Une campagne publicitaire provocatrice

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Les groupes de défense des locataires misent sur un message cru dans leur nouvelle campagne publicitaire, qui sera lancée sur le web et à la radio lundi.  

«Peut-être que demain, ça ira mieux. Mais aujourd’hui, mon toit, c’est de la marde», est-il entonné dans le jingle, qui se veut un pastiche de la chanson «Aujourd’hui, ma vie c’est d'la marde», popularisée en 2012 par la chanteuse Lisa LeBlanc.  

Au-delà de cette ritournelle provocatrice, la publicité dénonce l’insalubrité et la hausse du prix des loyers.  

«Avec le prix du loyer, on m’prend pour une conne», entend-on aussi au cours de la publicité, toujours sur l’air de Lisa LeBlanc, qui a d’ailleurs consenti à ce que son succès soit repris pour cette cause.  

L’Association des groupes de ressources techniques du Québec (AGRTQ), le groupe derrière cette initiative, est consciente que le ton peut déranger, mais croit que cette stratégie était nécessaire.  

«Les gens disent que c’est choquant, mais on croit que les conditions dans lesquelles les gens vivent sont encore plus choquantes. Il fallait attirer l’attention», a défendu Éric Cimon, directeur général de l’AGRTQ.  

M. Cimon a tenu à rappeler entre autres que 196 000 ménages québécois consacrent plus de 50% de leurs revenus à leur loyer, alors que le taux idéal est fixé à 30%. En tout, plus de 240 000 foyers habitent dans un appartement soit trop cher, soit trop petit, soit insalubre.  

«Le gouvernement a laissé ça aller depuis dix ans. Là, ça prend un sérieux coup de barre», a souligné Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, qui participe également à cette offensive publicitaire d’une ampleur sans précédent pour ces organismes.  

Des objectifs précis  

Pour rattraper le retard du Québec, le FRAPRU et l'AGRTQ demandent au gouvernement Legault de créer un minimum de 5000 unités de logements sociaux et communautaires chaque année, et ce, pendant cinq ans.  

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si cette campagne publicitaire débute au moment même où les fonctionnaires s'activent pour la préparation du prochain budget. Ce n'est pas non plus fortuit si cette publicité débarque sur les ondes radiophoniques juste avant le temps des Fêtes  

«On veut aussi conscientiser le public à cette réalité. Et on sait qu'avec le temps des Fêtes, les gens ont une conscience plus développée pour ces problèmes. Ils donnent beaucoup pour les paniers de Noël, mais il n'y aurait pas autant de banques alimentaires si les logements étaient abordables», raisonne Éric Cimon de l'AGRTQ, qui n'a fait affaire avec aucune agence publicitaire.