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Quel avenir pour l'anglais dans l'Union européenne ?
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Quel avenir pour l'anglais dans l'Union européenne ?

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Si Boris Johnson obtient une majorité, il a promis de quitter l’Union européenne, avec comme nouvelle échéance pour le Brexit le 31 janvier 2020. Mais si le Brexit a lieu, quel sera l’avenir de l’anglais dans l’Union européenne ?

La question se pose parce que l’anglais, au fil, du temps, est devenu la langue habituelle au sein de l’Union européenne. Logique : elle est omniprésente dans le monde et donc aussi en Europe. Concrètement, il y a trois langues de travail utilisées au sein de la commission et du conseil européen : l’anglais, le français et l’allemand.

Le règne anglais

Mais c’est bel et bien l’anglais qui est le plus fréquemment utilisé et au sein de la banque centrale, qui a son siège à Francfort, en Allemagne et dont la présidente est depuis peu la française Christine Lagarde, l’anglais règne sans partage : c’est la seule langue utilisée. Seule exception : la cour de Justice européenne de Luxembourg délibère en français.

Et puis il y a le Parlement qui est une véritable tour de Babel. Au nom de l’égalité entre les citoyens européens et leurs représentants, chacun a le droit de parler et d’être lu dans une des 24 langues officielles de l’Union européenne ce qui fait travailler les traducteurs.

24 langues donc, mais c’est là qu’il y a un petit souci pour l’anglais. Car en dehors du Royaume-Uni François, y a-t-il à votre avis un autre pays qui a l’anglais comme langue officielle ?

L’Irlande comme unique représentant ?

En Irlande, tout le monde ou presque parle anglais, mais pas seulement : il y a une seconde langue officielle, le Gaëlique. Et comme avec les Britanniques, l’anglais était déjà langue de l’union européenne, l’Irlande a renseigné le gaélique comme langue officielle.

God damned !

L’Irlande n’est donc pas une solution pour l’anglais. Et le problème se répète avec le second pays anglophone de l’Union européenne mais qui a une autre langue nationale et c’est cette langue-là qui est sa langue officielle de l’Union européenne…

Malte comme dernier ressort ?

Et oui Malte, cette petite île a fait partie de l’empire britannique pendant plus d’un siècle et demi : l’anglais il y a donc droit de cité mais aux côtés de la langue d’origine de l’île, le maltais.

Bref, en résumé, à cause du maltais et du gaélique, si les Britanniques s’en vont, plus aucun pays n’aura l’anglais comme langue officielle de l’Union européenne.

Pour autant, le départ des Britanniques ne signifie pas que l’anglais perde automatiquement son statut de langue officielle : pour qu’il en soit ainsi, il faudrait un vote à l’unanimité des pays de l’union européenne. Ce qui ne sera évidemment pas le cas.

L’anglais not so popular ?

L’anglais ne sera donc plus la langue maternelle qu’un nombre très réduit d’Européens…

Aujourd’hui, avec les Britanniques, 14% des Européens ont l’anglais pour langue maternelle. Demain, avec les seuls Irlandais et Maltais, ils ne seront que 1%. Très loin derrière l’allemand, le français, l’italien et l’espagnol. La question paraît dès lors légitime : faut-il garder l’anglais comme langue de travail quasi exclusive de l’Union ou bien le Français et l’allemand vont-ils reprendre du poil de la bête ?

Not so fast

Le souci pour le français et encore plus l’allemand, c’est qu’ils sont rarement parlés comme langue étrangère par les citoyens de l’Union européenne.

Et là réside tout le paradoxe. L’anglais est quelque peu devenu le latin du 21e siècle. Il est loin d’être maîtrisé par tout le monde mais quand on parle une langue étrangère, c’est d’abord et avant tout l’anglais, même si c’est de manière très imparfaite c’est pourquoi on parle parfois de "globish" ou comme on dit parfois "broken english" ou anglais d’aéroport, un jargon très éloigné de l’anglais académique. Pour ceux qui travaillent dans les institutions européennes, la maîtrise de l’anglais est sensiblement plus élevée.

Mais dans les deux cas, c’est un peu la même conclusion : les Européens peuvent-ils, après le Brexit, se priver de communiquer en anglais puisque c’est souvent la manière la plus commode de se comprendre, y compris au sommet de l’Union… La question sera en suspens au moins jusqu’à fin janvier…