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Crédits : Tang Hai/Protein & Cell

Ils ont fait naître deux hybrides porcs-singes

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Une équipe de chercheurs chinois a récemment fait naître deux hybrides porcs-singes. Les petits n’ont malheureusement vécu qu’une semaine.

Chaque année, des dizaines de milliers de patients meurent de défaillance d’organes, faute de donneurs. Pour pallier à ce manque, certains chercheurs envisagent l’idée de faire pousser des organes à l’intérieur de corps d’animaux pour ensuite les transplanter chez les humains.

De premières tentatives ont été faites. En 2010, Hiromitsu Nakauchi, aujourd’hui à l’Université de Stanford en Californie (États-Unis), avait créé des souris avec des pancréas de rats. En 2017, une équipe du Salk Institute en Californie avait de son côté injecté des cellules humaines dans des embryons de porcs. Mais l’expérience avait été un désastre. On ne comptait qu’une cellule humaine pour un million de cellules porcines, et les travaux avaient dû être interrompus après un mois pour des raisons éthiques.

C’est pourquoi les chercheurs du laboratoire d’État des cellules souches et de biologie reproductive de Pékin (Chine) ont cette fois utilisé des cellules de singe, plutôt que des cellules humaines. Et ils viennent d’annoncer avoir mis au monde il y a quelques semaines plusieurs porcelets dont une partie des cellules appartiennent à des macaques crabiers. Les détails de leurs travaux ont été publiés dans la revue Protein & Cell.

Des petits morts au bout d’une semaine

Pour cette première expérience de “chimères porcs-singes”, le chercheur Tang Hai et son équipe ont génétiquement modifié des cellules de macaques en croissance. Ils ont ensuite isolé environ 4 000 cellules souches embryonnaires puis les ont injectées dans des embryons de plusieurs truies quatre jours après la fécondation. Une dizaine de porcelets ont finalement réussi à naître, dont deux étaient des chimères.

Chez ces deux petits cochons, plusieurs tissus – y compris le coeur, le foie, les poumons, la rate et la peau – étaient en partie constitués de cellules de singe (entre une sur 1 000 et une sur 10 000).

Malheureusement, tous les petits sont morts au bout d’une semaine. Autrement dit, les deux bébés chimériques et les huit autres. Le fait qu’aucun de ces animaux n’ait survécu laisse à penser que cela pourrait être lié au processus de fécondation in vitro (FIV) plutôt qu’à l’expérience en elle-même. En effet, la FIV est une procédure plus risquée chez les animaux que chez les humains.

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Des chercheurs veulent faire croître des organes humains dans les animaux en vue de transplantations. Crédits : birgl/Pixabay

Malgré ces résultats compliqués (efficacité chimérique encore très faible et décès de tous les animaux), les chercheurs ambitionnent de poursuivre leurs expériences.

L’étape suivante sera d’essayer de mettre au monde des porcelets dotés d’un ou plusieurs organes composés presque entièrement de cellules de primates. En cas de succès, comme expliqué plus haut, l’idée serait alors de pouvoir développer des organes humains chez les animaux pour la transplantation. Mais avant d’en arriver là, il reste encore beaucoup, beaucoup de travail.

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