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Jean-Frédéric Chibret, neveu d'Henri Chibret, fondateur de Théa, a pris la présidence du groupe en 2008. © MARQUET Frédéric

Poids lourd de l’activité pharmaceutique en Auvergne, les laboratoires Théa rayonnent bien au-delà de Clermont-Ferrand

Les laboratoires Théa, spécialisés dans l’ophtalmologie et poids lourd de l’activité pharmaceutique en Auvergne, ont commandé une étude indépendante mesurant leur impact économique réel, direct et indirect, en France, depuis leur base de Clermont-Ferrand. Pour mieux apprécier leur influence et faire passer un message.

Les laboratoires Théa, créés il y a vingt-cinq ans, ont conquis en toute indépendance une place de choix sur le marché des soins ophtalmologiques. Dans la lignée historique d’une saga familiale qui remonte à 1875, Henri Chibret a fait prospérer cette entreprise avant de transmettre le flambeau à son neveu, Jean-Frédéric Chibret, en 2008.

Aujourd’hui, Théa s’affirme comme leader hexagonal du secteur, affiche un chiffre d’affaires consolidé 2018 de 525 millions d’euros, est présent dans soixante-dix pays et possède une trentaine de filiales. Le groupe emploie près de 1.400 personnes dans le monde, dont 410 en France (370 à son siège situé rue Blériot, à Clermont-Ferrand). Il est donc entendu qu’en un quart de siècle, la société est devenue un poids lourd auvergnat.

Mais son impact dans l’Hexagone est plus grand encore que ce qu’indiquent ces chiffres bruts. Théa a souhaité mesurer cette influence le plus finement possible en commandant une étude spécifique au cabinet indépendant BIPE-BDO Advisory, basée sur des référentiels internationaux reconnus.

1.900 emplois générés en France

« Le G5 Santé (*), dont nous faisons partie, avait commandé une étude comparable sur son périmètre global. Nous nous sommes dit qu’il serait intéressant de le faire pour Théa. Il s’agissait d’avoir une cartographie précise de notre activité, qui est peu intégrée verticalement, et donc de son impact direct et indirect. Nous essaierons de la mettre à jour tous les deux ou trois ans », explique le P-DG, Jean-Frédéric Chibret.

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Théa emploie près de 1.400 personnes dans le monde, dont 370 à Clermont-Ferrand.

Le résultat, en termes d’emplois, est spectaculaire. En 2018, l’activité de Théa a représenté 1.900 emplois en France, soit un effet multiplicateur de 2,6. En plus des 410 emplois directs, ce total inclut les 1.067 emplois indirects, via la sous-traitance aux façonniers (561 emplois), prestataires de services (300) et autres (196), et encore 421 emplois induits par son implantation. 60 % de ces emplois (1.190) sont localisés en Auvergne-Rhône-Alpes et 32 % (610) dans le seul Puy-de-Dôme.

Contribution multipliée par 3,5 depuis 2010

Plus de la moitié des emplois indirects, que l’on retrouve chez les fournisseurs, sont directement liés à l’activité de Théa, via les quatorze façonniers auxquels l’entreprise a recours dans l’Hexagone (61 % dans la seule Ardèche).

Les données de l’étude concernant la contribution de Théa à la richesse nationale (PIB) sont un peu moins palpables (234 millions d’euros au total dont 114 de contribution directe) mais ce qui est parlant est l’évolution de cette contribution, multipliée par 3,5 depuis 2010 et reflétant la forte croissance du chiffre d’affaires France de Théa.

Sur l’activité globale, l’étude démontre aussi qu’au total, 70 % des produits commercialisés par Théa dans le monde (dans 70 pays), sont fabriqués en France et que 72 % du chiffre d’affaires sont générés par des produits issus de l’innovation, et donc du minutieux travail de recherche mené dans les laboratoires clermontois (dix ans en moyenne sont nécessaires pour mettre au point et lancer un produit).

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En vingt-cinq ans, Théa a proposé environ une nouveauté par an.

La régulation des prix en question

Une capacité d’innovation que la régulation des prix en vigueur dans le secteur pourrait entraver, prévient Jean-Frédéric Chibret. « Cette régulation, très marquée depuis 2010, est exigeante pour notre modèle économique, qui localise en France la recherche et une grande partie de la production. Il s’agit de technologie de pointe, de production en mode stérile, etc. Il n’y a pas d’harmonisation des prix au niveau européen alors que les procédures de mises sur le marché, elles, sont unifiées. Sur des produits d’usage courant, c’est en France que les prix sont les plus bas. Si on continue, se posera la question de maintenir la production ici. »

Et de rappeler qu’en ophtalmologie, 65 % des dépenses de la sécurité sociale concernent les pathologies de la rétine, soit 170.000 patients, alors que le reste, soit des millions de patients, est pris en charge avec des prix bas. « Il faut aussi soutenir les produits de tous les jours, que prescrivent les ophtalmos », plaide Jean-Frédéric Chibret, faute de quoi, les produits les plus anciens, dont on a toujours besoin mais sur lesquels les laboratoires ne feraient plus de marge suffisante, « pourraient disparaître ».

(*) Le G5 Santé regroupe huit acteurs majeurs de l’industrie pharmaceutique française : BioMérieux, Guerbet, Ipsen, LFB, Pierre Fabre, Sanofi, Servier, Théa.

Patrice Campo
Photos Frédéric Marquet

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