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Alexander De Croo (Open VLD), le Vice-premier ministre et ministre des Finances
© DIRK WAEM - BELGA

A l'Open VLD, une direction et des militants partagés sur l'aventure arc-en-ciel

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Le bureau politique de l'Open VLD est l'un des lieux scrutés ce lundi. Sa présidente Gwendolyn Rutten réunit ses troupes à un moment crucial. Cet après-midi, l'informateur royal Paul Magnette doit se rendre au palais pour remettre au Roi son troisième rapport.

A côté des thèmes qui seront évoqués (emploi, bien-être, climat…), le rapport fera la synthèse des rapprochements entre les partis. Sur toutes les lèvres, une question agite les états majors des partis politiques et les observateurs: un gouvernement arc-en-ciel est-il possible ? Entendez par là, un gouvernement réunissant les familles socialistes, libérales et écologistes. 

La direction de l'Open VLD tentée par l'aventure arc-en-ciel

Les deux négociateurs de l'Open VLD ne font pas beaucoup de mystère sur le positionnement du parti dans le cadre de la mission d'information royale. La cheffe des libéraux flamands Gwendolyn Rutten et Alexander De Croo, le Vice-premier ministre et ministre des Finances, envoient des signaux clairs à Paul Magnette.

C'est ainsi qu'il y a une semaine, les deux libéraux flamands ont participé, en toute discrétion, à une réunion réunissant l'informateur royal et les six partis d'un éventuel gouvernement arc-en-ciel (PS, SP.A, MR, Open VLD, Ecolo, Groen). Tant pis si cela fâche leurs partenaires au gouvernement flamand, le CD&V et la N-VA.

Face aux critiques, la direction du parti s'est justifié en déclarant qu'il est normal de se rendre à une réunion à laquelle on est invité. Avant de rappeler que l'Open VLD est suffisamment grand pour savoir ce qu'il a à faire. A bon entendeur salut ! Depuis lors, à son tour, Paul Magnette envoie des signaux clairs à l'Open VLD, en rendant sa note un peu plus bleue.

Les doutes des militants

Mais ce soutien de la direction de l'Open VLD à Paul Magnette n'est pas partagé par l'ensemble des libéraux flamands. Dans certaines sections locales, ça grouille et on s'interroge sur ce qui peut bien motiver la direction de l'Open VLD à vouloir voler de ses propres ailes, quitte à fâcher les deux partis frères au gouvernement flamand.

Les médias du nord du pays font état de tensions et de divisions entre la direction du parti et sa base. Des militants se demandent si leur parti n'est d'ailleurs pas entrain de se saborder. Faire cavalier seul dans une Flandre dominée par la N-VA et le Vlaams Belang est effectivement risqué pour un parti qui ne pèse déjà plus que 12 sièges (après en avoir perdu 2 aux élections du 26 mai) à la Chambre des représentants.

Une position relayée par le bourgmestre de Courtrai, Vincent Van Quickenborne, et le chef de groupe à la Chambre, Egbert Lachaert, qui participent au bureau du parti. Les deux hommes répètent que la note de Paul Magnette n'est pas assez bleue et que le parti ne doit pas se lancer dans une telle aventure. Mais ces deux voix sont bien minoritaires au sein du bureau politique des libéraux flamands. Car la présidente Gwendolyn Rutten semble avoir réussi à convaincre les autres ténors du parti à la suivre dans cette aventure. 

L'élection présidentielle en toile de fond

Personne au sein des états majors politiques ne s'avance néanmoins sur l'issue de la mission de l'informateur royal Paul Magnette. Rien n'est effectivement fait, et ne parlez surtout pas de formation de gouvernement! "Nous n'y sommes pas", répètent en chœur les négociateurs.

De son côté, le CD&V affirme qu'une mission doit désormais être confiée à Bart De Wever dans la mesure "où il est le premier parti de Flandre". Un avis que ne partage pas la direction de l'Open VLD. Elle sait qu'une telle mission conduirait à un pourrissement de la situation. "La N-VA a tenté quelque chose avec le PS cet été et cela n'a rien donné", nous glisse-t-on du côté des libéraux flamands.

Mais une autre raison explique l'empressement de Gwendolyn Rutten. En mars prochain, l'Open VLD élira son nouveau chef. Gwendolyn Rutten passera le relais. Dès janvier, le parti sera donc au cœur d'une campagne interne, qui fera forcément passer les discussions fédérales au second plan. Si elle veut donc aboutir dans ce chantier fédéral, Gwendolyn Rutten n'a donc plus que quelques semaines devant elle. Reste à voir, au fil du temps, si ce pari sera gagnant pour tout le parti, de sa direction à sa base.