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Fait-on trop de césariennes ?

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Autrefois, la césarienne était utilisée en dernier recours. Aujourd’hui très pratiquée, cette opération est désormais une norme. Qu’est-ce qui justifie cette popularité ? Quels sont les risques ? Magicmaman a rencontré le professeur Philippe Deruelle, gynécologue-obstétricien.

D'environ 20 %, le taux de césariennes varie selon les maternités. Aujourd'hui, des voix s'élèvent en France pour réduire leur fréquence. Explications du professeur Philippe Deruelle, gynécologue-obstétricien.

Presque une naissance sur cinq se déroule par césarienne, c'est beaucoup non ?

Jusque dans les années 1990, le taux a beaucoup augmenté mais il est stable depuis 2005, à environ 20 %. Les croyances selon lesquelles la césarienne serait plus facile et moins risquée qu'un accouchement par voie basse expliquent que certains obstétriciens optent pour cette intervention (pour un siège par exemple) par crainte de poursuites médico-légales. Néanmoins, notre taux de césarienne est relativement bas par rapport aux Etats-Unis (31,3 % en 2010) et à la Grande-Bretagne (24,8 %).

Quand la césarienne est-elle nécessaire ?

Elle peut être décidée en fin de grossesse lorsque le placenta recouvre entièrement le col de l'utérus (placenta praevia). Ou, dans certains cas, lorsque le fœtus se présente en siège complet (assis en tailleur), en transverse ou par le front, en cas de prématurité et de retard de croissance. Une césarienne peut également être recommandée en cours de travail quand il y a des anomalies du rythme cardiaque fœtal, lorsque la dilatation du col stagne ou que la mère est épuisée.

Comment diminuer le nombre de césariennes ?

Il faut bien informer les mères dès le début de la grossesse pour qu'elles ne considèrent pas la césarienne programmée comme une option de confort ! Si le médecin a parlé d'une possible césarienne, il lui sera ensuite très difficile de revenir en arrière. Il est nécessaire aussi que les obstétriciens fassent des efforts pour diminuer le nombre de césarienne pour siège (cela ne doit plus être systématique), en proposant à la future mère une version par manœuvre externe. Cette dernière consiste à essayer de replacer le fœtus tête en bas. Concernant la césarienne en urgence pour anomalie du rythme cardiaque fœtal, on sait aujourd'hui mieux évaluer le niveau d'oxygénation du bébé et donc l'éventualité d'une intervention. Un deuxième avis médical permet parfois d'y renoncer mais c'est difficile à mettre en pratique. Par ailleurs, il a été montré que la présence du père diminue le taux de césarienne en urgence.

Y a-t-il des risques à subir une césarienne ?

Si c'est nécessaire dans certains cas et permet de sauver la mère et l'enfant, pratiquer une césarienne pour un accouchement à bas risque les expose à des dangers inutiles. Ce n'est pas une intervention anodine ! Elle augmente le risque infectieux, hémorragique et de phlébite chez la mère. Et les chances de mettre en place un allaitement maternel sont un peu moins bonnes. Les bébés, eux, ont plus de problèmes respiratoires et d'hypothermies. Contrairement aux idées reçues, le stress du passage dans les voies génitales est utile ! De plus, selon de récentes études, la colonisation du bébé par les germes du vagin lors de l'accouchement serait déterminante pour son futur microbiote intestinal (les micro-organismes de l'intestin). Ce dernier joue un rôle important dans l'immunité et donc dans la survenue de certaines pathologies (diabète, asthme).