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La chaîne s’est donné les moyens de ses ambitions : un budget de 17 millions d’euros, en partenariat avec Netflix, un lancement digne d’une superproduction, un scénario bien ficelé et un casting impressionnant.© TF1

« Le Bazar de la Charité » : le succès inattendu de TF1

La saga historique, qui se termine ce lundi, a fait un carton d'audience inespéré en dépassant les 8 millions de téléspectateurs. Bientôt d'autres séries ?

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À TF1, on n'en espérait pas tant : la grande fiction Le Bazar de la Charité, qui s'appuie sur un fait divers dramatique de la fin du XIXe siècle, a littéralement explosé les compteurs ces dernières semaines avec une audience moyenne de 6,5 millions de téléspectateurs, un score qui dépasse les 8 millions en prenant en compte le replay – des chiffres à comparer avec les programmes phares de la chaîne comme Good Doctor ou The Voice, qui tournent autour des 4,5 millions de fidèles en moyenne. Mieux encore : si l'on ajoute les audiences de TF1 séries films, la série franchit la barre des 9 millions de téléspectateurs en une semaine pour les premiers épisodes. Ce qui fait du Bazar de la Charité la fiction de TF1 la plus populaire de ces quatre dernières années.

Le pari n'était pas gagné : une saga historique peut rebuter plus d'un téléspectateur et reste bien plus lourde à réaliser que d'autres séries, notamment en termes de décors et de costumes. Sans compter l'image vieillotte que le genre pouvait susciter : après les grandes adaptations des années 2000, comme Le Comte de Monte Cristo et Les Misérables sur TF1, ou Les Rois maudits, sur France 2, les chaînes ont privilégié les séries contemporaines, américaines puis françaises, sociétales ou policières, très en vogue dernièrement.

L'effet Downton Abbey

Mais les succès récents des séries Downton Abbey et de The Crown ont fini par remettre le genre au goût du jour… « Cela a relancé l'intérêt pour les séries historiques, c'est vrai, admet Anne Viau, la directrice artistique de la fiction sur TF1. Mais on surtout eu envie de renouer avec le genre quand on nous a proposé ce projet, il y a quatre ans. On a été séduits d'emblée par l'histoire et la modernité portée par l'intrigue, avec notamment sa dimension féministe. La série n'a rien à voir avec le genre ampoulé et patrimonial que les téléspectateurs ont pu parfois connaître. »

Du coup, la chaîne s'est donné les moyens de ses ambitions : un budget de 17 millions d'euros, en partenariat avec Netflix qui diffusera la série sur sa plateforme, un lancement digne d'une superproduction avec avant-première au Grand Rex, un scénario bien ficelé qui mêle le terrible fait divers de 1897 – l'incendie d'une vente de charité – à plusieurs destins de femmes, et un casting impressionnant avec mention spéciale pour l'excellente performance de Josiane Balasko, en vieille teigne de la haute, et l'humoriste Stéphane Guillon, dans un rôle à contre-emploi comme chef de la sûreté. Les puristes ont trouvé quelques anachronismes et de grandes libertés prises avec les faits réels, mais il faut bien plaire au plus grand nombre à une heure de grande écoute…

3 000 figurants

Au final, l'argent se voit à l'écran : des costumes de belle facture, 3 000 figurants qui remplissent l'écran et une saga tournée le plus souvent en décor naturel, notamment sur les bords de Seine, près de l'île Saint-Louis, le parc Monceau ou encore devant le musée Marmottan, donnant un vrai relief à l'ensemble. Le succès s'explique également par les résonances entre cette histoire et les débats actuels autour de la condition féminine ou la manipulation politique : le drame de l'incendie finit par faire exploser les carcans dans lesquels les héroïnes sont enfermées, sur fond de thriller policier. Les ficelles sont parfois grosses, mais la série a également été conçue pour être vue à l'international.

Cet engouement annonce-t-il d'autres grandes sagas en costumes ? Après tout, l'histoire de France est tellement riche qu'il suffit de gratter nos archives pour y découvrir de formidables intrigues… « Nous avons plusieurs projets en cours, des period drama dans la veine du Bazar de la Charité, confirme Anne Viau qui ne souhaite pas en dire plus. Mais au-delà de la fiction, ce type de production donne un signe fort et prouve que la production française peut rivaliser avec les réalisations anglaises ou américaines ». France Télévisions n'est pas en reste et prépare plusieurs miniséries sur de Gaulle, Voltaire, un biopic de Diane de Poitiers et même un thriller dans les Années folles, La Garçonne, avec Laura Smet à l'affiche… L'Histoire a le vent en poupe !