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M. Chakib Benmoussa

La Commission Benmoussa, unique et bénévole !

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M. Chakib Benmoussa, président de la Commission royale de réflexion sur le nouveau modèle de développement a reçu, dimanche 8 décembre en son domicile de Rabat, la presse écrite et électronique pour sa première et réelle sortie médiatique.

M. Benmoussa, qui occupe toujours le poste d’ambassadeur du Royaume en France, a donc voulu exposer à la presse la philosophie et le modus operandi d’une commission dont on connaît, depuis le discours royal du 29 juillet dernier, le mandat et les objectifs.

Et c’est avec une assurance tranquille et des convictions bien étayées que le président de cette commission, qui suscite bien des commentaires, des supputations, mais aussi nombre de fake news, a exposé la feuille de route de cette institution à tout le moins unique et originale dans le paysage officiel.
En effet, selon les dires de M. Benmoussa, les membres de cette instance seront incessamment nommés par le Souverain et appartiendront à une structure jusque-là inconnue dans notre pays.

Gratos et sans cadeaux…

Ils travailleront sous le régime du bénévolat, ne disposeront donc ni d’émoluments, ni d’avantages en nature pour une mission à tous points de vue exceptionnelle.
Ces experts, venus de tous les horizons, économique, sociétal, culturel, académique, etc., seront désignés pour leurs expérience, capacité intellectuelle, connaissances dans leurs domaines réciproques et, comme l’exprime le mandat royal confié à M. Chakib Benmoussa, ils devront rendre leur copie au Souverain avant la fin du mois de juin 2020.

Ils auront le loisir de procéder à des auditions, à des concertations, des entretiens avec des personnalités individuelles, des groupements professionnels, des partis politiques, des organisations syndicales, des ONG de la société civile, voire les membres du gouvernement et les parlementaires.

Ce mandat de moins de sept mois, (à la date d’aujourd’hui), se décomposera en deux grandes articulations.
La première sera de dresser un état des lieux, sans fard, ni complaisance, afin d’avoir une vision précise et globale de tous les dysfonctionnements, insuffisances, lacunes qui nécessitent, justement, un regard neuf pour la préconisation des correctifs nécessaires qui s’insèreront néanmoins dans la trajectoire globale de l’action publique.

La Commission royale agira donc dans l’objectif de proposer un nouveau modèle de développement « maroco-marocain », inspiré de la réalité nationale, s’appuyant sur les réformes déjà réalisées ou actuellement entreprises, avec comme cadre global les principes énoncés par la Constitution du 1er juillet 2011.

Ces experts, issus des secteurs public et privé, opérant au Maroc même ou à l’étranger, auront pour mission la définition de ce modèle donc, avec, comme seconde partie du mandat royal, l’obligation de présenter des projets précis d’actions et de réformes pour l’ensemble des situations analysées, à mettre en œuvre, dans un délai aussi court que possible.

Pour cela, la Commission s’appuiera notamment pour ses réflexions, sur la vaste littérature déjà produite par nombre d’acteurs, (partis, ONG, société civile, organisations professionnelles, départements ministériels, etc.), qui ont planché depuis deux années maintenant, sur leur vision de ce nouveau modèle de développement proposé par le Roi Mohammed VI lors du Discours du Trône de Juillet 2017.

Un vade-mecum complet et consensuel

Cette feuille de route, qui, comme l’a précisé spécifiquement le président de la commission, n’aura pas vocation de planification, sera néanmoins précise et détaillée et portera sur un large éventail d’actions dans des domaines et secteurs essentiels.

Avec l’objectif de répondre et satisfaire les attentes pressantes des couches défavorisées, de réduire les disparités spatiales souvent criantes, mais aussi de redonner aux classes moyennes des conditions de vie qu’elles ont perdues au cours des dernières années, M. Benmoussa et ses pairs travailleront avec célérité pour l’urgence face à une situation économique peu reluisante, et un climat social pour le moins tendu.

Nul doute, d’ailleurs, que dans ce registre, le président de la commission royale ne saurait ignorer des phénomènes sociaux, amples et nouveaux, qui caractérisent aujourd’hui nombre de pays aux quatre coins de la planète.

Algérie, Liban, Irak, Hong Kong, Pérou, Chili ou même France, sont secoués par des mouvements sociaux parfois violents, qui refusent la paupérisation et la marginalisation, la morgue des puissants et des possédants, nées incontestablement des conséquences de la crise financière et économique entamée en 2007.

Et c’est par une critique fondée du modèle libéral dans ses moutures actuelles et des avatars de la mondialisation qu’expriment aujourd’hui la montée des populismes et les guerres commerciales entre grandes puissances que M. Chakib Benmoussa exprime l’objectif de la construction d’un modèle consensuel pour « un référentiel d’actions pour l’avenir ».

Et, pour donner encore plus de force à son propos, tout en balayant d’un revers de main la remarque sur un « mal » bien marocain, celui de la « commissionnite », le président de la commission mentionne l’exemple réussi de la commission royale sur la révision de la Moudouwana, intervenue dans un contexte tendu d’oppositions entre forces politiques et représentations sociales, les unes favorables, les autres hostiles à la mise en place d’un nouveau Code de la Famille.

La Commission Boucetta, mandatée par le Roi Mohammed VI, avait réussi dans sa démarche consensuelle, permettant, in fine, un meilleur statut juridique pour la Femme marocaine, la Loi sur la nationalité, etc.

C’est ce modèle qui inspirera sans nul doute la commission royale pour un nouveau modèle de développement qui, outre la liquidation des béances sociales, exprimées notamment par des secteurs sinistrés comme la Santé, l’Éducation, l’Emploi, la Formation, s’attèlera aux enjeux de l’avenir (voire du présent), comme les nouvelles technologies et la révolution qui les caractérise au service d’une jeunesse lasse d’espérer.

Et, last but not least, la dernière tâche qui lui incombera avant de plier bagage, sera de proposer des mécanismes institutionnels de suivi permettant d’évaluer les actions et réformes qu’elle aura proposées.

Devant cette masse de travail qui attend cette commission dans un laps de temps réduit et qui, numériquement parlant, ne devrait pas dépasser la quinzaine de membres, l’assurance tranquille et fondée de Chakib Benmoussa est en soi, un premier gage concret de réussite future.

C’est ce qu’il faut lui souhaiter, pour notre peuple et notre pays.

Fahd YATA