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Chiara Ferragni.© IMAGO/Gioia Botteghi

Chiara Ferragni : un ego en or

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Sa mission : vendre du rêve. En mettant en scène sa vie sur Instagram, l’influenceuse et styliste italienne a construit un empire. Elle vient de produire Chiara Ferragni. Unposted, un documentaire à sa gloire.

Paris Match. Vos 17,7 millions d’abonnés ont fait de vous, en dix ans, un phénomène mondial. Pourquoi ce documentaire alors qu’à 32 ans vous avez déjà tout ?
Chiara Ferragni. J’y tenais vraiment. Cette heure trente explore toute ma vie : mon enfance, la manière dont je me suis construite, dont j’ai construit ma marque, la famille que j’ai créée avec mon mari, Fedez [star italienne du rap, leur union a fait d’eux les Beckham italiens, NDLR]. J’avais l’impression qu’on ne me connaissait pas totalement jusqu’ici.

Delphine Arnault, membre du conseil d’administration de LVMH, Maria Grazia Chiuri, la directrice artistique de Dior, ou la créatrice Diane von Fürstenberg ne tarissent pas d’éloges sur vous. Les voyez-vous comme des modèles ?
Pour moi, oui, ce sont des exemples. Elisa [Amoruso, la réalisatrice du documentaire] tenait à ce qu’elles soient présentes. J’aime leur point de vue, qu’elles parlent de féminité ou encore des efforts que les femmes doivent faire pour s’imposer. J’ai été très touchée par leurs témoignages et ce qu’elles disaient de moi dans le film.

Vous y assénez que le monde de la mode, que vous qualifiez de snob, n’a pas toujours été tendre avec vous. Votre franc-parler, est-ce l’autre raison de votre succès ?
Certainement. À l’époque à laquelle nous vivons, l’honnêteté paie plus que tout. Je refuse de me censurer.

En déclarant que nul n’a besoin d’un partenaire pour réussir, vous parlez aussi à bon nombre de femmes, toutes générations confondues…
J’espère être une source d’inspiration. J’ai l’intime conviction qu’on peut aller loin quand on croit en ses rêves et qu’on bosse dur pour y arriver – c’est mon cas. Je suis viscéralement attachée à ce documentaire. Je pleure chaque fois que je le vois ! [Elle rit.]

Il faut l’accepter : les influenceurs font partie intégrante de notre société.

Vous êtes une pionnière dans votre domaine, grâce à ce qui n’était à la base qu’un blog, The Blonde Salad. Le magazine Forbes vous a élevée, cette année, au rang d’ »influenceuse du luxe la plus puissante au monde ». Que répondez-vous aux sceptiques qui vous voient comme un phénomène éphémère ?
L’arrivée des réseaux sociaux a permis à beaucoup de diffuser leur image, leur opinion, au point d’en faire leur métier – chose impensable avant. Nous avons tous envie d’être prescripteurs, d’avoir des followers, d’obtenir cette forme de légitimité, de raconter une belle histoire sans pour autant l’inventer. Je ne me contente plus d’incarner les marques avec lesquelles je travaille. Désormais, elles font appel à moi comme consultante dès la conception de leurs campagnes ou de leurs produits. Il faut l’accepter : les influenceurs font partie intégrante de notre société.

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This weekend at the mountains ❤️

Vous avez développé votre propre marque, Chiara Ferragni Collection, aujourd’hui traitée comme un cas d’étude à l’université de Harvard. Pourquoi ?
J’aime être considérée avant tout comme une entrepreneuse digitale. J’ai toujours souhaité viser haut, par défi personnel. J’essaie de faire tout avant tout le monde, à ma sauce.

Si vous deviez choisir parmi tous un moment synonyme de succès ?
Sans hésiter, la présentation du documentaire à la Mostra de Venise en septembre dernier. Le tapis rouge, c’était magique ! Le film a fait un carton en salle en Italie, beaucoup ont pleuré en le voyant. J’ai la chair de poule chaque fois que j’y repense.

Même si vos détracteurs ont trouvé l’exercice biaisé ?
Les critiques italiens ont jugé que c’était de l’autopromo. Ça l’est, bien sûr, dans la mesure où je suis la commanditaire du film et son principal sujet. Nous aurions aimé montrer un autre point de vue, mais nous n’y sommes jamais arrivés.
Fabio Maria Damato [son bras droit et directeur général, présent durant l’interview au même titre que d’autres membres du staff de Chiara]. Nous avons tout fait pour que ceux qui n’aiment pas son travail nous expliquent pourquoi. Ils avaient carte blanche, nous étions prêts à leur montrer les enregistrements. Tous se sont débinés !

Fedez vous a demandée en mariage lors d’un de ses concerts à Vérone. Votre union, relayée sur Instagram grâce au hashtag #TheFerragnez [patronyme de leur couple], a généré des millions de likes et des millions de dollars de revenus pour certaines marques avec lesquelles vous collaborez…
La télé italienne, entre autres, nous avait proposé une belle somme pour retransmettre la cérémonie en exclusivité. Mon mari et moi étant devenus ce que nous sommes grâce au Net, nous ne voulions pas imposer ça à nos proches. Nous nous sommes contentés de laisser les invités présents poster tout ce qu’ils voulaient de la cérémonie sur leurs propres réseaux sociaux, ce qui a donné lieu à un buzz hallucinant. J’ai assisté à des mariages dont on ne pouvait rien montrer pour des questions de confidentialité, j’ai toujours trouvé ça super étrange.

J’adore mon boulot. J’ai vraiment le sentiment de faire quelque chose qui a du sens.

On vous voit à Los Angeles, votre mari et vous, promener votre fils, Leone, sans aucun garde du corps. La normalité, à ce stade de notoriété, c’est encore possible ?
À L.A., oui. Les gens sont tellement relax, là-bas ! Ils sont habitués à croiser des personnes bien plus célèbres que nous. J’y ai vécu cinq ans, jusqu’à la naissance de mon fils, en 2018. J’y ai encore une maison, j’y retourne régulièrement. Mais je me sens foncièrement européenne. Et encore plus italienne. Je suis très attachée à ma famille, mes amis. D’où mon retour à Milan.

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Dans le documentaire, votre mari évoque la possibilité d’une année sabbatique pour vous deux. Faut-il y croire ?
Il dit ça quand il est crevé, dans ces moments-là il veut se recentrer sur notre famille. Je trouve ça mignon, mais je ne pourrais pas m’arrêter pour le moment : pas parce que je suis accro à l’argent ou à la célébrité, mais parce que j’adore mon boulot. J’ai vraiment le sentiment de faire quelque chose qui a du sens.

Le film s’ouvre sur une scène où vous vous faites percer le téton. Vous avez révélé que vous aviez eu un problème de placenta durant votre grossesse. Que reste-t-il à découvrir de vous ?
Mes parts d’ombre, difficiles à retranscrire en ligne. Mon public ne connaît que 30 à 40 % de ce que je suis. Le documentaire permettra peut-être d’en savoir plus. Il n’y a rien, en fin de compte, que je tienne à garder pour moi. Je partage à peu près tout de ma vie, le bon comme le moins bien.