Je suis une maudite féministe

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Je n’étais pas née lorsqu’est survenue la tuerie de Polytechnique. Pourtant, tous les 6 décembre, je ressens toute la peur que représente le fait d’être une femme. Être femme, c’est dangereux. Cela peut même être mortel.

Hélène Colgan, Sonia Pelletier, Anne-Marie Edward, Anne-Marie Lemay, Annie St-Arneault, Annie Turcotte, Barbara Daigneault, Barbara Klucznik-Widajewicz, Geneviève Bergeron, Nathalie Croteau, Michèle Richard, Maud Haviernick, Maryse Leclair, Maryse Laganière. Ce ne sont pas que 14 noms. Ce sont les noms de 14 femmes tuées le 6 décembre 1989.

Malgré le travail de nos arrières grands-mères, de nos grands-mères et de nos mères, l’égalité entre hommes et femmes n’est pas chose faite. 

Si on ne sait pas ça, il est difficile de décrier des injustices, car chaque femme peut être tentée de croire que le problème, c’est elle. Le problème n’est pas individuel, il est collectif.

J’ai vécu ma fibre féministe en cachette. Maintenant, ce n’est plus le cas. J’ai choisi de ne plus avoir peur.

Une haine toujours présente

C’est la première fois que l’on reconnaît officiellement la tuerie de Polytechnique comme étant un féminicide.

Qu’est-ce qu’un féminicide ? Il s’agit du meurtre d’une femme, de plusieurs femmes ou de jeunes filles directement lié à leur identité de genre. On les tue parce qu’elles sont des femmes.

Chaque année, au Québec, 12 femmes sont tuées par leur conjoint ou leur ex-conjoint. 

Au Canada, une femme est tuée tous les 6 jours par un partenaire intime.

En 2017, dans le monde, 87 000 femmes ont été tuées de manière intentionnelle, selon l’ONU.

Chaque minute, le féminicide se poursuit à l’échelle de la planète. Et je ne vous parle pas de toutes les fois où l’on tue la parole des femmes, leur désir de réaliser leurs ambitions, de se libérer de leur charge mentale.

Je suis femme et quand on est femme, on sait ces choses-là, surtout le 6 décembre.