexpliqué lundi l'octogénaire d'une voix effacée et agité de tics nerveux. Ses souvenirs ne reprennent que lorsqu'il s'est 'réveillé' dans son salon agenouillé à côté de son épouse, la tête en sang. L'arme du crime, une clé de roue modifiée, était non loin.

Un trou de mémoire 'classique'

'Ce trou de mémoire est étonnamment classique dans les cas de meurtre qui se présente à nous... ', a souligné avec scepticisme le président du Tribunal. 'J'étais paniqué et j'ai téléphoné à ma fille pour lui dire de venir. C'était une énorme erreur de l'impliquer dans cette affaire !' a déclaré l'accusé.

Le vieil homme s'embrouille dans des réponses alambiquées. Il affirme par exemple : 'J'ai jeté le chiffon qui m'avait servi à essuyer la clé de roue non pas car il était tâché de sang mais seulement car il était sale comme je le faisais toujours après avoir changé une roue.'

Ses louvoiements agacent le Tribunal. L'homme souhaite dédouaner sa fille. D'après lui, cette dernière aurait proposé d'emblée d'appeler la police. 'Je lui ai dit que cela ne devait pas se savoir', explique le Vaudois. 'Ce qu'on a fait est ignoble alors qu'on ne s'était jamais comporté de manière violente dans notre vie', affirme-t-il.

L'homme prétend qu'à son arrivée sa fille ne lui a demandé aucune explication. D'après lui, elle aurait contrôlé les signes vitaux de sa mère, dont le corps avait été stocké dans le froid sur le balcon, puis aurait pleuré. 'On a discuté pour savoir où on pouvait cacher le corps et dans quoi. J'ai réussi à la convaincre qu'avec tout ce que j'avais subi, il fallait qu'elle m'aide. La caisse devait être étanche pour ne pas attirer les animaux, pour qu'elle soit tranquille... '

Et l'homme de regretter: 'Il y aurait eu une autre solution qui m'a sauté aux yeux des mois après. Une grosse malle en bois dans laquelle j'aurais pu emballer le corps tout seul sans l'aide de ma fille.'

Pour mémoire, la victime était l'unique propriétaire du logement du couple. Sa fortune dépassait les 900'000 francs. D'après l'acte d'accusation, cette femme manipulatrice et dominatrice menaçait régulièrement son mari et leur fille, dépendants d'elle financièrement, de les exclure de son testament et de leur couper les vivres.

Mise en scène d'un suicide

La nuit de sa mort, alors qu'elle était très alcoolisée, une énième dispute a éclaté et la menace a été réitérée. Selon l'acte d'accusation, le mari de la disparue et sa fille l'ont alors frappé plusieurs fois à la tête. La malheureuse avait ensuite été sanglée en position fœtale et glissée dans un réservoir d'eau où elle a trouvé la mort.

Le lendemain du crime, son mari a nettoyé les lieux et, aidé de sa fille, il a scellé le réservoir de mousse expansive. Ce n'est que le soir du 16 décembre que le duo a jeté le container dans un ravin boisé et isolé, repéré via internet aux Monts-de-Corsier (VD). Le lendemain, père et fille mettait en scène le suicide de leur victime en abandonnant son auto au bord du Rhône. 'C'était à mon instigation', affirme l'accusé. Et le soir même, la fille du couple annonçait la disparition à la gendarmerie.

/ATS