Ukraine : 5000 manifestants appellent leur président à ne pas céder face à la Russie

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Les manifestants ont répondu à l'appel notamment du parti de l'ex-président Petro Porochenko.SERGEI SUPINSKY AFP or licensors

5000 Ukrainiens se sont réunis dimanche à Kiev pour avertir leur président, Volodymyr Zelensky, de la « ligne rouge » à ne pas dépasser, à savoir la « capitulation » face à Moscou. Les présidents ukrainien et russe doivent se rencontrer aujourd’hui à Paris pour aborder la question du Donbass.

Environ 5000 manifestants ont appelé dimanche à Kiev le président ukrainien Volodymyr Zelensky à ne pas céder à la pression de Moscou à la veille d’une rencontre avec Vladimir Poutine lors d’un sommet sur le conflit ukrainien à Paris. Les manifestants, qui ont répondu à l’appel notamment du parti de l’ex-président Petro Porochenko, se sont réunis dans le centre de la capitale ukrainienne pour ce rassemblement baptisé « Des lignes rouges pour Zelensky ».

Le gaz russe pèse dans la balance

Des militants du parti d’extrême droite Svoboda étaient aussi présents, de nombreux participants brandissant des pancartes sur lesquelles était écrit « Non à la capitulation », « Gaz russe – la corde autour du cou ». « Notre position est très simple, c’est notre position commune: ne croyez pas Poutine, après tout le mal qu’il a fait à l’Ukraine. Notre deuxième position est un conseil ferme: n’ayez pas peur de Poutine », a déclaré Petro Porochenko au cours de cette action.

Environ 2000 protestataires se sont ensuite rendus devant le bureau présidentiel en début de soirée pour continuer la manifestation. « J’ai peur des résultats (du sommet). Je n’attends rien de bon de notre président parce que c’est une personne faible (…) J’ai peur qu’il vende les intérêts de l’Etat », a déclaré Anna Gnylytska, une agricultrice de 47 ans venue de la région de Zaporijia (sud-est). « En échange du gaz bon marché que la Russie peut proposer, Zelensky peut faire des concessions sur la question du Donbass et de son statut », estimait de son côté Oleksandre Zoubtchenko, un retraité de 61 ans.

« Des attentes exagérées »

La nouvelle Eglise orthodoxe ukrainienne, qui a obtenu il y a un an son indépendance de la tutelle religieuse de Moscou, a annoncé qu’elle observerait dimanche une journée de prières pour « une paix juste et la victoire de notre peuple et notre Etat ». Volodymyr Zelensky a justifié vendredi sa rencontre avec le président russe, assurant que « la seule chose » dont il avait peur était de ne pas obtenir de résultat. « De quoi aurais-je peur? Je suis le président d’un pays libre. Je ne vends pas notre pays, jamais, à personne et pour rien. La vérité est de notre côté », a-t-il déclaré lors d’une émission télévisée. Sa porte-parole Ioulia Mendel a elle estimé dimanche que « les attentes exagérées » autour de ce sommet pouvaient « apporter un arrière-goût de frustration », tout en dénonçant « le scepticisme et les peurs (qui) amènent les gens à manifester contre une capitulation fictive ». 

Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine se retrouvent lundi à Paris, leur premier rendez-vous sous une médiation franco-allemande, pour relancer les pourparlers de paix sur l’est de l’Ukraine, où la guerre entre Kiev et des séparatistes pro-russes commencée il y a plus de cinq ans a fait plus de 13 000 morts. L’Occident et l’Ukraine accusent Moscou de financer et d’armer les rebelles, ce que la Russie nie. Ce sommet est très attendu après trois ans de paralysie des négociations au plus haut niveau, même si aucune percée réelle n’est espérée.